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[modifier] Retables flamands de la Vierge

Billet du 06.11.2021 - Analyse de l’ordonnancement des deux retables de la Vierge de Kerdévot et de Ternant (Nièvre), de leurs datations respectives et ateliers d'origine, des études et plaquettes consacrées à Ternant, et enfin un reportage photo GT dans le village sud-nivernais en fin d'été 2021.

Dans l'église Saint-Roch de Ternant, deux magnifiques retables portant l'un sur la Mort de la Vierge, et l'autre sur la Passion du Christ, ont été commandés par la famille de Ternant au XVe siècle. Le retable de la Vierge, issu d'un atelier flamand, se présente comme un triptyque dont les volets peints pouvaient se rabattre sur les panneaux sculptés centraux, les panneaux sculptés formant un T renversé.

À Kerdévot les panneaux initiaux du retable de la Vierge se présentent aussi comme un T renversé, les deux scènes latérales supérieures ayant été ajoutées plus tard. Et la présentation est très voisine de celle de Ternant : registre inférieur avec ses 3 scènes centrées sur la dormition, scène supérieure avec le couronnement.

Plus précisément, si l'on compare les éléments de Kerdévot (avant le vol de 1973) et de Ternant, les 4 scènes se présentent ainsi :

Image:Right.gifImage:Space.jpgScène 1 : l'Adoration des bergers à Kerdévot, la Visite des apôtres à Ternant. Dans les deux cas les visiteurs expriment leur déférence à la Vierge.

Image:Right.gifImage:Space.jpgScène 2 : la Dormition sur les deux retables. Les deux scènes sont presque identiques : la Vierge est de profil sur son lit mortuaire, les apôtres l'entourent, saint Jean imberbe tout près, des lecteurs qui prient au premier rang ...

la Dormition de Ternant
la Dormition de Ternant

Image:Right.gifImage:Space.jpgScène 3 : les Funérailles sur les deux retables. Le convoi funèbre et son brancard porté par saint Paul, saint Jean en tête, les juifs au sol avec les mains coupées (deux à Ternant, quatre à Kerdévot où elles restent collées au brancard).

Image:Right.gifImage:Space.jpgScène 4 : le Couronnement à Kerdévot, et à Ternant l'Asomption complétée du Couronnement sur 2 volets peints. La trinité y est présente : Dieu le Père couronné à gauche, le Christ à droite, la colombe du Saint-Esprit au centre (plus en hauteur à Kerdévot), les anges (musiciens à Kerdévot).

Le retable de Ternant est daté de vers 1440, via une donation de Philippe de Ternant (1400-1456), membre du Conseil du duc de Bourgogne et chevalier de la Toison d'Or. Il est représenté, ainsi que son épouse Isabeau de Roy, sur les deux volets peints extrêmes du retable.

Depuis les études récentes, notamment celle de Serge Bernard et de Fabrice Cario en 2003, on attribue les deux retables de Ternant à un atelier de Bruxelles, qualifié de brabançon ou de flamand car le duché de Brabant englobait les Pays-bas actuels et une partie de la Belgique. Ceci bien qu'aucune marque de guilde ne soit visible sur les statues, prédelle et balustrades.

 


La plaquette de présentation, visible sur place dans l'église de Ternant, confirme l'hypothèse flamande : « L'étude du style des sculptures de la période 1430/40-1460 (drapé assez lourd, proportions assez trapues et attitudes statiques) permet de proposer l'hypothèse d'un atelier bruxellois », et avance l'âge du chêne qui constitue la structure de l’œuvre, les statues étant sculptées dans des blocs de noyer : « L'arbre de 350 ans a été abattu entre 1425 et 1450 maximum. »

Le livre savant de René Journet conclue à l'unicité de l’œuvre : « Ce retable de Ternant est le seul connu illustrant le cycle de la Dormition et de la Glorification de la Vierge. »

Mais il existe bien à Kerdévot - pour lequel on ne connaissait pas d'équivalent non plus -, un retable très similaire à celui de Ternant, se partageant une même scénographie avec des personnages d'environ 30 cm, sculptés et dorés. Le triptyque de la Vierge de Ternant est peut-être un peu plus simple pour ce qui concerne sa partie sculptée, les statuettes de chaque scène sont amalgamées dans des blocs de noyer, alors qu'à Kerdévot elles sont finement ciselées et indépendantes.

Du plus, pour Kerdévot, on a bien les marques de fabrique des ateliers flamands d'Anvers et de Malines, et la proposition d'une datation à 1480, soit quarante ans après celui de la Vierge de Ternant dont le style semble effectivement plus ancien.


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Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Les deux retables de la Vierge d'origine flamande et du 15e siècle à Ternant et Kerdévot », « JOURNET René - Deux retables du XVe siècle à Ternant », « BERNARD Serge & CARIO Fabrice - Les retables de Ternant »