1804 - Mariage et démission du capitaine Guillaume-François Leguay - GrandTerrier

1804 - Mariage et démission du capitaine Guillaume-François Leguay

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§ E.D.F.

L'histoire de la démission de Guilaume Le Guay pour raisons familiales et de son conflit avec sa hiérarchie militaire au travers des documents d'un dossier conservé au SHAT (Service Historique de l'Armée de Terre) à Vincennes.

Merci à Michel Le Guay pour nous avoir fait connaître ces documents relatifs à son ancêtre, ainsi que ses travaux généalogiques sur les familles Bréhier, Mermet et Le Guay.

Autres lectures : « Guillaume-François Le Guay (1773-1861), garde national et capitaine de grenadiers » ¤ « 1790-1804 - Les campagnes militaires du capitaine Guillaume-François Le Guay » ¤ « 1798 - Expédition d'Irlande et libération du capitaine Guillaume François Leguay » ¤ « Archives du Cleuyou » ¤ « Les Le Guay (1804-1917), châtelains du Cleuyou au 19e siècle » ¤ « Les Mermet, propriétaires du manoir du Cleuyou et de Kervreyen » ¤ 


[modifier] 1 Présentation

De 1790 à 1804 Guillaume-François Le Guay, né en 1773 à Tessy en plein bocage normand, a été un valeureux militaire de carrière : à 16 ans dans la Garde Nationale de Paris, puis gendarme à Coutances, capitaine dans la 9e demi-brigade de la Manche, engagé volontaire dans l'armée de la révolution, blessé en 1793 lors du siège de Granville, sélectionné en 1798 pour l'expédition d'Irlande, capitaine de grenadiers dans la 81e demi-brigade (puis régiment de ligne), participant aux campagnes d'observation du midi en Italie.

Mais le 19 Novembre 1804 (28 Brumaire de l'an 13), en casernement avec son régiment à Quimper pour la défense des côtes et la lutte contre les chouans et réfractaires, il se marie avec une riche héritière. Il faut dire que Quimper n'étant pas une véritable ville de garnison, nombreux sont les officiers militaires hébergés chez l'habitant, et de ce fait de multiples mariages sont célébrés.

L’idylle la plus célèbre de la région est celle de Louise du Bot du Grego, domiciliée au château de Trévarez en Laz, avec Lazarre Hoche, chef de toutes les armées de Brest et de Cherbourg. Après la mort du général en septembre 1797, la jolie marquise va convoler en juste noces avec Michel Louis Bonté, chef du 81 régiment, futur général et baron d'empire, compatriote normand de Guillaume Le Guay. Et les sorts des deux hommes s'en trouvent un peu liés au niveau familial : « Le régiment se trouvant en garnison dans le département du finistère, Mr Bonté y contracta un mariage avec une très riche propriétaire du pays. Le sieur Leguay y fit également connaissance avec une famille très honnête dans laquelle il avait l'espérance de faire un mariage avantageux ».

Les deux hommes se connaissent depuis longtemps : « la bonne intelligence a établi l'amitié et même l'intimité entre les deux compatriotes, Bonté et Leguay ». Mais en 1804 les choses vont changer : « M. Bonté semble avoir oublié tous les bons sentiments qui l'avoient si souvent animé pour le sieur Leguay, tous les bons témoignages qu'il avait rendus de lui, pour vexer et persécuter son compatriote et son plus ancien compagnon d'armes ».

En janvier 1805 le colonel Bonté écrit à son ministre de la guerre : « Monsieur Leguai, prolonge son congé sans aucune autorisation et ne donne pas de ses nouvelles, il est de mon devoir, Monseigneur, de vous en instruire ». En effet en juillet 1804 Le Guay a obtenu un congé de 3 mois de la part du ministre, lequel congé s'est expiré quelques jours avant son mariage. Du coup Guillaume n'a qu'une seule issue : démissionner pour raison familiale pour éventuellement réintégrer l'armée plus tard. Le souci est que le colonel se braque, et obtient un refus hiérarchique de la démission, et donc le pauvre Leguay est considéré comme déserteur.

