- « sept fils d’une même maison, allant
- en terre dans une même charrette »
![](/wiki/thumb.php?f=CharPesteElliant.jpg%E2%80%8E&w=220) | Tableau de Louis Duveau (Musée de Quimper) | ![](/wiki/loading_static.gif) |
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![](/wiki/thumb.php?f=Luzel-Bosenn-couv.jpg&w=220) | Couverture Gwerziou | ![](/wiki/loading_static.gif) |
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![](/wiki/thumb.php?f=FrancoisLuzel.jpg&w=220) | F.-M. Luzel | ![](/wiki/loading_static.gif) |
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La version la plus connue de cette « gwerz » [1] bretonne est celle du Barzaz Breiz de Théodore Hersart de la Villemarqué. Mais celle publiée par l'archiviste François-Marie Luzel est plus qu'intéressante, car il cite ses sources et ajoute des variantes, dont une strophe localisée au Grand-Ergué.
BOSENN ELLIANT
I
— Anter-kant nozwes ez on bet
’N ur parkik bihan balanek ;
’N ur parkik bihan balanek,
O klask laeres kleïer ’nn Drindet.
Ar c’hleïer a zone ho zri,
— Olier baour, krouget a vi !
’Ma ’r Vosenn-wenn e penn da di,
Pa garo Doue, ial’ en ti. —
— Pa deui en ti, me ial’ e-mez.
Meur da galon a gra diez !
Kalon intanv hag intanves,
Kalon minor ha minores ! ...
II
Et eo ar vosenn a Elliant,
Et ’zo gant-hi seiz mill ha kant !
Kriz ’vije ’r galon na oelje,
E borc’h Elliant nep a vije,
O welet seiz mab ’n un tiad
O vont d’ann douar ’n ur c’harrad !
Ar vamm baour euz ho charread,
Ann tad war-lerc’h o c’huibanad ;
Ann tad war-lerc’h o c’huibanad,
Kollet gant-han he skiant-vad ! ...
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LA PESTE D'ELLIANT
I.
— Cinquante nuits j’ai été
Dans un petit champ de genêts ;
Dans un petit champ de genêts,
Cherchant à voler les cloches de la Trinité.
Les cloches sonnaient toutes les trois :
— Pauvre Olivier, tu seras pendu !
La Peste blanche est au pignon de ta maison.
— Quand il plaira à Dieu, elle entrera.
Quand elle entrera, moi je sortirai,
Que de cœurs elle met en peine !
Cœur de veuf et de veuve,
Cœur d’orphelin et d’orpheline ! ...
II
La Peste est partie d’Elliant,
Elle a emporté sept mille et cent !
Cruel eut été le cœur de celui qui n’eut pleuré,
S’il eut été au bourg d’Elliant,
En voyant sept fils d’une même maison.
Allant en terre dans une même charrette !
La pauvre mère les traînait,
Le père suivait en sifflant ;
Le père suivait en sifflant,
Il avait perdu la raison ! ....
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§ Suite des strophes 2 et 3, breton et traduction française
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Red ’oe arreti ’nn ofern-bred,
Gant trouz ar c’hiri houarnet……
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
— Aotro sant Jili, eme-z-hi,
Lojet ma bugale ’n ho ti ! —
— Penaoz hallfenn-me ho lojo,
Karget m’iliz bet’ ann treuzou ;
Karget m’iliz bet’ ann treuzou,
Ha ma bered, bet’ ar muriou !
Dao e benniga ar parkou,
Wit lakad lod euz ar c’horfou :
Dao e benniga ar c’hroaziou,
Ewit arreti ann Ankou ! —
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Il fallait interrompre la grand’messe,
A cause du bruit des charrettes ferrées.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
— Seigneur saint Gily, disait-elle.
Logez mes enfants dans votre maison ! —
— Comment pourrais-je les loger ?
Mon église est pleine, jusqu’aux seuils ;
Mon église est pleine, jusqu’aux seuils,
Et mon cimetière, jusqu’aux murs ! —
Il faut bénir les champs,
Pour mettre une partie des cadavres ;
Il faut bénir les croix,
Pour arrêter la Mort ! —
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III
E’borc’h Gourin, war un doal-wenn,
Ez oa skrivet gwerz [1] ar vosenn ;
’N dimezell iaouank hi c’hane,
Ur c’hloarek iaouank a skrive.
Kanet gant Gaït, maoues a 70 vloaz,
en paroz Plomeur (Finistère) en miz Ewenn, 1868.
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III
Au bourg de Gourin, sur une nappe blanche,
Fut écrit le gwerz [1] de la Peste ;
Une jeune demoiselle le chantait,
Un jeune clerc écrivait.
Chanté par Marguerite, femme de 70 ans,
dans la commune de Plomeur (Finistère) au mois de juin 1868.
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Luzel précise que la gwerz [1] provient d'un collectage d'amis organisé par son collègue Le Men des archives départementales : « Cette pièce et la note suivante [2] m’ont été communiquées par mon ami M. Le Men, archiviste du département du Finistère, qui a publié l’année dernière une nouvelle édition du Catholicon de Jehan Lagadeuc, dictionnaire breton, latin et français, imprimé pour la première fois à Tréguier en 1499. La traduction est de moi. ».
Variante de la fin de la strophe 2, fournie par Louis-François Sauvé [3] :
Person Elliant ’zo bet kuitet,
D’ann Erge-vraz brema ‘z eo et ;
Preparet ’n euz ur walik-wenn,
Da roï d’ann dut ann absolvenn ;
Da roï d’ann dut ann absolvenn,
D’ar re ’ oa klan gant ar vosenn !
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Le recteur d’Elliant est parti,
Il est allé au Grand-Ergué ;
Il a préparé une baguette blanche,
Pour donner l’absolution aux gens ;
Pour donner aux gens l’absolution,
À ceux qui étaient malades de la peste !
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Autres lectures : « SAUVÉ Louis-François - Lavarou koz a Vreiz-Izel » ¤ « VILLEMARQUÉ Théodore Hersart (de la) - Le Barzaz Breiz » ¤ « ROUZ Bernez & TREGUER Mikeal - ar Vosenn Nevez, la Peste Nouvelle » ¤ « 1712 - L'ancien cantique de Kerdévot » ¤ « KERGOURLAY Guillaume - La Peste d'Elliant, rhapsodie macabre » ¤
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