Blog 17.10.2020 - GrandTerrier

Blog 17.10.2020

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[modifier] Militant et passeur de mémoires

Billet du 17.10.2020 - Une biographie familiale paternelle et maternelle, basée sur des extraits de journaux ou revue, une fiche dans le dictionnaire ouvrier et social Maitron, ainsi que l'épreuve du diplôme du brevet d'histoire-géo de 2012, pour la compréhension des évènements de l'année 1936.

La biographie de René Huguen a l'honneur de figurer dans le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, plus communément appelé « Le Maitron » (du nom de son initiateur Jean Maitron). Après avoir été instituteur, son parcours militant est le suivant : secrétaire des Jeunesses communistes des Côtes-du-Nord (Côtes-d’Armor) en 1944 ; adjoint au maire de Saint-Brieuc (1947-1953) ; directeur de cabinet du député-maire communiste René Cance (1956-1959), assistant parlementaire du député communiste François Leizour. En 1936 Il participe aux manifestations de soutien au Front populaire, est fait prisonnier par les troupes allemandes en 1940, est très actif dans l’organisation de l’aide aux enfants espagnols, et crée le journal Ouest-Matin avec Henri Denis. Retraité, il se plonge dans l’étude de l’œuvre du romancier Louis Guilloux qu'il a côtoyé, et publie des monographies sur le parlementaire Alexandre Glais-Bizoin.
Il demeure fidèle au PCF. Il quitte Ergué-Gabéric avant ses 10 ans, son père ayant été embauché comme cheminot en région parisienne, puis à Saint-Brieuc. Il n'oublie pas pout autant ses origines et y revient, notamment en 1936 comme il s'explique dans le journal « Le Parisien » le 14.07.2012. Cet été des congés annuels payés décrétés par la loi du 20 juin, il part en famille chez ses grands-parents à Lestonan, où tout le village est employé à l'usine de papier Bolloré. « Pour la première fois, ces ouvriers s'arrêtaient de travailler sans perte de salaire, raconte-t-il. Je revois mon oncle ivre de joie levant le poing en criant : Vive Blum ! » Parmi les images qui restent gravées dans sa mémoire, celle de ces familles assises, parfois inconfortablement, sur le pas de la porte. « Ils ne faisaient rien, ils savouraient simplement le moment, en discutant, décrit René. Les gens se rendaient aussi visite, on mangeait des gâteaux bretons, c'était une fête permanente. »

Son père Jean-René est né en 1900 à Stang-Odet, le hameau isolé près de la papeterie d'Odet et d'où était sa grand-mère paternelle Françoise Philippe. Le grand père Jean-Louis (1863-1926) est « ouvrier papetier » sur les actes d'état-civil. L'oncle Yves-Marie, décédé en 1979, est également ouvrier papetier, celui que son neveu décrit dans le journal « Le Parisien » comme criant « Vive Blum ! ».

En 2012, basée sur un article similaire de souvenirs dans « Le Télégramme », l'épreuve du diplôme national du  brevet d'histoire-

  géographie inclut deux questions relatives à 1936 :

Question 3 (document 3) :

  • a) À quel groupe social appartient René Huguen ? 0,5 point
  • b) Comment la population française accueille-t-elle, selon son témoignage, les avancées sociales liées au temps libre ? Justifiez votre réponse en relevant deux éléments du texte. 2 points

Du côté de sa mère Marie Jeanne Le Meur, née Cuzon, René Hugen se souvient de la maison de Croas-Spern de ses grands parent. Sa grand mère Marie Jeanne Cuzon et son grand-père Laurent Le Meur habitent au bord de la route de Croas-Spern une petite maison qui a été rasée en 1996.

Il se souvient : « Au bout d’un jardinet protégé de la route par une haie d’aubépine, se tient l’antique maison au toit fatigué. Le couple Le Meur habite là, moyennant quelques travaux périodiques demandés par les propriétaires de Saint-Joachim. Ah! comme je me sens bien en ces jeunes années, sur cette terre battue où courent souvent les poules, entre ces meubles rustiques dressés sur des cales inégales ; comme je me sens bien à cette grande table à l’intérieur de laquelle Grand-Mère range pain, farine et beurre ou dans l’âtre, chauffant mes petits pieds au-dessus des cendres chaudes ! Et lorsque Grand-Père rentre de sa dure journée de cantonnier et qu’il applique sa barbe piquante sur mon front en lançant fièrement: "Ar goas !" (jeune homme). ».

Ce Laurent Le Meur, cantonnier, est aussi le grand père de Jean Le Reste, ce dernier l'ayant retrouvé sur une photo de 1915 d'un groupe d'ouvriers de la mine d'antimoine de Kerdévot et ayant également célébré sa mémoire : « Je garde le souvenir d’un homme attachant qui, me prenant par la main, tenant un "crepig" de l’autre, m’amenant chercher des noisette. Le matin, quand il partait travailler sur les routes je le vois avec ses marteaux et son coussin (pour se protéger les genoux). »

En savoir plus : « René Huguen (1920-2017), enfant gabéricois, militant communiste et passeur de mémoires »