Le mariage avantageux de Guillaume Le Guay est réel, car son beau père Vincent Mermet, marchand de draps et important négociant quimpérois, est très riche, et sa fille Cécile est l'unique héritière. À la mort de son beau-père, non seulement ils hériteront du manoir du Cleuyou, de la métairie et du moulin, mais également quatre maisons rue Keréon et rue St-François à Quimper, et aussi les métairies de Coutilly et de Kervreyen en Ergué-Gabéric. Une vraie fortune à gérer.

Le colonel Bonté avait sans doute raison en affirmant : « le sieur Leguay est sur le point de faire un mariage avantageux qui ne pourra se conclure que lorsqu'il sera dégagé de l'état militaire », c'est-à-dire disposer de son temps pour gérer ses biens et sa fortune. C'est finalement ce qu'il fera, en prenant néanmoins un emploi de « receveur des impôts indirects » à la régie départementale des droits réunis (corps d'administration impériale créé en 1804).

 

En février 1831 Guillaume adresse carrément une supplique au roi Louis-Philippe pour être rétabli dans ses droits et grade militaire : « l'heureuse occasion qui m'amène aujourd'hui devant vous pour demander la réparation d'une injustice commise à mon égard ». Il supplie sa Majesté « de vouloir bien me rendre mon ancien grade de capitaine dans la nouvelle organisation municipale qui va remplacer la gendarmerie, à la destination spéciale de Quimper ».

Cette nouvelle organisation étant la réactivation de la Garde Nationale qui avait été dissoute en 1827 et qu'il a connue à Paris en 1790, Guillaume Le Guay n'attend même pas la réponse royale, qui sera positive, en signant avec beaucoup d’aplomb avec un trait en courbe à côté de son nom  : « commandant de la garde nationale de Quimper ».

César Birotteau
César Birotteau
Cette réintégration nous fait penser à l'emblématique personnage de César Birotteau d"Honoré de Balzac : « Sur ces données, les honnêtes gens de l’arrondissement le nommèrent capitaine de la garde nationale, mais il fut cassé par Napoléon qui, selon Birotteau, lui gardait rancune de leur rencontre en vendémiaire. César eut alors à bon marché un vernis de persécution qui le rendit intéressant aux yeux des opposants, et lui fit acquérir une certaine importance. »

Remplaçons Napoléon par le baron Michel Louis Bouté, et nous avons l'histoire de Guillaume Le Guay, châtelain du Cleuyou, ex capitaine de grenadiers.

[modifier] 2 Transcriptions

2. Liasse dossier démission

2e division. Bureau de l'Infanterie. Leguay Guillaume, capitaine au 81e Régiment.

Décision du 16 pluviose an 13 (5 Février 1805) qu'il considère comme ayant abandonné son emploi.

5. Lettre de Leguai

Demande de révocation, de remplacement, et demande de remplacement en activité.

A son Excellence le Ministre de la guerre [1], Monseigneur;

Guillaume François Leguai, fils d'un propriétaire estimé du département de la Manche, âgé de 31 ans, est entré volontairement, à l'âge de 16 ans, dans la garde nationale soldée de Paris ; revenu dans son département, à l'âge de 18 ans, il a servi volontairement un an dans la Gendarmerie Nationale de Coutances ; et a ensuite été nommé capitaine du 9e bataillon de la Manche, dont était chef Mr Bonté, actuellement colonel du 81e régiment d'infanterie de ligne ; la bonne intelligence a établi l'amitié et même l'intimité entre les deux compatriotes, Bonté et Leguay ; ils ont partagé les dangers de la guerre de la révolution, et ont avancés successivement l'un en grade et l'autre en ancienneté, puisqu'il est maintenant le plus ancien capitaine de 1ère classe du même régiment.

Le sieur Leguay a toujours joui de l'estime et tous ses supérieurs, de l'amitié de tous ses camarades, et de l'attachement et de l'obéissance la plus aveugle de tous ses subordonnés.

Le régiment se trouvant en garnison dans le département du finistère, Mr Bonté [2] y contracta un mariage avec une très riche propriétaire du pays. Le sieur Leguay y fit également connaissance avec une famille très honnête dans laquelle il avait l'espérance de faire un mariage avantageux, mais le régiment étant parti subitement pour rejoindre l'armée qui a vaincu à Maringo, le sieur Leguay a obtenu un congé et a contracté à Quimper le mariage projetté dans le moment où se faisai(en)t les grandes promotions à Paris.

