1923 - Dossier de relèvement du barrage de la papeterie d'Odet

Odet le 1er Mai 1923

Monsieur le Préfet,

Je soussigné R. Bolloré, fabricant de papiers à Odet, commune d'Ergué-Gabéric.

ai l'honneur de vous présenter une requête à l'effet d'être autorisé à relever de : cinquante-cinq centimètres (0,55) le barrage actuel de notre usine d'Odet et à modifier les vannes d'entrées d'eau dans le canal d'amenées de l'usine, afin de relever au moment des basses eaux le plan d'eau en aval et de maintenir ainsi la hauteur de chute nécessaire à la marche normale des turbines hydrauliques.

Je joins à la présente requête :

1°- Une note donnant les indications demandées par le décret du 30 Juillet 1920 portant règlement d'A.P. pour la procédure d'instructions des demandes d'autorisation d'usines hydrauliques.

2°- Le plan du barrage avec profil en long des berges de la rivière, sur la rive droite du côté du barrage (la rive gauche appartenant à M. Bolloré) en prolongement dudit barrage sur une longueur de : trois cent trente sept mètres avec altitudes prises par rapport à la crête actuelle du barrage.

3°- Le plan des vannes d'entrée du canal.

4°- Le plan cadastral aux abords du barrage.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de notre considération la plus distinguée.

Signé: R. Bolloré

Vu par le Maire soussigné
Ergué-Gabéric le 1er Mai 1923
Signé : Le Roux

Pour copie conforme, Quimper le 27 Septembre 1923 P. l'Ingénieur Ordinaire.

Papeteries d'Odet.
Personnelle.

Odet, le 29 Octobre 1923
Monsieur le Préfet du Finistère
Hôtel de la Préfecture
Quimper

Monsieur le Préfet,

Je me permets d'attirer votre attention sur l'utilité qu'il y a (en dehors de toute considération personnelle) dans l'intérêt général à exécuter le relèvement du barrage des Papeteries d'Odet.

Le mot relèvement est improprement employé puisqu'il s'agit en réalité, de la stabilisation définitive d'un état de faits qui existe depuis 40 ou 50 ans.

Il s'agit, en effet, de régulariser un état de choses dont le statu quo est devenu impossible :
1°.- Par la mise en demeure des Eaux et Forêts.
2°.- Par les exigences de plus en plus élevées d'un riverain situé en amont.

Si la stabilisation de cet état de choses ne nous était pas accordée, nous perdrions une quantité d'eau considérable, représentant, peut-être une dépense de 5 à 600 tonnes de charbon, dont la valeur actuelle serait de 80 à 90.000 francs ; c'est donc une importation supplémentaire annuelle d'environ 90.000 francs, qui nuirait à notre change et qui ne serait pas du tout dans les directives du Gouvernement, qui incite énergiquement tous les industriels à employer la houille blanche.

Cette diminution d'eau constituerait également une diminution de notre exportation dans une proportion considérable et le résultat serait une diminution de bénéfice considérable dont l'État touche plus de 50%.

La question est donc de savoir si l'État a intérêt à négliger des rentrées de finances considérables.

Je me permets, Monsieur le Préfet, de vous faire remarquer que l'industrie du papier à cigarettes est une des industries les plus fortes d'exportation depuis la loi de prohibition, aux États-Unis, des vins et liqueurs, elle arrive maintenant en second lieu après la couture ; dans ces conditions, Monsieur le Préfet, je ne doute pas un seul instant, que vous puissiez m'accorder la régularisation de cet état de choses, qui est tellement dans l'intérêt général et dans les directives du gouvernement.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

R. Bolloré