Aujourd'hui certains monastères proposent encore des « retraites spirituelles », mais au XXe siècle les « retraites » étaient très fréquentées et organisées régulièrement dans les campagnes françaises par les institutions catholiques pour « instruire » les communautés paroissiales, notamment les jeunes adultes. Elles duraient plusieurs jours, et pendant cette pause on y priait, discutait et écoutait des prédicateurs délivrer un enseignement religieux.
Les bulletins paroissiaux d'Ergué-Gabéric « Intron Varia Kerzevot » de mai et juin 1931 mentionnent notamment les deux retraites successives suivies par plus de 100 jeunes gens et jeunes filles du quartier d'Odet.
Les deux groupes y sont même en photos, celle des jeunes gens est prise sur les marches du patronage de Keranna, et celle des jeunes filles devant la petite chapelle de la papeterie d'Odet. Pour cette dernière, on dispose même d'un vrai cliché (cf. ci-dessus), ce qui devrait rendre plus facile leur identification, car la qualité des photos publiés dans le bulletin n'est pas optimale.
À défaut de pouvoir d'ores et déjà donner tous les noms des « retraitants » et « retraitantes », nous avons essayé d'identifier les prédicateurs :
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L'abbé Yves Le Goff : sur la photo des jeunes filles, c'est le rédacteur du Kannadig et le vicaire attitré de la papeterie.
Le jésuite François Turmel, dit Révérend Père (R.P.) dans le Kannadig. Il est le prédicateur officiel de la retraite des jeunes filles d'Odet. En septembre 1932 il prêchera pour la rentrée des élèves du Likès (Quimper) : « R.P. Turmel, S.J. ».
Le vicaire François Mévellec : il co-préside la retraite des jeunes gens. S'intéressant aux jeunes, il anime dans les paroisses rurales autour de Quimper des groupes de réflexions chrétiennes, dans la mouvance de la J.A.C. (Jeunesse Agricole Catholique).
Le curé Ernest Pichon : vicaire de St-Corentin, il prêche avec Mévellec la retraite des jeunes gens d'Odet.
La présentation dans le Kannadig de la retraite des jeunes gens utilise un vocabulaire militaire : « rien ne vaut la retraite pour tremper les soldats. Ils en sortent enthousiastes et prêts à marcher. ». Par ailleurs, les 52 jeunes « retraitants » d'Odet se répartissant en « 25 ouvriers et 27 paysans », les considérations et difficultés sociales respectives ont été débattues comme il était de mise dans les groupes J.A.C. : « souhaitons bon courage et bonne persévérance à tous ces jeunes gens ».
Pour les jeunes filles, le ton et l'accompagnement sont différents : il s'agit de « développer l'instruction religieuse de ces jeunes filles, de remettre en honneur parmi elles les grandes dévotions ». À noter qu'à l'issue de cette retraire, est fondée une « Section de Jeunes Ligueuses Catholiques à la Papeterie ». Reconnaissez-vous ces jeunes Ligueuses, parmi vos mères et grand-mères, sur la photo ci-dessus ?
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