§ Cet établissement ayant outrepassé le terme du congé ...

En conséquence supplie Votre Excellence de lui accorder son remplacement dans son même grade, pour y recueillir les fruits naturels de quinze ans de service et se dévouer encore à son pays.

Il vous présente, Monseigneur, ses salutations les plus respectueuses. (signature Leguai) chez M. Dulucé, rue Colbert à la Bibliothèque Nationale.

6. Lettre n° 2 suite à révocation

Demande de révocation, de remplacement, et demande de remplacement en activité.

A son Excellence le Ministre de la guerre [1], Monseigneur;

Guillaume François Leguai, capitaine de grenadiers au 81e régiment d'infanterie, âgé de 31 ans, qui a servi honorablement, et sans interruption depuis le 7 septembre 1790, ainsi qu'il est certifié par son brevet du 3 prairial an onze (23 Mai 1803) dont la copie est ci-jointe ; jouissant de l'estime de ses supérieurs, de l'amitié de ses camarades et de ses subordonnés se reposait sur ses services, pour obtenir de l'avancement ; mais se trouvant en congé dans le département du finistère pour y conclure un mariage avantageux, au moment des grandes promotions ; il a été fort étonné, en rejoignant son régiment, de recevoir, des mains de son colonel, une lettre de vous, par laquelle vous ordonnez son remplacement pour avoir outrepassé son congé. Le sieur Leguai a obéi, mais il a fait de suite le voyage de Paris pour réclamer auprès de Votre Excellence , la révocation de cette décision rigoureuse et son remplacement dans le même grade pour recueillir les fruits de quinze années de service et se dévouer encore à son pays.

Il présente à Votre Excellence ses salutations les plus respectueuses. (Signature Leguai) chez Mr Delacé, rue Colbert à la Bibliothèque Nationale n° 280.


7. Lettre de démission

Je soussigné Guillaume François Leguay capitaine des grenadiers au 1er bataillon du 81e régiment d'infanterie de ligne ...

invite les citoyens membres composant le Conseil d'administration dudit régiment de vouloir bien accepter et faire accepter par le Ministre la démission que je donne de mon grade de capitaine de grenadiers audit corps. Des intérêts de famille et les circonstances actuelles nécessitant de moy ce sacrifice devenu nécessaire au bonheur de marié et ne me permettant pas de parcourir plus longtemps la carrière militaire.

A Besançon, le 1er messidor an 13 (20 Juin 1805). Leguai.

7bis. Réception de la démission

Le sieur Leguay offre la démission de son emploi de capitaine au 81e régiment, motivée sur des intérêts de famille et sur des circonstances qui l'obligent à faire ce sacrifice nécessaire à son bonheur.

Le colonel en priant le Ministre d'accepter cette démission déclare que le sieur Leguay est sur le point de faire un mariage avantageux qui ne pourra se conclure que lorsqu'il sera dégagé de l'état militaire.

Cet officier, né à Tessy (Manche), sert de 1790.
Capitaine le 11 septembre 1793.

Il est ainsi noté dans la revue impériale de l'an 11 : « Instruction, bravoure, moralité, susceptible d'avancement, est propre pour être membre du nouveau Conseil ».

N° 3. Démission refusée. Congé de 3 mois. Avis le 29 vendémiaire..

8. Lettre du ministre

2e Division. Infanterie. Paris le 7 ventose an 13 (26 Février 1805).

Le Ministre [1] à M. Leguay capitaine au 81e régiment d'infanterie.

Sur le compte qui m'a été défendu, Monsieur vous avez outrepassé de trois mois le congé qui vous a été accordé, j'ai décidé que vous seriez considéré comme ayant abandonné votre emploi et qu'il seroit pourvu à votre remplacement.

Au colonel du 81e régiment d'infanterie

Sur le compte que vous m'avez rendu, Monsieur, que le sieur Leguay capitaine au régiment que vous commandez négligeoit depuis plus de trois mois de se rendre à son poste, j'ai décidé que cet officier seroit considéré comme ayant abandonné son emploi et qu'il seroit pourvu à son remplacement.

