Blog 02.02.2019
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- | ==Une gabéricoise féministe et francs-tireuses== | + | ==Une gabéricoise féministe en résistance== |
Billet du 02.02.2019 - « <i>Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes - Ni l’orgue ni la prière aux agonisants - ... Vous vous étiez servi simplement de vos armes - La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans</i> », Louis Aragon, Strophes pour se souvenir, cérémonie d'inauguration de la rue du Groupe-Manouchian. | Billet du 02.02.2019 - « <i>Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes - Ni l’orgue ni la prière aux agonisants - ... Vous vous étiez servi simplement de vos armes - La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans</i> », Louis Aragon, Strophes pour se souvenir, cérémonie d'inauguration de la rue du Groupe-Manouchian. | ||
<blockquote style="background: white; border: 1px solid black; padding: 1em; border-style: dashed;text-align:justify; text-justify:auto"> | <blockquote style="background: white; border: 1px solid black; padding: 1em; border-style: dashed;text-align:justify; text-justify:auto"> | ||
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desc none</imagemap>On connaît aujourd'hui l'arrestation en 1943 du groupe Manouchian par la Brigade spéciale no 2 des Renseignements généraux de la police française. Ces jeunes francs-tireurs et partisans communistes ont fait partie de la branche MOI (Main-d'Ouvre Immigrée) de l'organisation FTP (Francs-tireurs et Partisans) et fusillés au Mont-Valérien. L’affiche rouge ci-contre de propagande allemande a été placardée massivement en France sous l'Occupation pour dénigrer ces résistants communistes. | desc none</imagemap>On connaît aujourd'hui l'arrestation en 1943 du groupe Manouchian par la Brigade spéciale no 2 des Renseignements généraux de la police française. Ces jeunes francs-tireurs et partisans communistes ont fait partie de la branche MOI (Main-d'Ouvre Immigrée) de l'organisation FTP (Francs-tireurs et Partisans) et fusillés au Mont-Valérien. L’affiche rouge ci-contre de propagande allemande a été placardée massivement en France sous l'Occupation pour dénigrer ces résistants communistes. | ||
- | Jeanne Le Pape est arrêtée en 1944 par la même Brigade Spéciale. Elle est née le 5 septembre 1895 à Pennanec'h de parents journaliers agricoles [3]. Elle se marie en 1919 avec Alain Le Corré né en 1890 dans le village voisin de Quélennec. | + | Jeanne Le Pape est arrêtée en 1944 par la même Brigade Spéciale. Elle est née le 5 septembre 1895 à Pennanec'h de parents journaliers agricoles. Elle se marie en 1919 avec Alain Le Corré né en 1890 dans le village voisin de Quélennec. |
À la lecture du compte-rendu de son interrogatoire par les Renseignements Généraux on apprend que : | À la lecture du compte-rendu de son interrogatoire par les Renseignements Généraux on apprend que : | ||
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[[Image:Right.gif]][[Image:Space.jpg]]Avant guerre, journalière de profession, elle travaille à la mégisserie Floquet, spécialisée dans le tannage de cuirs à St-Denis, et est embauchée ensuite par les établissements Cams en août 1943. | [[Image:Right.gif]][[Image:Space.jpg]]Avant guerre, journalière de profession, elle travaille à la mégisserie Floquet, spécialisée dans le tannage de cuirs à St-Denis, et est embauchée ensuite par les établissements Cams en août 1943. | ||
- | [[Image:Right.gif]][[Image:Space.jpg]]Avant 1939 elle milite au sein de « <i>l'Union des Jeunes Femmes de France</i> », affiliée au Parti Communiste, pour défendre l'égalité des droits avec les hommes, aussi bien dans le domaine politique qu'économique. | + | [[Image:Right.gif]][[Image:Space.jpg]]Avant 1939 elle milite au sein de « <i>l'Union des Jeunes Filles de France</i> », affiliée au Parti Communiste, pour défendre l'égalité des droits avec les hommes, aussi bien dans le domaine politique qu'économique. |
- | Elle est arrêtée le 5 mai 1944 à l'occasion d'une rafle parmi les relations de deux membres des FTP de région parisienne qui préparaient une action contre un officier de police : « <i>Le 4 courant, un homme et une femme qui semblaient surveiller, rue de Nanterre à La Garenne, un immeuble habité par un inspecteur du Commissariat de Colombes, ont été appréhendés.</i> » | + | Elle est arrêtée le 5 mai à l'occasion d'une rafle parmi les relations de Lucien Briffaut et Germaine Debail, deux membres actifs des FTP qui préparent une action contre un officier de police : « <i>Le 4 courant, un homme et une femme qui semblaient surveiller, rue de Nanterre à La Garenne, un immeuble habité par un inspecteur du Commissariat de Colombes, ont été appréhendés.</i> » |
