Blog 11.09.2022 - GrandTerrier

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[modifier] Années difficiles 1940-45

11.09.2022 - Aujourd'hui, jour du pardon de Kerdévot, reprise des billets hebdos avec un texte de Jean Guéguen (1926-2018), lequel a toujours eu à cœur de transmettre aux générations suivantes la mémoire de son quartier et de sa famille, les évènements du passé et les richesses du patrimoine local.

En juillet 2022, en feuilletant l'un des livres de sa bibliothèque, « Le Finistère dans la guerre » de Georges-Michel Thomas et Alain Le Grand, nous avons trouvé ces 11 feuillets manuscrits rédigés dans les années 1990, « quelques soixante années plus tard », dans lesquels il rassemble les évènements significatifs de la période 1940-1945.

Dans ces pages, Jean Guéguen mélange ses souvenirs d'enfant habitant le quartier de Lestonan (son père y était boulanger), sa connaissance de la chronologie des évènements en région quimpéroise et les faits inédits rapportés dans le journal manuscrit du recteur Gustave Guéguen (cf. en article séparé).

Dans les deux feuillets supplémentaires où il détaille l'histoire de l'arrivée de l'armée allemande dans les écoles privées de Lestonan, il signe ainsi son texte : « Jean Guéguen témoin oculaire de l'époque et propos recueillis par le même auprès du Frère directeur François Nédélec ».

De ces souvenirs il en ressort un certain nombre d'anecdotes inédites, dont celles-ci :

  • les premières années : « les contacts étaient surtout d'ordre administratif avec la mairie, surtout en ce qui concernait les réquisitions de fourrages », et en 1941 un accident marquant, « un camion allemand est venu prendre du foin chez Pierre Quéré ... À la sortie de Lestonan, au virage de Lestonan-Vihan, le soldat qui était sur le chargement est éjecté et projeté sur la route. Il sera soigné par Malou Lazou, fille du directeur de l'école publique de Lestonan (tué au front en 1940). »
  • la réquisition de l'école des sœurs du Bourg en 1943 : « Trois officiers allemands se présentent à l'école des sœurs du bourg, ce jeudi 15 juillet. L'école doit être totalement libéré" pour le samedi 17 juillet à midi. Avec le concours de la population du bourg l'école est déménagée et le tout est transportée dans la cour du presbytère. Un vrai capharnaüm dira le recteur. »
 
  • l'arrivée d'un autre détachement à Lestonan : « il est demandé aux Frères de quitter l'école et de laisser leurs appartements tels quels. Le Frère directeur François Nédélec refuse et après une dispute tendue et épique avec l'officier commandant le détachement réussit à garder sa chambre. Interdiction formelle est faite d'évacuer quoi que ce soit de l'école. C'était sans compter sur la roublardise de René Sizorn, garde chasse chez Bolloré, celui-ci s'enferme dans la salle à manger avec le soldat allemand et le "dope" au lambic (alcool fort local) pendant qu'on déménageait le mobilier. »
  • le cambriolage des dossiers STO en 1944 (cf. autres articles sur le site GrandTerrier) : « Ceux d'Ergué Fanch Balès, Jean Le Corre, Pierre Moigne et Hervé Bénéat dérobent les dossiers des réfractaires, les entassent dans des sacs, puis dans la voiture qu'a emprunté François Balès à sa tante et reviennent à Ergué où les dossiers sont brûlés dans le four de la boulangerie familiale. ».
  • l'arrivée des résistants au bourg : « Vendredi 4 août. Dans la soirée, le bourg est en effervescence par l'arrivée de la résistance. Des voitures et des camions descendent des jeunes gens armés de fusils et de mitraillettes. Ces jeunes sont enthousiastes. et veulent "bouffer du boche". Le bourg est pavoisé de drapeaux français et alliés.  »
  • des exécutions choquantes : « C'est la stupeur à Ergué. François Balès a été tué sur les pentes du Menez-Hom. » ; « Auparavant en fin de matinée, un gabéricois, Jean-Louis Le Meur de Kervernic, se rendait à Ergué-Armel. Il fut pris en otage par une colonne de Russes Vlassov  » ; « une centaine de victimes, dont Yvon Benoit de Ti-Nevez-Kernaou qui, quelques jour auparavant, portait le drapeau lors des obsèques de son camarade François Balès. »

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Les années difficiles 1940-1945, témoignage de Jean Guéguen ». La semaine prochaine, nous poursuivrons par un portrait du recteur Gustave Guéguen (1889-1956), non apparenté à Jean, avec des extraits de son journal paroissial.