Blog 16.12.2012 - GrandTerrier

Blog 16.12.2012

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[modifier] Séjours à l'hospice de Quimper

« On me montra mon lit, le seul vide qu’il y avait dans la salle et dont le voisin me dit que le précédant occupant de ce lit, était enterré le jour même ».

Dans ses mémoires, Jean-Marie Déguignet évoque au moins par deux fois ses séjours à l'Hospice de Quimper (situé dès 1801 sur la colline de Creac'h Euzen et appelé Hôpital Gourmelen au 20e siècle) : en 1848 alors qu'il a 14 ans, et lors de ses dernières années de vie en 1902-1905.

Le jeune mendiant Jean-Marie Déguignet, blessé à la tête en tombant, alors qu'il avait été poursuivi par des abeilles, se vit proposer en 1848, alors qu'il avait 14 ans, des soins à l'Hospice dit civil.

Dès son arrivée, il plante le décor d'un lieu sous l'emprise de l'église et où les enfants de tous milieux étaient abandonnés : « A l’entrée de cet hospice, il y avait un calvaire, et ma mère me montra un grand Christ dont la main gauche était fermé sur le clou. Elle me dit que cette main s’était fermée une nuit qu’une personne très riche avait envoyé dans le tourniquet un enfant ».

Les soins y sont dispensés par des « sœurs », des religieuses de la Congrégation des Filles du Saint-Esprit. On le conduit « dans une grande salle, pleine de monde, les uns dans leur lit, ... dans les lits de douleurs et d’ennui ... ». Dans cette salle il y a de nombreux patients cardiaques si l'on en croit l'expression bretonne « klañv e galon » traduite par le bretonnisme « malade de cœur ».

Dans les dernières pages de ses mémoires, il relate son séjour dans l'asile des vieux : « Ici, à Quimper, il y a déjà quatre établissements, et les plus beaux, pour l'entretien de tous les tarés et de tous les rebuts de cette malheureuse espèce humaine ». Il surenchérit : « Mais pendant ce temps, on laisse sans soins, sans soucis, se perdre les plus jeunes et les meilleurs sujets, sur lesquels devraient au contraire se porter tous les soins et les soucis ». A-t-il oublié qu'il y fut bien soigné 57 années plus tôt, à l'âge de 14 ans ?

Nous avons aussi ici l'occasion de rétablir une vérité historique : Jean-Marie Déguignet est décédé lors de son dernier séjour à l’Hôpital civil, et non « à la porte de l'Hospice » comme l'attestent certaines biographies. Pour preuves l'acte de décès, un article du Finistère de 1902 et le témoignage d'Anatole Le Braz.

En savoir plus : « Les séjours de Jean-Marie Déguignet à l'hospice de Quimper »

Billet du 16.12.2012