BAFFAIT Bernard - Le Chevalier Kerstrat, Chouans noirs
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- | Dans la série du Chevalier Kerstrat, « <i>Chouans Noirs</i> » est la suite du roman historique « <i>Chouan des Lumières</i> ». Dans le premier tome, Jean-Hyacinthe Tréouret <ref>Les Tréouret de Kerstrat étaient domiciliés dans le manoir de Trohanet de Briec, trêve de Langolen. Jean-Hyacinthe Tréouret de Kerstrat (1774-1795) sera condamné à mort comme « <i>émigré rentré</i> » et fusillé le 16 vendémiaire de l'an 4 .</ref> de Kerstrat évoluait parmi des compagnons animés par un idéal et un code de l'honneur. | + | Dans la saga historique du Chevalier Kerstrat, « <i>Chouans Noirs</i> » est la suite du « <i>Chouan des Lumières</i> ». Dans le premier tome, Jean-Hyacinthe Tréouret <ref>Les Tréouret de Kerstrat étaient domiciliés dans le manoir de Trohanet de Briec, trêve de Langolen. Jean-Hyacinthe Tréouret de Kerstrat (1774-1795) sera condamné à mort comme « <i>émigré rentré</i> » et fusillé le 16 vendémiaire de l'an 4 .</ref> de Kerstrat évoluait parmi des compagnons animés par un idéal et un code de l'honneur. |
Dans le deuxième récit, le désastre de Quiberon a semé le découragement parmi les combattants du roi. Des chefs de guerre vont continuer cependant le combat, en pratiquant des trafics profitables, des chantages et des assassinats. | Dans le deuxième récit, le désastre de Quiberon a semé le découragement parmi les combattants du roi. Des chefs de guerre vont continuer cependant le combat, en pratiquant des trafics profitables, des chantages et des assassinats. | ||
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* Tout d'abord, le point central du livre est situé sur Ergué-Gabéric, à proximité du manoir de Pennarun, l'habitation historique des Gélin, et d'où sont lancés les expéditions punitives contre les « <i>patauds</i> », les curés constitutionnels et les acheteurs de biens nationaux et, ce à Langolen, Querrieb, Coray, Elliant ... | * Tout d'abord, le point central du livre est situé sur Ergué-Gabéric, à proximité du manoir de Pennarun, l'habitation historique des Gélin, et d'où sont lancés les expéditions punitives contre les « <i>patauds</i> », les curés constitutionnels et les acheteurs de biens nationaux et, ce à Langolen, Querrieb, Coray, Elliant ... | ||
- | * Le personnage de Gélin et son rôle de chef de division y sont précisément détaillés : « <i>un homme proche de la trentaine, vêtu de hauts de chausse – ces culottes bouffantes qu’affectionnaient les paysans bretons – et d’une veste longue ouverte sur une chemise d’un blanc écru</i> », | + | * Le personnage de Gélin et son rôle de chef de division y sont précisément détaillés : « <i>un homme proche de la trentaine, vêtu de hauts de chausse – ces culottes bouffantes qu’affectionnaient les paysans bretons – et d’une veste longue ouverte sur une chemise d’un blanc écru</i> » ; « <i>Il avait une bonne amie au château de Québlen en Quimperlé. Mais il se terre comme un renard sur ses terres, et ses terres, c’est sur Ergué ! </i>», et s'il était couramment appelé Gélin il portait aussi le surnom de Silvin <ref>D'après une citation de Jean-François Douguet (« <i>Elliant et Tourc'h : Deux communautés dans la révolution</i> »), lors de la préparation du procès du chouan Jean Baptiste Riou, ce dernier indique que Gélin et du Brieux étaient ses chefs. Un reçu est signé de trois noms : « <i>Quimper : chef de division. Silvin : chef de division. Lamarvet : officier secrétaire</i> ».</ref> : « <i>Mon nom ici est le Loup gris. Quel est le véritable nom de Silvain ? — Gélin.</i> » |
- | (pseudo Silvin, Queblen, Riou), ... | + | * Les lieutenants et associés de Gélin ont une part importante dans les combats contre les escouades républicaines : Du Brieux (ami de Kerstrat), Jean-Baptiste Riou, et Lamarvet (décrit comme étant d'Ergué), sans oublier les autres de Briec et du centre finistère : Michel de Cornuaille, Frollo, Le Paige dit "De Bar" ... |
