Blog 30.05.2015 - GrandTerrier

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Le César Birotteau du Cleuyou

« Sur ces données, les honnêtes gens de l’arrondissement le nommèrent capitaine de la garde nationale ...  », César Birotteau, Honoré de Balzac

Comme nous l'avons évoqué la semaine dernière : Guillaume-François Le Guay, né en 1773 à Tessy en plein bocage normand, a été un valeureux militaire de carrière de 1790 à 1804. Mais le 19 Novembre 1804 (28 Brumaire de l'an 13), en casernement avec son régiment à Quimper pour la défense des côtes et la lutte contre les chouans et réfractaires, il se marie avec une riche héritière. Il faut dire que Quimper n'étant pas une véritable ville de garnison, nombreux étaient les militaires, et surtout les officiers, qui étaient hébergés chez l'habitant, et de ce fait de nombreux mariages sont célébrés.

L’idylle la plus célèbre de la région est celle de Louise du Bot du Grego, domiciliée au château de Trévarez en Laz, avec Lazarre Hoche, chef de toutes les armées de Brest et de Cherbourg. Après la mort du général en septembre 1797, la jolie marquise va convoler en juste noces avec Michel Louis Bonté, chef du 81 régiment, futur général et baron d'empire, compatriote normand de Guillaume Le Guay. Et les sorts des deux hommes s'en trouvent un peu liés au niveau familial : « Le régiment se trouvant en garnison dans le département du finistère, Mr Bonté y contracta un mariage avec une très riche propriétaire du pays. Le sieur Leguay y fit également connaissance avec une famille très honnête dans laquelle il avait l'espérance de faire un mariage avantageux ».

Les deux hommes se connaissent depuis longtemps : « la bonne intelligence a établi l'amitié et même l'intimité entre les deux compatriotes, Bonté et Leguay ». Mais en 1804 les choses vont changer : « M. Bonté semble avoir oublié tous les bons sentiments qui l'avoient si souvent animé pour le sieur Leguay, tous les bons témoignages qu'il avait rendus de lui, pour vexer et persécuter son compatriote et son plus ancien compagnon d'armes ».

En janvier 1805 le colonel Bonté écrit à son ministre de la guerre : « Monsieur Leguai, prolonge son congé sans aucune autorisation et ne donne pas de ses nouvelles, il est de mon devoir, Monseigneur, de vous en instruire ». En effet en juillet 1804 Le Guay a obtenu un congé de 3 mois de la part du ministre, lequel congé s'est expiré quelques jours avant son mariage. Du coup il n'a qu'une seule issue : démissionner pour raisons familiales, pour éventuellement réintégrer l'armée plus tard. Le souci est que le colonel se braque, et obtient un refus hiérarchique de la démission, et donc le pauvre Leguay est considéré comme déserteur.

Le mariage avantageux de Guillaume Le Guay est réel, car son beau père Vincent Mermet, marchand de draps et important négociant quimpérois, est très riche, et sa fille Cécile est l'unique héritière. À la mort de son beau-père, non seulement ils hériteront du manoir du Cleuyou, de la métairie et du moulin, mais également sur Quimper deux maisons rue Keréon et deux rue St-François, et aussi sur Ergué-Gabéric les métairies de Coutilly et de Kervreyen.

En février 1831, soit 27 ans après son mariage et Guillaume adresse une supplique au roi Louis-Philippe pour être rétabli dans ses droits et grade militaire : « l'heureuse occasion qui m'amène aujourd'hui devant vous pour demander la réparation d'une injustice commise à mon égard ». Il supplie sa Majesté « de vouloir bien me rendre mon ancien grade de capitaine dans la nouvelle organisation municipale qui va remplacer la gendarmerie, à la destination spéciale de Quimper ». Cette nouvelle organisation étant la réactivation de la Garde Nationale qui avait été dissoute en 1827 et qu'il a connue à Paris en 1790

Pour comprendre le parallèle avec le héros balzacien  : « 1804 - Mariage et démission du capitaine Guillaume-François Leguay »

Billet du 31.05.2015