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[modifier] Garde nationale de commune de France

Billet du 29.09.2018 - « Ils furent donc un peu étonnés d'entendre certains groupes crier : « Vive Déguignet », autant que je fus moi-même, attendu que quelques mois avant, tout le monde me jetait des pierres. », J.-M. Déguignet, Histoire de ma vie - L'intégrale des Mémoires d'un paysan bas-breton, p. 379

Dans ses mémoires, J.-M. Déguignet a abordé les sujets de la période après la chute de Napoléon III, du nouveau gouvernement de Thiers pas vraiment républicain et de la guerre extérieure contre les Prussiens et intérieure contre la Commune de Paris.

Dans ces années 1870-71, on peut se demander pourquoi le paysan bas-breton a si peu parlé dans ses mémoires des insurgés parisiens de 1871 et développé le thème de la défection militaire d'une part et la laborieuse victoire attendue des Républicains d'autre part.

Mais, ses critiques acerbes contre l'Empire de Napoléon III et la Gouvernement de Thiers, sa candidature rejetée de « républicain libre-penseur » au poste de capitaine des gardes nationaux de sa commune d'Ergué-Armel, et enfin son évocation de la grève générale des ouvriers montrent ses convictions que n'auraient pas désapprouvé les communards de 1871.

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La chute de l'Empire suite au plébiscite de renforcement des pouvoirs de Napoléon III et sa défaite militaire à Sedan ne sont pas une surprise pour Déguignet : « Enfin cette guerre ont tous les résultats que j'avais prédits au moment du plébiscite : l'effondrement de l'Empire et la ruine de la France.  »

Mais, à son grand regret, le nouveau gouvernement reste monarchiste, et non républicain comme il l'aurait souhaité : « ces députés avaient nommé le vieux Thiers président, oh ! ils ne disaient pas président de la République, ce mot leur faisait trop d'horreur, mais président du gouvernement provisoire en attendant l'arrivée du roy Henry V ».

Et de plus le gouvernement est défaitiste face à « cette guerre qui était virtuellement terminée, attendu que toute l'armée était partie en Prusse ou en Suisse » et est réduite à payer les indemnités de guerre : « cette première chambre n'avait été nommée que pour régler les comptes avec Bismarck et Guillaume ».

Certes, la décision est prise de créer une garde nationale dans toutes les communes de province. À Ergué-Armel où il réside, Déguignet est même porté candidat malgré lui au poste de capitaine, mais l'élection par le maire tourne à la farce : « "Puisque c'est ainsi, qu'il y a deux candidats je vais voir lequel aura la majorité : que ceux qui veulent Déguignet passent à gauche et ceux qui veulent Le Feunteun à droite ! ". Il y eut alors un curieux mouvement de chassé-croisé. Les uns passaient volontairement d'un bord à l'autre, d'autres se laissèrent traîner puis revenaient encore de l'autre côté. ». Ce n'était qu'une comédie ou une parodie : « jamais ni capitaine, ni soldats n'auraient rien à faire pour cette guerre ... il n'y avait plus un fusil, ni une cartouche à nous donner. » Si Déguignet avait élu capitaine, peut-être aurait-il contribué à créer un mouvement insurrectionnel quimpérois a l'instar de la garde nationale parisienne ralliée à la Commune !

L'insurrection des communards est évoquée par Déguignet par cette allusion à la destruction de la maison de Thiers :   « cette as-

 

semblée dite nationale lui vota un million soixante mille francs soi-disant pour réparer son hôtel brûlé par la Commune ». Certes l'hôtel d'Adolphe Thiers est bien démoli sur ordre du Comité de salut public, mais il ne fut pas incendié comme les Tuileries et l'Hôtel de ville. Par contre, Déguignet est bien au fait des événements quant aux conditions de reconstruction de l'immeuble.

Une deuxième allusion à la Commune est cette date du 18 mars 1871  : « Plusieurs fois depuis 1789, les coquins ont voulu faire marcher cette armée contre le peuple comme ... au 18 mars, mais ils n'ont pas osé ». Ce jour-la marque le début du soulèvement des révolutionnaires parisiens contre Adolphe Thiers qui veut leur retirer leurs armes et leurs canons.

Et enfin Déguignet fait un exposé sur les bienfaits de la Révolution, comme s'il regrettait que les Communards aient été massacrés par l'armée versaillaise en mai 1871 : « Les ouvriers réclament depuis longtemps une grève générale, et peut-être une révolution, qui est la meilleure chose que ce peuple berné, exploité et volé pourrait désirer ... Dans une révolution, il n'a rien à perdre que sa misère et ses chaînes, tandis qu'il a tout à gagner. »

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En savoir plus : « Empire, garde nationale et Commune de Paris en 1870-71 pour Jean-Marie Déguignet »