Blog 01.11.2014
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[modifier] Une institutrice "bonne et douce"
« Marie Le Capitaine, née en 1873 à St-Ségal d'un père "poseur de voies ferrées", premier poste d'institutrice au bourg d'Ergué-Gabéric en 1893 »
Son dossier de suivi conservé aux Archives Départementales du Finistère, contient, pour sa période de 5 ans à l'école communale des filles du bourg, d'une part sa fiche d'affectations, et d'autre part les trois visites des inspecteurs primaires Journin en 1895-1896 et Creantulo en 1898.
Ils ne sont vraiment pas tendres ces fonctionnaires de l'Instruction Publique, et pourtant :
Elle doit diriger et animer une classe de plus de soixante élèves réparties sur plusieurs niveaux d'âges.
Quelques appréciations positives : « Bonne et douce jeune fille » ; « Beaucoup d'ordre ; aptitude marquée pour le travail manuel. » ; « Melle Capitaine a de la bonne volonté ».
Mais les critiques tombent très vite : « elle manque d'ardeur et de savoir faire » ; « Peu, très peu de résultats » ; « Note : 9 / 20 ».
En cette fin du 19e siècle, quels sont l'état général et le fonctionnement de la première école publique communale, mise en service en 1854-55 :
Il y a deux classes en ces années 1890, pour un total de 116 élèves, et l'école est sous la direction de Melle Rolland, institutrice de la première classe.
Il manque de la lumière dans la 2e classe et le logement de l'institutrice stagiaire est étriqué, comme l'indiquent ses vœux : « Je désirerais une classe plus claire, mieux aérée et un logement plus convenable. »
En 1898, il est noté que l'état de la porte de la salle de classe laisse à désirer : « La classe est assez propre mais la porte est délabrée ». Pour le mobilier de la classe et son côté rudimentaire, on peut aussi se référer au devis de construction de cette première maison d'école à Ergué-Gabéric en 1854 : « 5 tables et bancs, 1 table pour le maitre, 1 tableau noir et chevalet, un poële en fonte avec tuyau, 25 encriers en plomb ».
Le niveau scolaire des jeunes filles gabéricoises n'est pas très élevé, la fréquentation étant par ailleurs passable ou assez bonne : « La majorité des élèves n'a retiré aucun fruit des exercices faits aujourd'hui. 5 ou 6 sur 20 ont compris le problème donné, les autres ne l'ont pas compris. » ; « Les élèves ne sont pas suffisamment exercées à parler, elles ne s'expriment pas toujours correctement. ».
Bien que cela n'est pas noté par l'Inspecteur, on peut supposer que l'usage de la langue française est concurrencé par la pratique locale du breton dans la vie quotidienne, cela expliquant certaines difficultés d'expression : « Dans les exercices de langage, on doit habituer les élèves à répondre par de petites phrases et non par des mots seulement. ».
En savoir plus : « 1893-1898 - Inspections de la classe d'une institutrice stagiaire au bourg » et « 1886 - Ouverture de l'école communale des filles dans la maison d'école du Bourg »