Va Breudeur, va Mignonet,
Mes Frères, mes Amis,
Ni a so cals tud er brovinç-man daspunet hac assamblet dre bermission ar Roue evit cench ha soulagi ar bobl a so re goasquet gant an dud-gentil.
Nous sommes beaucoup de gens de cette province, réunis et assemblés, par permission du Roi, pour changer et soulager le peuple qui est trop opprimé par le gentishommes.
Cals a enoriou o deus ; ne disputomp quetan dra-se dezo, maes ne baeont quet bervez o madou ar pez a dleont contribui vis-à-vis deomp.
Ils ont beaucoup d'honneurs (droits honorifiques) ; nous ne leur disputons pas cela ; mais ils ne paient pas selon leurs biens ce qu'ils doivent contribuer vis-à-vis de nous.
A bell so e collomp cals ganto voar an taxou public pe guiriou ar Roue. Lod anezo a baeomp hon-unan toutafaet, ha ne baeont tam eus al lod-se ; haa diouz al loden-all ne baeont quet menes ar bevare.
Depuis longtemps nous perdons beaucoup avec eux sur les taxes publiques ou droits du Roi. Nous en payons une partie nous-mêmes tout à fait, et ils ne paient rien de cette partie-là ; et de l'autre partie ils ne paient même pas le quart.
An dra-se so caus penaus ni tud quelennet mad hac a so eus ar memes Stadt eveldoc'h, hon eus goulennet digant ar Roue sicour evet ma vize an oll guiriou ingalet.
Cela est cause que nous, gens bien instruits et du même état que vous, nous avons demandé secours au Roi pour que tous les droits soient égalisés.
Clevet omp bet ; dont a ra ar Roue d'hor sicour ; permeti a ra deomp goulen justiç ha guirione.
Nous avons été entendus ; le Roi vient à notre secours ; il nous permet de demander justice et vérité.
Assamblet eo bet ar Stadou an navet varnuguent a vis querzu. Assamblet omp bet eiz dez hep gallout en em gleout ; ne falle quet d'an Noblanç permeti e vize lennet hor goulennou. Ni an Trede-Stadt, en hon hano hac en hoc'h hini, hon eus reüsset ober al labour comun d'an tri Urz eus ar Stadou, quen na vize gret justiç d'ar bobl. En em adresset omp an eil hac eguile ac'hanomp d'ar Roue, hac e Vajeste sacr ha mignon d'ar bobl e deus ordrenet e vize separet ar Stadou ahan d'an teirvet a vis c'huevreur.
Les Etats ont été assemblé le 29 du mois de décembre. Nous avons été assemblés huit jours sans pouvoir nous entendre ; la Noblesse ne voulait pas permettre la lecture de nos demandes. Nous, le Tiers-Etat, en notre nom et au vôtre, nous avons refusé de faire le travail commun aux trois ordres des Etats, jusqu'à ce qu'il fût fait justice au peuple. Nous nous sommes adressés, l'un et l'autre de nous, au Roi, et sa Majesté sacrée et amie du peuple a ordonné que les Etats seraient séparés d'ici au 3 février.
Ordrenet eo deomp ahan d'an amser-se d'en em pleout tout da c'hout mar dalc'homp mat d'hor goulennou.
Il nous a été ordonné d'ici là de nous entendre tous pour savoir si nous tiendrons bon à nos demandes.
Chetu petra c'houlennomp.
Voici ce que nous demandons.
Da guenta, goulen a reomp ne yalo mui den, na divar ar meas na diouz quear, da labourat dre gontraign var an henchou bras, pere a vezo raparet gant tud a volonte vad var misou ar C'hlerge, an Noblanç, hac an Trede-Stad.
Premièrement, nous demandons qu'il n'aille plus personne, ni de la campagne ni de la ville, travailler, par contrainte sur les grands chemins, qui seront réparés par des gens de bonne volonté, aux frais du Clergé, de la Noblesse et du Tiers-Etat.
D'an eil, goulen a reomp penaus ne vo quet tennet d'ar billet, nac evit ar gardecot, nac evit martolodet, hac e vo paet tud a volonte vad var misou d'an oll, quen a Ilis, quen a Noblanç, quen a Bobl.
Deuxièmement, nous demandons qu'il ne soit pas tiré au sort, ni pour les garde-côtes, ni pour les matelots, et qu'il soit payé des gens de bonne volonté, à frais communs, tant de la Noblesse, tant du Peuple.
D'an drede, goulen a reomp penaus e vo graet charrea an troupou dre varc'hat, gant nep a so boaset, voar misou ha coust an tri urz.
Troisièmement, nous demandons que les troupes soient transportées par ceux qui y sont habitués, par marché, aux frais et dépens des trois ordres.
D'ar bevare, goulen a reomp penaus an taillou a vo laquet en ur roll elec'h ma paeo ar Veleyen, an Noblanç hac an Trede-Stad, hervez o madou foncier. Ar Veleyen ne baeeint quet evit an deog, an Nonlanç a baeo evit e renchou e peb parres.
Quatrièmement, nous demandons que les tailles soient mises en un rôle où paieront les Prêtres, la Noblesse et le Tiers-Etat selon leurs biens fonciers. Les prêtres ne paieront pas pour la dîme. La noblesse paiera pour ses rentes dans chaque paroisse.
D'ar bempet, goulen a reomp penaus ar veleyen a bep stat, pere a baë deja cals d'ar Roue, ispicial ar bersonnet hac ar chepeliou, a baeo a vreman ar gabitation aguis ar rest eus ar rouantelez ; ar pez a soulageo ar beleyen divar meas, hac a allo crisqui ar pez a baë nep o deveus beneiçou bras ; ha decimou ne vezo mui paet.
Cinquièmement, nous demandons que les prêtres de tous états, qui déjà paient beaucoup au Roi, et spécialement les recteurs et les chapelles, paient désormais la capitation comme le reste du royaume ; ce qui soulagera les prêtres de la campagne et pourra augmenter ce que paient ceux qui ont de gros bénéfices ; et il ne sera plus payé de décimes.
D'ar c'huec'hvet, goulen a reomp penaus an Noblanç, pehini n'en deus paet bete breman nemet an trivec'hvet eus an taxpen, pe ar gabita-
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