Le 1er octobre 1912, Pierre Tanguy, natif du village de Quillihuec, est incorporé, et ne reviendra sur ses terres qu'en 1919, après ses 4 années de combats dans les tranchées françaises, l'armistice et des opérations en Belgique et Allemagne. Décoré de la Croix de guerre 1914-18, il se mariera en 1920 avec Marie-Jeanne Le Roux de Kerellou et sera élu maire d'Ergué-Gabéric de mai 1929 jusqu'en avril 1945.
De sa campagne au front, jusqu'en 1915 au 11e Régiment des Cuirassiers, puis à la 5e compagnie du 12e régiment des cuirassiers. D'abord simple soldat ou « grenadier », puis brigadier et enfin brigadier fourrier, il sera sur presque tous les fronts, de la Marne jusqu'en Allemagne, en passant par les Ardennes, comme en atteste son carnet militaire, tenu scrupuleusement avec indication de tous ses déplacements, batailles, et permissions.
Pierre Tanguy et son régiment de cuirassés se sont énormément déplacés pendant les 4 années de conflit, à pied essentiellement, et quelquefois en camion ou train, ces derniers déplacement étant notés « embarquements / débarquements ». Ils feront les tranchées et les camps de la Marne, Seine-et-Marne, Oise, Aisne, Meuse, Nord, Belgique, Luxembourg, Allemagne ...
Notre soldat gabéricois, pendant sa campagne de 43 mois, aura le droit à seulement 4 périodes annuelles de repos ou permission : 7 jours après Noël 1916, 10 jours de repos en aout 1917, 14 jours en septembre 1918, un mois en décembre 1918, un mois en avril 1919.
Les périodes en première ligne face à l'ennemi, dans les tranchées, attaques et retraites, sont notées de couleur rouge dans son cahier de campagne, et les périodes de repos ou de retrait du front sont intercalées en noir :
Le Mont Cornillet : Pierre Tanguy est dans les « Tranchées devant le Mont Cornillet » près de Reins du 27 octobre 1915 (il note ce jour-là la présence de « gaz ») jusqu'au 13 juin 1917.
|
| Le fort de la Pompelle : après avoir quitté la Champagne pour une période dans les tranchées de Somme, Oise et Aisne, il y revient un an après, du 5 mai 1917 au 16 janvier 1918, dans la zone de la Pompelle, près du Mont-Cornillet (lequel sera repris par les français le 20 mai 1917).
Là, dans la nuit du 10 mai, son régiment des 12e Cuirassiers doit faire face à une attaque surprise : « des obus de gros calibre, des projectiles lacrymogènes et incendiaires s'abattent d'abord sur les tranchées, puis l'ennemi arrive, précédé de lance-flammes dont il se sert pour arroser nos premières lignes ».
Ce jour-là Pierre Tanguy est blessé : « Atteint au visage pour des liquides enflammés au visage au cours d'une attaque a continué le combat et ne s'est fait passer que sur l'ordre de son officier lorsque tout fut rentré dans le calme. » (inscription au registre matricule)..
St-Pierre-Aigle : Pierre Tanguy est dans les carrières de ce village les 10 et 11 juin 1918, et pour les 3 jours suivants il note « Attaque de St-Pierre-Aigle, Couvres, Ferme Tabery. ». Sur le monument commémoratif local il est gravé : « À la gloire des soldats français et alliés qui ont combattu victorieusement sur ce plateau du 29 mai au 25 juillet 1918 ».
Mort-Homme : il y est du 10 au 17 août 1918. Disparu totalement sous l'acharnement des pilonnages des obus français et allemands, c'est l'un des neuf villages français détruits durant la Première Guerre mondiale qui n'a jamais été reconstruit.
Après l'armistice du 11 novembre, Pierre Tanguy reste incorporé dans son régiment qui poursuit sa progression vers l'Allemagne, jusqu'aux environs de Mayence, en passant par la Belgique et le Luxembourg.
Le 4 juin 1918 Pierre Tanguy est nommé brigadier, puis brigadier fourrier (chargé du ravitaillement) le 6 août 1918. Un certificat de bonne conduite lui est accordé et il est qualifié d' « excellent grenadier ».
Pour toute sa campagne, et notamment pour son acte de bravoure à la Pompelle, Pierre Tanguy reçoit aussi plusieurs décorations : « Croix de guerre. Étoile Vermeil. Port à titre individuel de la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre accordé au 12e Cuirassiers ». À noter que la fourragère étant l'attribut signifiant une décoration collective, elle n'est que rarement portée à titre individuel.
|