Vous voudrez bien vous conformer à cette décision et faire parvenir au sieur Leguay la lettre que vous trouverez ci-jointe.

9. Lettre du conseiller d'état

Liberté. Egalité. Milan le 4 floréal an 13 (24 Avril 1805)

J.G. Lacuée [3], conseiller d'Etat, Présidence de la section de la guerre à Monsieur le Maréchal de l'Empire, ministre de la guerre.

Monsieur le Maréchal [1]

J'ai l'honneur de vous soumettre un mémoire que vous adresse Mr Le Guay ex capitaine au 81e régiment d'infanterie, à l'effet d'obtenir la réintégration dans son grade. Les circonstances qui ont donné lieu à son remplacement me semblent de nature à mériter quelque indulgence en faveur de cet officier. Si comme j'ai l'honneur de vous en prier, vous avez la bonté d'ordonner qu'il soit fait un rapport de cette affaire, j'espère que prenant en considération les anciens services de Mr Leguay et déterminé par les témoignages avantageux qui doivent se trouver dans vos bureaux sur son compte, vous le jugerez encore digne de la confiance et prendrez une décision qui lui facilitera les moyens de rentrer dans la carrière militaire et d'y donner de nouvelles preuves de son dévouement à la patrie et à sa Majesté l'Empereur.

J'ai l'honneur, Monsieur le Maréchal, de vous saluer. (signature J.G. Lacuée [3])

10. Rapport au ministre

2e Division. Bureau de l'Infanterie. Ministère de la guerre. Rapport fait au Ministre [1] le 16 Pluviose an 13e (2 Février 1805).

Le colonel du 81e régiment rend compte au ministre que le congé de 3 mois accordé au sieur Leguay, capitaine à ce corps, est expiré du 15 brumaire dernier (6 Novembre 1804) ; que cet officier prolonge cette permission sans autorisation et ne donne aucune de ses nouvelles.

Il ajoute que ce capitaine sous prétexte de l'offre de cette démission qui n'a pas été acceptée, reste absent du corps où il met des entraves à l'avancement demandé par des camarades et il prie son Excellence de vouloir bien lui donner des ordres à l'égard de cet officier.

Ce militaire âgé de 30 ans est né à Tessy, département de la Manche, est entré au service le 7 septembre 1790. Capitaine le 11 septembre 1793.

 

10. Suite du rapport au ministre

Il est ainsi noté dans la revue de l'an 11 : "Instruit, bravoure, moralité ; susceptible d'avancement, est proposé pour être membre du nouveau conseil".

Note de l'an 12 par l'inspecteur général Menard : "Est en congé du ministre, demande de démission".

Il a été donné avis au sieur Leguay du refus d'accepter sa démission et de prolonger son congé de trois mois expiré le 15 brumaire dernier (6 Novembre 1804).


Cet officier ayant, avec connaissance de cause, négligé, depuis trois mois, de rejoindre son corps auquel il ne donne aucune de ses nouvelles, on propose à Monsieur Le Maréchal de décider que le capitaine sera considéré comme ayant abandonné son emploi et qu'il sera pourvu à son remplacement. (signatures)

11. Lettre du colonel Bonté

Paris le 28 nivose an 13e (18 Janvier 1805)

Le colonel du 81e régiment d'infanterie de ligne au ministre de la guerre [1]. Monseigneur,

J'ai l'honneur de vous rendre compte que Mr Leguai, capitaine au régiment que je commande, et qui avait obtenu de vous un congé de trois mois sans appointements, lequel congé est expiré du 15 brumaire dernier (6 Novembre 1804), n'a pas [...] rejoint le régiment ; cet officier avait demandé sa démission à Monsieur le Maréchal, et d'après les notes favorables que je lui avais prudemment données, Son excellence, avait refusé de l'accepter.

Aujourd'hui, Monsieur Leguai, prolonge son congé sans aucune autorisation et ne donne pas de ses nouvelles, il est de mon devoir, Monseigneur, de vous en instruire, et également utiles au bien des service, qu'il soit prononcé définitivement sur le sort de cet officier qui abuse de vos bontés, et qui sous le prétexte d'une démission demandée reste absent d'un corps où il met des entraves à l'avancement réclamé par ses camarades.