- | Au total 34 personnes sont arrêtées et chez certains de la documentation et une machine à écrire, ainsi que des armes, sont trouvées : « <i>3 pistolets, 3 grenades, 50 déto ..., 3 mitraillettes, 6 chargeurs</i> ». Jeanne, appréhendée alors qu'elle rend visite à Geneviève Debail apparaît dans la liste des « <i>hébergeurs, agents de liaison et autres complices</i> ». Elle se désolidarise de son amie qu'elle a connue chez Floquet avant guerre en invoquant une affaire de location de logement vacant : « <i>Lorsque je voyais Debail, elle ne me parlait pas de son activité politique ; d'ailleurs je la voyais très rarement.</i> » | + | Au total 34 personnes sont arrêtées et chez certains de la documentation et une machine à écrire, ainsi que des armes, sont trouvées : « <i>3 pistolets, 3 grenades, 50 déto ..., 3 mitraillettes, 6 chargeurs</i> ». Jeanne, appréhendée alors qu'elle rend visite à Germaine Debail apparaît dans la liste des « <i>hébergeurs, agents de liaison et autres complices</i> ». Elle se désolidarise de son amie qu'elle a connue chez Floquet avant guerre en invoquant une affaire de location de logement vacant : « <i>Lorsque je voyais Debail, elle ne me parlait pas de son activité politique ; d'ailleurs je la voyais très rarement.</i> » |
Les brigades spéciales (BS) de la préfecture de police de Paris spécialisées dans la traque aux « <i>ennemis intérieurs</i> », principalement communistes, prisonniers évadés ou réfractaires au STO, sont très organisées et très liées aux polices allemandes. Pour la rafle « <i>Briffaut et autres</i> » de mai 1944, la BS n° 2 a rédigé de nombreuses fiches et rapports d'opérations et d'interrogatoires | Les brigades spéciales (BS) de la préfecture de police de Paris spécialisées dans la traque aux « <i>ennemis intérieurs</i> », principalement communistes, prisonniers évadés ou réfractaires au STO, sont très organisées et très liées aux polices allemandes. Pour la rafle « <i>Briffaut et autres</i> » de mai 1944, la BS n° 2 a rédigé de nombreuses fiches et rapports d'opérations et d'interrogatoires | ||
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dans lesquels transparaît l'éthique nazie. Notamment ce qualificatif de « <i>race aryenne</i> » indiqué systématiquement pour identifier les interpellés, y compris bien sûr Jeanne Le Pape. | dans lesquels transparaît l'éthique nazie. Notamment ce qualificatif de « <i>race aryenne</i> » indiqué systématiquement pour identifier les interpellés, y compris bien sûr Jeanne Le Pape. | ||
- | La courageuse féministe sortira de prison et connaîtra la Libération de Paris en 1945. Elle décède à l'age de 79 ans le 6 mai 1975 à Argenteuil, près de Saint-Denis. | + | La courageuse féministe sortira de prison et connaîtra la Libération de Paris en août 1944. Elle décède à l'age de 79 ans le 6 mai 1975 à Argenteuil, près de Saint-Denis. |
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default [[MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social]] | default [[MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social]] | ||
- | desc none</imagemap>Grâce au dossier d'interpellation de mai 1944, Jeanne Le Pape a désormais sa notice en tant que native d'Ergué-Gabéric dans « Le Maitron », le dictionnaire biographique des mouvements ouvriers et sociaux : | + | desc none</imagemap>Grâce au dossier d'interpellation de mai 1944, Jeanne Le Pape a désormais sa notice en tant que native d'Ergué-Gabéric dans « <i>Le Maitron</i> », le dictionnaire biographique des mouvements ouvriers et sociaux : |
« <i>LE CORRÉ Jeanne, Marie, née LE PAPE. Née le 25.09.1895 à Ergué-Gabéric (Finistère), fille de journaliers, mariée dans sa commune natale le 29 juin 1919 avec Alain, Joseph Le Corré, mère d’un enfant, journalière à Saint-Denis (Seine), Jeanne Le Corré était l’une des animatrices de l’Union des comités de Femmes de l’Ile de France en 1939 ...</i> ». | « <i>LE CORRÉ Jeanne, Marie, née LE PAPE. Née le 25.09.1895 à Ergué-Gabéric (Finistère), fille de journaliers, mariée dans sa commune natale le 29 juin 1919 avec Alain, Joseph Le Corré, mère d’un enfant, journalière à Saint-Denis (Seine), Jeanne Le Corré était l’une des animatrices de l’Union des comités de Femmes de l’Ile de France en 1939 ...</i> ». |
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[modifier] Une gabéricoise féministe en résistance
Billet du 02.02.2019 - « Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes - Ni l’orgue ni la prière aux agonisants - ... Vous vous étiez servi simplement de vos armes - La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans », Louis Aragon, Strophes pour se souvenir, cérémonie d'inauguration de la rue du Groupe-Manouchian.
En savoir plus : « MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social », « 1944 - Arrestation de la féministe Jeanne Le Pape, communiste et sympathisante FTP », « Jeanne Le Pape, journalière féministe et militante communiste »