Dans la soirée du 1er Mai dernier, des révolutionnaires ont dressé des barricades rue Nationale, puis se sont retranchés dans des immeubles, d'où ils ont tiré sur la police. Après un siège en règle, qui dura une bonne partie de la nuit, la police resta maîtresse de la place.
Le lendemain matin, plusieurs arrestations étaient opérés, dont celles de trois Bretons : Jean-Marie Sinquin, François Péret, de Rosporden, et Jean Espern, d'Ergué-Gabéric.
À un de nos confrères qui l'interrogeait sur les mobiles qui avaient armé son bras, Sinquin répondit : « La misère ! Nous avons trop de misère. Montez donc chez moi et vous verrez si on peut redouter la mort pour sortir d'où nous sommes ».
Beaucoup d'autres auraient sans doute pu faire la même réponse.
Ils étaient venus dans la grande ville à la recherche du bonheur ; ils ont trouvé la misère, la misère noire, si noire que la mort même serait pour eux presque une délivrance.
Et l'on se demande avec notre confrère « pourquoi tant de travailleurs quittent aussi facilement leurs champs, leur campagne, le pays de leurs ancêtres pour venir mener pareille vie dans la capitale ».
Ces trois petits Bretons auraient sans doute pu vivre chez eux, sinon dans l'opulence, du moins dans la paix et l'honnêteté, tandis que là-bas ...
Puisse du moins leur exemple servir de leçon à d'autres qui pourraient se laisser tenter par le même rêve.
Puissent-ils lire et méditer les vers du poëte :
« Oh! ne quittez jamais, c'est moi qui vous le dis, Le seuil de la maison où l'on jouait jadis. »
J. G.
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