Blog 01.04.2023 - GrandTerrier

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[modifier] Les classes d'enterrements et mariages

01.04.2023 - Trois affichettes gabéricoises de tarification, conservées aux Archives diocésaines de Quimper, cote P51/3, pour 1946, 1951 et les années 1960.

On se croirait transporté il y a quelques siècles, à une époque où la religion catholique est dominante dans les campagnes bretonnes. Et pourtant les pratiques discriminatoires pour la délivrance de ses rites perdurent jusqu'à la mandature du recteur gabéricois Gustave Guéguen de 1941 à 1956 et les premières années de son successeur Pierre Pennarun.

Plus précisément, la qualité des prestations pour les enterrements et mariages y est différenciée en fonction de l'argent que les familles peuvent dépenser. Pour preuves ces trois affichettes gabéricoises de 40 cm environ, conservées aux Archives diocésaines, présentant les tarifs en usage :

Image:Space.jpgEn 1946, juste après guerre, les prix peuvent aller jusqu'à 8000 francs pour un enterrement de classe supérieure.

Image:Space.jpgEn 1951, les prix ont été multipliés par 2 ou 3 en cinq ans : 18500 en supérieure et 15500 francs en première classe.

Image:Space.jpgEnviron 10 ans après, le prix des funérailles de première classe est de 120 francs, le rapport de 1 à 100 étant dû à l'introduction du nouveau franc en janvier 1960. Cet exemplaire sur support cartonné, est sans doute le dernier tarif à avoir été affiché dans l'église paroissiale ou au presbytère.

Le nombre de classes s'est réduit sur les dernières années : première, deuxième et troisième classe, avec le maintien d'une quatrième pour les services funèbres (« Service simple, dit de dévotion » : 5 francs seulement au lieu de 35 francs pour la première). Alors qu'en 1946 et 1951 on en compte au moins six, la première étant précédée d'une « classe supérieure » ou « hors classe ».

La dernière classe de 1946 est gratuite, alors qu'elle devient payante en 1951 pour toutes les cérémonies, et même pour un mariage pour « Indigents et indignes » il faut débourser 1000 francs, au lieu des 15000 francs d'une hors-classe.

Les services fournis pour chaque classe sont détaillés :

Image:Space.jpgLes heures de messe : la classe supérieure a droit à la « Messe chantée » de 11 heures, alors que les plus pauvres doivent se contenter de la « Messe basse » de 9 heures. Le nombre d'obits de services funèbres est aussi variable.

Image:Space.jpgLe nombre des prêtres : les premières classes bénéficient de l'assistance de deux ou trois prêtres pour la messe et le cimetière, un seul en classe inférieure.

Image:Space.jpgLa prise de corps : un corbillard religieux est assuré ou non avant l'arrivée à l'église et au cimetière

 
Tarif en nouveaux francs des années 1960
Tarif en nouveaux francs des années 1960

Image:Space.jpgLes éléments mobiliers : nombre dégressif de croix et de cierges, et de l'électricité et un harmonium sur les dernières années ; les mariés peuvent disposer de prie-Dieu de paille et/ou de fauteuils.

Image:Space.jpgLes ornementations : un drap mortuaire blanc est proposé pour l'enterrement d'enfant en hors classe, et les tentures dans l'église sont de deux catégories : hors du chœur pour les classes supérieures, dans le chœur pour la première classe, et les « Petites tentures » pour la seconde, et rien du tout au-delà. Et même le grand carillon des cloches n'est possible que pour les mariages de première et deuxième classe.

L'importance du faste des funérailles est confirmée par cet extrait du journal paroissial du recteur Gustave Guéguen de l'été 1941 : « Début juillet, achat de tentures funèbres chez M. Paul de Quimper pour rehausser l'éclat des funérailles dont le tarif a été augmenté. ».

En savoir plus : « 1946-196x - La tarification des cérémonies religieuses de secondes classes »