Je vous prie de me donner vos ordres relativement à M. Leguai et vous assure du plus respectueux dévouement avec lequel j'ai l'honneur d'être.

Monseigneur, votre très humble et très obéissant subordonné, (signature Bonté [2]).

12. Lettre du major

Bureau. Infanterie. Empire français. A Besançon, le 7 pluviose an 13 (27 Janvier 1805).

Joannis, major du 81e régiment d'infanterie de ligne et membre de la Légion d'honneur. A son Excellence Monseigneur le ministre de la guerre [1]. Monseigneur.

J'ai l'honneur de vous rendre compte que le sieur Leguay, capitaine au régiment, auquel vous avez eu la bonté d'accorder, le 28 messidor an 12 (17 Juillet 1804), un congé de trois mois, sas solde, n'a pas encore rejoint le corps.

Cet officier, dont la permission est expirée depuis le 18 brumaire dernier (9 Novembre 1804) n'a point donné de ses nouvelles, il parroit, au contraire, persister dans sa résolution première de faire accepter la démission qu'il a présentée et qui vous a été adressée par le colonel, par une absence volontaire.

La place du capitaine de 1ère classe, que le sieur Leguay occupe dans le régiment étant vacante, je vous prie, Monseigneur, de prononcer sur sa démission, afin qu'il soit procédé à son remplacement.

J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur. (signature Joannis).

13. Lettre du ministre

Minute de la lettre écrite par le Ministre [1] le 25 vendémiaire an 13 (17 Octobre 1804) à M. Legay capitaine au 81e.

Vous m'avez offert, Monsieur, la démission de votre emploi de capitaine au 81e.

Dans les circonstances actuelles où la présence de tous les officiers instruits est devenue un devoir indispensable, le gouvernement vous [...] avec peine abandonner votre poste.

Je vous préviens que je ne peux [...] votre démission.

14. Lettre de Leguai

Quimper, le 13 fructidor an 12 (31 Août 1804)

A son excellence le maréchal Bertier ministre de la guerre.

Le Guay capitaine de la 1ère compagnie de grenadiers au 81e régiment d'infanterie. Monseigneur,

J'ai profité du congé que vous avez bien voulu m'accorder par votre lettre en date du 28 messidor dernier (17 Juillet 1804).

A mon arrivée dans mes foyers je n'ai fait que me confirmer de plus en plus dans l'opinion que ma présence était indispensablement nécessaire dans ma famille.

Après avoir tout fait pour tâcher de continuer à être utille à ma patrie dans le métier des armes, j'ai acquis la certitude de ne pouvoir le faire sans compromettre une fortune, et même une [...] agréable qui m'était refusée. Enfin, Monseigneur, après de [...] réflections, après avoir pesé les conséquences qui pouvaient résulter du sacrifice que je lui contraint de faire, je vous prie de vouloir bien accepter la démission de mon grade de capitaine que j'ai eu l'honneur de vous faire passer dans le courant de messidor dernier.

Croyez, Monseigneur, que les motifs et les engagements [...] ont pu seuls me guider dans cette démarche. Recevez mes salutations les plus respectueuses. (signature Leguai).

14bis. Réception de la démission

Le sieur Leguay offre la démission de son emploi de capitaine au 81e régiment d'Infanterie, il annonce que son arrivée dans ses foyers (le ministre lui a accordé un congé de 3 mois lors de sa 1ère demande de démission), il a de plus en plus reconnu l'indispensable nécessité de rester dans sa famille.

Le colonel en adressant la première demande à déclarer que le sieur Leguay était sur le point de faire un mariage avantageux qui ne pourra se conclure que lorsqu'il sera dégagé de l'état militaire.

Cet officier, né à Tessy (manche) sert de 1790.
Capitaine le 11 septembre 1793.

Il est ainsi noté dans la revue impériale de l'an 11 : « Instruction, bravoure, moralité, susceptible d'avancement, est propre pour être membre du nouveau Conseil ».

N° 3. Démission refusée. Avis le 25 vendemiaire.

18. Demande de réintégration adressée au roi

Leguay, ancien capitaine et ex receveur des impôts indirects.

