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[modifier] Kantikoù Brezhoneg e Breizh-Izel

Billet du 21.09.2019 - Les cantiques bretons sont des chants sacrés populaires chantés à l’occasion des messes et pardons en Basse-Bretagne. Vision de J.-M. Déguignet : « Dans les derniers couplets de toutes ces complaintes, il est toujours fait appel à la bourse des ouailles pour dire des messes pour la conversion des impies et des hérétiques et pour la délivrance des âmes du purgatoire, surtout pour les âmes abandonnées (evit an Nanaon abandonet) ».

Dans ses « Mémoires d'un paysan bas-breton », publiées en 2001 en version intégrale, Jean-Marie Déguignet (1834-1905) présente trois de ces cantiques, très connus encore aujourd'hui, en citant un ou plusieurs couplets et en donnant sa vision critique, tout en soulignant leur beauté et l'importance qu'ils avaient pour ses concitoyens :

Image:Right.gifImage:Space.jpgA. « M'hoc'h ador, ma Doue ma c'hrouer », "Je vous adore, Dieu mon Créateur", en page 141.

Image:Right.gifImage:Space.jpgB. « Guerz ar garnel », "la ballade du charnier ou de l'ossuaire", en page 462.

Image:Right.gifImage:Space.jpgC. « Kantik ar baradoz », "le cantique du paradis", en pages 464 et 474.

Le premier cantique a les faveurs de Déguignet pour sa mélodie reconnaissable entre toutes (cf. enregistrement de Yann-Fanch Quemener ci-dessus) : « il se chante sur le plus bel air que je connaisse en breton ».

Le couplet cité par le paysan bas-breton est la prière à l'ange gardien, invoqué par lui, enfant, pour le préserver de l'esprit du mal : « Va mirit ouz an drouc-speret ». Mais ayant quand même des mauvaises pensées, malgré sa prière, Déguignet pose ce trait d'humour : « C'était à lui de répondre de moi, et non à moi de répondre de lui ».

 

Le second cantique dit du charnier a été écrit en 1750 par Fiacre Cochart, prêtre de Ploudaniel. On chantait jadis cette « Guerz ar garnel » le jour des morts dans nos cimetières bretons, au moment où la procession funèbre arrivait devant l'ossuaire.

Cette procession a d'ailleurs été fort bien décrite par Anatole Le Braz : « La foule s'avance, clergé en tête, en un long serpentement noir, dans le gris ouaté du crépuscule ; le vent gonfle les surplis des prêtres, les mantes des femmes, hérisse les chevelures floconneuses des vieillards, attise les cires ardentes aux mains des enfants de chœur. Devant l'ossuaire on s'agenouille, et l'assistance entonne une sorte d'incantation pleine à la fois d'angoisse et de fougue, et qui secoue les chanteurs eux-mêmes d'un inénarrable frisson ... ».

Dans la « Guerz ar garnel », ce sont les ossements qui s'adressent aux vivants : « Ni zo bet war ann douar o rén kerkoulz ha c'houi, O tiviz, hag o vale , oc'h eva , o tibri » (Nous avons vécu sur terre, tout comme vous, Nous avons devisé, marché, bu, mangé). Déguignet s'en sert pour dénoncer la tristesse voulue par les clercs tonsurés qui ont composés les cantiques « pour effrayer leurs troupeaux », alors que les bretons étaient « gais et riants, en vrais enfants de Bacchus », même devant la mort.

Le troisième est le célèbre cantique du paradis. Il a été collecté par Hersart de La Villemarqué dans son anthologie du « Barzaz Breizh » de 1841. On l'attribue généralement à Michel Le Nobletz (1577-1652), mais la tradition populaire voudrait qu'il fût composé par saint Hervé en personne.

Déguignet le qualifie de « joli cantique breton » et défend l'idée que son contenu a pour but de tromper les ouailles, de « détacher complètement leur cœur des biens de ce misérable monde, de ne jamais songer qu'aux biens précieux et éternels de l'autre monde ».

Il compose même, pour se moquer, des variantes des paroles du cantique : « Jesus peguen bras ve - Plujadur an dudze - Mar c'helfen kaouet tout - Ar c'hreyen ac ar yout » (Jésus, combien grand serait - Le plaisir de ces gens - S'ils pouvaient avoir tout - La chèvre et le chou).

En savoir plus : « L'évocation des cantiques bretons par Jean-Marie Déguignet »