Jean Espern sur les barricades du 1er mai à Paris, journaux locaux, L'Humanité 1934
Un article de GrandTerrier.
| Un manifestant natif de Quélennec en Ergué-Gabéric, arrêté le 2 mai 1934 par la police suite aux violences dans la cité Jeanne-d'Arc dans le 13e arrondissement de Paris.
Les événements sont relatés dans les journaux locaux, notamment l'Ouest-Eclair Autres lectures : « Lockout et revendications des ouvriers de la mine d'antimoine, journaux loc. Humanité 1927 » ¤ « GAYE G. et A. & LOCARD J.P. - Quand Saint-Chéron vivait au rythme des carrières » ¤ « Les carrières ne s'éteindront pas ! » ¤ « CHAUVEUR Henri - Les pavés de Saint-Chéron » ¤ |
1 Présentation
Les émeutes de la cité Jeanne d'Arc le 1er mai 1934 à Paris ont été mentionnées très brièvement dans les journaux locaux « Le Finistère » et le « Courrier du Finistère ». Par contre dans « L'Ouest-Eclair » Ces deux journaux font même la morale : « Ces trois petits Bretons auraient sans doute pu vivre chez eux, sinon dans l'opulence, du moins dans la paix et l'honnêteté, tandis que là-bas ... Puisse du moins leur exemple servir de leçon à d'autres qui pourraient se laisser tenter par le même rêve. » Dans le journal communiste « L'Humanité », le déroulement de cette journée du 1er mai est détaillé, avec tout d'abord des échauffourées pendant la manifestation à Alfortville, puis des barricades et des tirs devant la cité Jeanne-D'arc du 13e arrondissement en fin d'après-midi et pendant la nuit. Le journaliste Paul Vaillant-Couturier Il ne s'agit pas de simples débordements, mais d'une rébellion plus profonde qui d'ailleurs peut expliquer l'arrivée du Front Populaire en 1936. L'un des combattants bretons donne son interprétation : « La misère ! Nous avons trop de misère. Montez donc chez moi, et vous verrez si on peut redouter la mort pour sortir d'où nous sommes. ». Le journaliste obéit à l'injonction : « Je suis monté au "domicile" de Sinquin, sis au troisième étage de la trop fameuse cité, et je dois avouer que le Scaërois n'avait pas exagéré : je n'ai jamais rien vu de plus sordide, de plus sale, de plus triste que ce pauvre taudis. » La cité Jeanne-d'Arc sera entièrement rasée en 1939. En mai 1934, une vingtaine d'ouvriers, la plupart âgés d'environ 25 ans, sont arrêtés pendant les émeutes, et surtout le lendemain matin de très bonne heure : |
« Vers 5 heures, des flics en bourgeois entrent dans la cité, où jusque-là personne ne s'est risqué. Sans mandat, ils arrêtent. Une femme, dans un escalier, simplement, parce qu'elle n'est pas couchée. ». Parmi les ouvriers arrêtés, on compte Jean Espern né le 22 février 1906 à Quélennec, ses parents Mathias Espern et Marie Anne Le Meur y étant agriculteurs. Sans doute est-il venu en région parisienne après la vague d'émigration de gabéricois aux carrières de Saint-Chéron dans les années 1890-1910, car on trouve des Espern et des Le Meur de Quélennec dans la liste des émigrants carriers et terrassiers. A priori, Jean Espern ne restera pas longtemps en prison après les événements de mai 1934 et quittera la cité Jeanne-d'Arc pour revenir au pays. En 1949, il se mariera avec Marie Catherine Daoudal à Ergué-Armel où il décèdera en 1953. A l'instar du journaliste de l'Union Agricole, il a peut-être déclamé les vers du poète Auguste Brizeux, déraciné également : « Oh ! ne quittez jamais, c'est moi qui vous le dis, Le devant de la porte où l'on jouait jadis ... » |
2 Transcriptions
L'Ouest-Eclair, 03.05.1934 :
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L'Humanité, 02.05.1934 :
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3 Coupures de presse
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4 Annotations
- L'Ouest-Éclair est un ancien quotidien régional français, créé par deux Bretons chrétiens d'une sensibilité républicaine et sociale, l'abbé Félix Trochu, prêtre en Ille-et-Vilaine, et Emmanuel Desgrées du Lou, natif de Vannes, commissaire de la Marine, puis avocat. Les ventes décollent après la Première Guerre mondiale et, en 1930, le patron embauche son gendre, Paul Hutin, un Lorrain de 42 ans qui deviendra son gendre. Le journal rayonnait, à ses débuts, sur cinq régions, la Bretagne, la Normandie, l'Anjou, le Maine et le Poitou, comme Journal républicain du matin. En 1940, Paul Hutin, militant antinazi comme sa femme, souhaite que L'Ouest-Eclair ne paraisse pas sous le joug allemand et s'engage dans la Résistance. L'Ouest-Éclair sera interdit à la Libération pour acte de collaboration. Paul Hutin revient à Rennes, à peine libérée, le 4 août 1944 pour créer le Ouest-France. [Ref.↑ 1,0 1,1]
- L'Union agricole et maritime, qui a d'abord été appelée L'Union agricole du Finistère est un journal local d'informations générales qui a paru à Quimperlé (Finistère) de 1884 à 1942. Il a connu des orientations éditoriales différentes, selon ses propriétaires successifs. La périodicité a aussi été variable : bi-hebdoadaire, tri-hebdomadaire et hebdomadaire. Avec pour sous-titre Organe Républicain Démocratique de la région du Nord-Ouest, le journal paraît le 1er août 1884 à l'initiative du conseiller général de Quimperlé, James Monjaret de Kerjégu, un riche propriétaire terrien et ancien diplomate résidant à Scaër. [Ref.↑]
- Paul Couturier (1892-1937), connu sous le pseudonyme de Paul Vaillant-Couturier, est un écrivain, journaliste et homme politique français. Il a participé à la fondation du Parti communiste français, et a collaboré aux journaux du Canard enchaîné et de L'Humanité. [Ref.↑ 3,0 3,1]
- Lucien Monjauvis (1904-1986) est un homme politique et syndicaliste français. Il est député communiste de la Seine (2e circonscription du 13e arrondissement de Paris) de 1932 à 1936. [Ref.↑ 4,0 4,1 4,2]
- Poème d'Auguste Brizeux, recueil "Marie" : « Oh ! ne quittez jamais, c'est moi qui vous le dis, Le devant de la porte où l'on jouait jadis... » [Ref.↑]
Thème de l'article : Revue de presse Date de création : Décembre 2018 Dernière modification : 29.12.2018 Avancement : [Développé] |