Blog 05.06.2021 - GrandTerrier

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[modifier] La chapelle et son domaine congéable

Billet du 05.06.2021 - Dernier épisode de la série "St-Guénolé" via les papiers de l'abbaye de Landévennec (ADF 2H14) : dans quelles conditions, compliquées à souhait, les seigneurs de Kerfors et de Lezergué se sont implantés sur les terres d'abbaye du village de Quélennec.

Sur la carte d'état-major ci-dessous on voit bien la répartition du village de Quélennec en 3 hameaux (petites pastilles rouges) :

Image:right.gifImage:Space.jpgQuélennec Bihan : "le petit lieu planté de houx", appelé aussi Penker Bronnec, près de la route de Griffones.
Image:right.gifImage:Space.jpgQuélennec Bras : "la grande houssaie", vers Bec-ar-Menez , dénommé aussi Quélennec Uhella en regroupement avec le précédent, car tous deux situés "en hauteur".
Image:right.gifImage:Space.jpgQuélennec Izella : "la houssaie du bas", à mi-pente vers Pont-Allen, et à proximité de la chapelle St-Guénolé au point de niveau 116.


L'acte de 1693, signé par le seigneur de Kerfors et deux notaires royaux, porte sur 11 parcelles de terres situées à Quélennec Isella pour une surfaces de 13 journaux, soit environ 6,5 hectares.

Il s'agit d'une double déclaration d'un seigneur local à un noble de rang supérieur et d'un roturier au noble intermédiaire :
Image:right.gifImage:Space.jpgLa première est un aveu de Louis René de La Marche, seigneur de Kerfors, à Jacques Tanguy, seigneur abbé de Landévennec et de Guillevain (en Edern) pour une chefrente annuelle de 14 sols et autres droits seigneuriaux.
Image:right.gifImage:Space.jpgLa seconde est la rente due par un dénommé Rolland au seigneur de La Marche au titre du domaine congéable pour quatre chapons et une somme de 30 livres par an.

Les droits seigneuriaux sont répartis sur les trois acteurs : le noble inférieur doit « Foi et hommage, lods et ventes, rachat, suite de cour et chefrente » et il reçoit de son roturier exploitant « corvée, droit de champart et domaine congéable ».

La rente de ce régime particulier très répandu en Cornouaille (les domaniers ont le seul droit de récupérer le prix des améliorations à leurs fermes en cas de congédiement unilatéral) est ici qualifiée abusivement de « taillée », alors que la Bretagne est exemptée de la vraie « taille » (impôt direct du au roi par les roturiers dans les autres provinces).

  On notera la grosse différence des rentes annuelles : 30 livres de roturier à noble versus 14 sols de noble à noble, soit un rapport de 1 à 43, 20 sols faisant une livre. Certes une partie du surcoût roturier est dû au fait qu'il inclut aussi « les herittages qui sont sittués au fieff du Roy » (en plus des terres de l'abbaye, et détenues aussi par de La Marche), mais néanmoins l'intérêt financier est manifeste pour l'intermédiaire foncier.

Le signataire de l'acte est Louis-René de La Marche, en raison de la succession de son frère ainé Jan de La Marche dont nous apprenons qu'il serait décédé vers 1683-84 il y a « environ neuff à dix ans ».
§ arbre généalogique ...

Ce demi-frère Jan, du premier lit de son père, rend compte de la fondation de la chapelle de St-Guénolé en ces termes en 1680-82 : « Plus connoist estre fondateur d'une chapelle construite en la dicte parroisse en l'honneur de Monsieur Sainct Guenolay pour avoir icelle esté bastie en son fond par la concession de ses prédecesseurs. »

Quand il parle de ses prédécesseurs, il peut s'agir des Autret seigneurs de Lezergué, le manoir voisin de Kerfors. Guy Autret lui-même a défendu avec insistance cette fondation et les prééminences induites dans un acte prônal de 1634 et des lettres patentes royales de 1638. Et les précesseurs des Autret au 16e siècle étaient des Coatanezre.

Et quand les seigneurs de Kerfors et de Lezergué disent que la chapelle de St-Guénolé a été bâtie, vraisemblablement au 16e siècle, « en son fond », c'est en raison de leurs prises d'intérêt sur une partie des terres de Quélennec qui ont appartenu de tout temps aux seigneurs de Landévennec et de Guillevain (Edern).

La partie en question est celle du bas de Quélennec Izella, et celles de grand Quélennec Bras étant exploitées en direct par les abbés : cf aveux de 1447, 1516, 1647 à 1670 des précédents billets Quélennec/St-Guénolé.

La boucle est bouclée ... jusqu'aux prochaines découvertes et révélations d'archives !

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1693 - Aveu fourni par Louis René de La Marche pour Quélennec Isella »