Blog 25.04.2021
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[modifier] Chaudière à vapeur à la papeterie
Billet du 25.04.2021 - Deux archives pour illustrer les débuts de fabrication du papier à Odet sous la direction du fondateur Nicolas Le Marié : l'une privée pour l'installation de la 1ère machine à vapeur en 1837-38, et l'autre des Archives Départementales pour les relevés de production en 1828-60.
Nicolas Le Marié (1797-1870) crée de toute pièce un moulin à papier en 1822 à Odet en Ergué-Gabéric. En 1834 l'automatisation est très vite réalisée par l'acquisition de machines en provenance des papeterie d'Amnonay en Ardèche. Fin 1837 il fait installer une chaudière à vapeur de haute pression pour le séchage et le lessivage, ainsi que l'attestent ci-après les échanges avec les services préfectoraux. Dans sa lettre de demande d'autorisation il décrit ainsi cette machine : « une chaudière à vapeur, avec ses deux bouilleurs, de la force de dix à douze chevaux. Cette chaudière sera timbrée, à Paris, à trois atmosphères, elle servira au séchage des papiers et au lessivage des drilles », les drilles désignant les chiffons triturés composant la pâte. Les 10 à 12 chevaux-vapeurs de cette chaudière sont relativement importants, les plus grosses à l'époque étant calibrées à 16 chevaux maximum.
Les inventions et travaux de James Watt et de Denis Papin sur les machines à vapeur sont encore trop récents en ce début de 20e siècle pour que leur usage dans l'industrie soit généralisé. Nicolas Le Marié est innovateur, et doit se conformer aux contrôles administratifs car on craint toujours des explosions accidentelles.
L'autorisation préfectorale fait l'objet d'un arrêté qui énumère toutes les précautions à respecter scrupuleusement : réglage de deux soupapes de dégagement de la vapeur, ajout de deux rondelles métalliques servant de fusibles, placement dans un local de grande superficie et éloigné des autres locaux et habitations,
L'ingénieur en chef des mines de Poullaouen et le maire de la commune, René Laurent, sont également tous les deux réquisitionnés pour vérifier la bonne exécution des consignes de sécurité.
Les secondes archives sont les déclarations administrative de production papetière entre 1825 et 1860 par l'entreprise d'Odet de Nicolas Le Marié, adressées également au préfet. Entre 1828 et 1860 la préfecture du finistère oblige les entreprises locales à produire des relevés de situation industrielle.
Les déclarations de Nicolas Le Marié ont été conservées pour les périodes 1828-29 et 1856-60. On constate une forte progression de fabrication entre ces deux périodes, du fait certainement des acquisitions de machines en 1834-37. On le constate par le nombre d'ouvriers passant de 30 environ à 100 dans les années 1850, puis de nouveau une forte hausse en 1859-60. Quant aux volumes de papiers fournis, les relevés sont plus laconiques et moins précis, et insistent sur l'augmentation des prix des matières premières : « Qu'entend-t-on par causes des augmentations ou des réductions ? Si c'est des quantités produites ; elles s'accroissent chaque année, et le personnel aussi. Si c'est de la valeur des produits ; ils se sont élevés par suite du haut prix des matières 1ères et des demandes assez actives. ».
Le schéma ci-dessous montre le nombre d’ouvriers occupés qui a été multiplié par un facteur de 6 : de 31 en 1828 (et 24 en 1829) jusqu'à 170 en 1860. On peut supposer que la production détaillée pour l'année 1828, à savoir 90.000 kgs de drilles pour produire 3456 rames de papier blanc et 4218 en gris, a subi la même progression.
Par contre le salaire journalier ouvrier n'a pas beaucoup évolué : en 1828 le salaire journalier était de 2 francs 25 pour les ouvriers et de 1 franc 25 pour les ouvrières (soit 1,75 en moyenne), l'année suivante à 1,50 et 1 (soit 1,25 en moyenne), et en 1860 le salaire moyen est de 1 franc 80.
En savoir plus : « 1837-1838 - La chaudière à vapeur haute pression de Nicolas Le Marié » et « 1825-1860 - Relevés de production de la papeterie d'Odet »