29 [...] le 25 février 1831. Maintenu dans sa positon militaire le 17 mars 1831.

Sire [4],

Je profite de l'heureuse occasion qui m'amène aujourd'hui devant vous pour demander la réparation d'une injustice commise à mon égard.

Capitaine au 9ième bataillon de la Manche en 1793, puis ensuite capitaine des grenadiers au 81e régiment de ligne j'ai fait toutes les campagnes de la révolution, tant à l'armée de l'ouest qu'à celle d'observation du midi en Italie, dans l'intervalle qui s'est écoulé depuis ce tems jusqu'en 1803, époque où j'ai quitté le service pour me marier et me fixer à Quimper (finistère).

Dans ma carrière militaire je ne crains pas de dire que j'ai mérité l'estime et l'affection de mes chefs et de tous mes camarades.

Entré ensuite dans l'administration des droits réunis, j'y étais receveur à Quimper lorsque je reçus à la date du 28 février 1816 une lettre du contrôleur principal, que je possède encore en original, et qui portaient textuellement :

« Monsieur le directeur général, d'après les rapports qui lui sont parvenus des opinions politiques que vous avez manifestées, vient, Monsieur, de prononcer votre révocation. »

Depuis cette destitution je n'ai fait aucune démarche auprès d'un gouvernement antipathique à la France.

Mais aujourd'hui, Sire [4], que le tems de la justice est venu, je demande de nouveau à servir mon pays, auquel j'espère rendre encore quelques services.

Je supplie votre Majesté [4] de vouloir bien me rendre mon ancien grade de capitaine dans la nouvelle organisation municipale qui va remplacer la gendarmerie, à la destination spéciale de Quimper. Il me serait bien doux d'occuper ce poste de confiance au milieu de mes concitoyens qui me connaissent et je me flatte d'y trouver de nombreuses occasions de justifier la confiance dont vous avez bien voulu m'honorer.

De votre Majesté [4], Sire, le très humble et très dévoué serviteur, Le Guay, commandant de la garde nationale de Quimper et membre de la députation de l'a[...]

[modifier] 3 Originaux

Lieu de conservation :

  • SHAT de Vincennes (Services Historiques de l'Armée de Terre).
  • Cote 2Ye2448 (Dossiers d'officiers supérieurs et subalternes, 18ème-20ème siècle).
 

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[modifier] 4 Annotations

  1. Louis-Alexandre Berthier (1753-1815), prince de Neuchâtel et Valangin, prince de Wagram, est un militaire français du XIXe siècle. Berthier participe sous ses ordres aux campagnes d'Italie et d'Égypte et soutient le coup d’État du 18 brumaire. Sous le Consulat, il reçoit le portefeuille du ministère de la Guerre qu'il conservera jusqu'en 1807. Lors de l'instauration du régime impérial en 1804, Napoléon l'élève à la dignité de maréchal d'Empire puis l'anoblit en le faisant prince de Neuchâtel et Valangin en 1806. [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7]
  2. Michel Louis Joseph Bonté (1766-1836), est un militaire français des XVIIIe et XIXe siècles. Passé dans la 12e demi-brigade de première formation, en 1794, il servit aux armées de l'Ouest et d'Angleterre de l'an II à l'an VIII, et fut nommé chef de brigade le 1er frimaire an V pour sa conduite à l'affaire de Quiberon. Proche de Hoche qui l'apprécie, il fait la connaissance de sa maîtresse Louise du Bot du Grégo qu'il épouse après la mort de Lazare Hoche. De retour à l'armée d'Italie, il reçut le 6 août 1811 le brevet de général de brigade. [Ref.↑ 2,0 2,1]
  3. Jean-Girard Lacuée (1752-1841), comte de Cessac, est un militaire et homme politique français, ministre de l'administration de la guerre sous Napoléon et pair de France. [Ref.↑ 3,0 3,1]
  4. Louis-Philippe Ier (1773-1850), est un roi français, second à avoir régné sur la France avec le titre de « roi des Français », le premier étant Louis XVI. Son règne : du 9 août 1830 au 24 février 1848. [Ref.↑ 4,0 4,1 4,2 4,3]


Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens

Date de création : mai 2015    Dernière modification : 25.07.2015    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]