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[modifier] Inventaire des pierres à buée

20.11.2022 - Ces dalles d'un mètre de circonférence utilisées aux XIXe et début XXe, et peut-être bien avant, comme supports des bailles à laver le linge.

Les premières pierres à laver, différentes des maies de pressoir bien plus larges, ont été signalées dans les années 1970-90 dans les journaux locaux et magazines d'archéologie, et un mystère plane encore car le nombre de ces pierres trouvées sur le territoire gabéricois est important :
à ce jour neuf ont été exhumées (Balanou, Bohars, Kerdilès, Kergoan, Garsalec, Lezergué, Pennarun, Pennervan, Squividan), les dernières photographiées étant celles de Kerdilès, Kergoan et Balanoù (2018), Lezergué (2021) et Pennarun (2022).

Le principe de leur fonctionnement était le suivant :

  • • sur la pierre circulaire rainuré on plaçait une ancienne barrique sans fond dans laquelle on mettait le linge.
  • sur un foyer à côté on faisait bouillir de l'eau dans des grandes chidournes.
  • on versait l'eau sur les couches de linge qu'on saupoudrait de cendre de bois (« ludu tan » en breton), gorgée de potasse.
  • avec un bâton on mélangeait énergiquement le linge.
  • l'eau sale s'écoulait lentement sur la pierre et les rigoles l'amenaient sur l'avancée en dessous de laquelle on mettait un seau.

Les premières eaux pouvaient resservir pour la tournée de lessive suivante, mais ce mélange de cendre servait ensuite d'engrais potassique appelé « ar cloag » et était très recherché par les maraîchers.

Sur Ergué-Gabéric une première pierre a été repérée à Pennervan et décrite en 1973 par un journaliste du Télégramme, puis en 1994-95 par l'archéologue P.R. Giot et le docteur André Kervarec.

Généralement les pierres présentent quatre rigoles perpendiculaires sous la forme d'une croix, et mesurent 93 cm à 1 m de circonférence, 1 m 10 au bout du déversoir, et 20 à 40 cm d'épaisseur.

Madame Billon de Balanoù se souvient : « Dans le temps on mettait les draps et les chemises dans une sorte de lessiveuse avec de la cendre et on faisait la grande lessive trois à quatre fois dans l'année. Le grand-père avait trois douzaines de chemises, et donc ça suffisait. La pierre était surélevée, et par l'écoulement on récupérait l'eau de lavage qui servait à faire plusieurs tournées. »

 

Mais les grandes lessives n'excluait pas un besoin de laver au quotidien. Et ce lavage se faisait dans la buanderie où était la baille à buée. La buée est en fait l'ancien nom de la lessive traditionnelle jusqu'au début du XXe siècle qui a vu sa disparition avec le développement de la lessiveuse en fer.

La plupart des pierres à buées d'Ergué-Gabéric, désormais inutiles, ont été déplacées en ornements de jardins. Mais deux d'entre elles ont été localisées en arrière-cuisine : l'une à Lezergué trouvée il y a 2 ou 3 ans dans les ruines du manoir et transportée dans un hangar, et l'autre toujours en place dans la cuisine du manoir de Pennarun.

Pour ce qui concerne Lezergué le document détaillé de séquestre de 1792 suite à l'émigration des propriétaires nobles de La Marche atteste bien de l'existence de la pierre à laver à l'intérieur du manoir : « Dans la cuisine : une table longue, une armoire à deux battants ... un fut à buée ... ».

À Pennarun la pierre à laver est toujours en place dans la cuisine ancestrale, placée près de l'endroit où l'on chauffait l'eau. C'est un très beau bloc de pierre d'épaisseur de plus de 40cm avec ses rigoles en croix et circulaire, et son canal incliné pour évacuer les eaux usées à l'extérieur de la pièce.

Un appel est lancé à toutes indications de nouvelles pierres à buée dans le cadre d'une sorte d'enquête archéologique de notre patrimoine rural et utilitaire.

En savoir plus : « Inventaire gabéricois des pierres de granit pour bailles à buée »