Deux nouvelles sources en attestent :
les recherches en 1886 de Régis de L'Estourbeillon incluant un recen-sement de tous les actes d'état civil concernant les familles nobles, principalement bretonnes ou normandes, émigrées à Jersey pendant la Révolution et l'Empire
un document inédit d'autre part, découvert par Grégory Floc'h et cité en 2015 dans un article du bulletin de la Société Archéologique du Finistère, pièce d'archives dont nous fournissons une transcription complète, bien utile pour comprendre l'histoire des seigneurs de Lezergué.
Les documents relevés dans les registres Jersiais nous apprennent au moins ceci :
Son décès sur l'île et la date d'inhumation du 28 octobre 1794 via le registre de la paroisse Saint-Laurent de Jersey.
Sa carrière militaire, à savoir qu'il est lieutenant des maréchaux de France, et qu'il est toujours en début 1793 volontaire de la 1ère compagnie du 2ème bataillon composée de « Mrs les Émigrés français, résidant en l'isle de Jersey (cf. liste complète en annexe du livre).
Ses relations familiales émigrées sur Jersey, notamment la famille Rocher de Quengo de St-Malo : François-Louis est parrain en 1783 d'une petite Léontine, et une année avant il est témoin pour le mariage des parents, le père étant son neveu, c'est-à-dire le fils de sa sœur.
Pour ce mariage on note l'intervention de son frère exilé à Londres, Jean-François de La Marche, ancien évêque de St-Pol-de-Léon, qui donne son autorisation ecclésiale pour se soustraire à l'obligation de publier les bans. Sa lettre, produite en annexe, explique la raison de cette dérogation par « le schisme qui agite l'Eglise Gallicane » et qu'il espère « le rétablissement de l'ordre et la réintégration des vrais pasteurs dans leurs églises ».
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Le document inédit, conservé aux Archives départementales du Finistère est un « Inventaire des papiers et titres trouvé à la mort de mr de Lamarche père arrivé le 27 octobre 1794 en l'isle de Jersey paroisse de Saint-Laurent ». Le mémorialiste Régis de L'Estourbeillon produit le registre des décès en précisant que l'enterrement a lieu le 28 (cf livre cité ci-dessus).
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Jersey en 1753, carte d'Herman van Loon.
Les papiers en possession du défunt, au nombre de 36, sont inventoriés dans ce document :
Ses premiers billets datés de Jersey démarrant en août-octobre 1791, les précédents étant émis de Bretagne, on peut donc supposer que l'exilé arrive sur l'île à cette date.
Les emprunts et prêts sont effectués entre les parentés et les familles en alliance : sa tante Barbe Rose Martine, les Botherel du Plessis, les Borgne de la Tour, les Roche du Grégo, et aussi les Rocher du Quengo exilés à Jersey. Trois différents prêts sont assortis d'une condition de remboursement spéciale : « payable x mois après la rentrée en France ».
François-Louis de La Marche (1720-1794) est désigné comme Lamarche père, mais on trouve aussi un autre François-Louis dans les papiers les plus anciens : il s'agit de son père né en 1691 et décédé en 1738, « chef de nom et d'armes chevalier de l'ordre militaire de Notre-Dame de Mont Carmel et de Saint-Lazare ».
Les de La Marche sont dits seigneurs de Kerfors et de Kernaou, avant qu'ils n'achètent le château de Lezergué : dans l'inventaire est mentionné l'acte de vente du 31 septembre 1736 pour François-Louis de La Marche (1691-1738) par cession de Jacques du Bot, successeur de Guy Autret.
Pour les années 1789-90, sont conservées précieusement des quittances pour des dons patriotiques de 250 livres. Ces contributions ne ressemblent pas au profil type d'un noble exilé et anti-révolutionnaire !
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La semaine prochaine nous publierons les rapports de séquestres de ces exilés à Jersey et en Guadeloupe, et la main-levée faisant suite à l'amnistie révolutionnaire dont ils bénéficieront, à titre posthume pour le père.
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