- | * Les autorités républicaines de Quimper ... | + | * Les autorités républicaines de Quimper ne sont pas oubliées, et notamment le procureur Abgrall, le commissaire Le Goazre, et Claude Royou dit Guermeur, . Il y a aussi l'évocation du juge de paix et député de Briec, Per Briant, qui reçoit la visite de l'émissaire du Directoire quimpérois, Salomon Bréhier (celui là même qui deviendra maire d'Ergué-Gabéric en 1808). |
- | * Les tommeriens ... | + | * Et enfin les « <i>tommeriens</i> », les chauffeurs en breton, des bandits qui sévissaient en pays glazik, et qui, parait-il, étaient « <i>payés par les républicains pour jouer aux contre-chouans et terroriser les campagnes en se saisissant des paysans pour les faire avouer où ils cachaient leurs pauvres économies</i> ». Leur méthode de torture : brûler les pieds de leurs victimes sur les braises ou sur une billig (plaque de cuisson de crèpes). |
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- | * Per Briant et Brehier ... | + | |
Manifestement la série du chevalier Kerstrat de Bernard Baffait est une évocation très bien argumentée de la période révolutionnaire : ce n'est pas un roman historique de plus, c'est un véritable récit historique délicatement romancé. Tous les détails, les personnages, les situations y sont crédibles, au cœur de ce pays bas-breton, en contexte de guerre, de terreur, d'émigration et de chouannerie ... | Manifestement la série du chevalier Kerstrat de Bernard Baffait est une évocation très bien argumentée de la période révolutionnaire : ce n'est pas un roman historique de plus, c'est un véritable récit historique délicatement romancé. Tous les détails, les personnages, les situations y sont crédibles, au cœur de ce pays bas-breton, en contexte de guerre, de terreur, d'émigration et de chouannerie ... | ||
- | Autres lectures : [http://www.baffait.fr www.baffait.fr]{{Tpg|Le manoir de Pennarun}}{{Tpg2|:Category:Pennarun|Archives de Pennarun}}{{Tpg|1791 - Droits de rachat de la tenue de Squividan des enfants Gélin sous domaine royal}}{{Tpg|1792-1795 - Liste des citoyens absents et réputés émigrés}}{{Tpg|An dommerien, les chauffeurs, Feiz ha Breiz 1908}}{{Tpg|La vision de Déguignet sur les apports et méfaits de la Grande Révolution}} | + | Autres lectures : [http://www.baffait.fr www.baffait.fr] {{Tpg|Le manoir de Pennarun}}{{Tpg2|:Category:Pennarun|Archives de Pennarun}}{{Tpg|1791 - Droits de rachat de la tenue de Squividan des enfants Gélin sous domaine royal}}{{Tpg|1792-1795 - Liste des citoyens absents et réputés émigrés}}{{Tpg|An dommerien, les chauffeurs, Feiz ha Breiz 1908}}{{Tpg|La vision de Déguignet sur les apports et méfaits de la Grande Révolution}} |
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==Extraits== | ==Extraits== | ||
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Cariou opina au nom de Kerstrat. Oui, dit-il, tout le pays Glazik avait entendu parler du retour dans la région du jeune Kerstrat. Monsieur le comte, son père, était un notable respecté et estimé. Une rumeur courait depuis quelque temps : le Directoire de Montagne-sur-Odet, le paysan cracha à ce nom dont les Patauds avaient rebaptisé leur Quimper-Caourintin, recherchait activement le jeune noble. Une connaissance au sein de la police lui avait même murmuré confidentiellement qu’on avait dressé un portrait à partir de témoignages, et qu’il ne tarderait pas à être capturé. Si les Bleus l’avaient pris à l’aube, il devait être présentement incarcéré à Quimper. | Cariou opina au nom de Kerstrat. Oui, dit-il, tout le pays Glazik avait entendu parler du retour dans la région du jeune Kerstrat. Monsieur le comte, son père, était un notable respecté et estimé. Une rumeur courait depuis quelque temps : le Directoire de Montagne-sur-Odet, le paysan cracha à ce nom dont les Patauds avaient rebaptisé leur Quimper-Caourintin, recherchait activement le jeune noble. Une connaissance au sein de la police lui avait même murmuré confidentiellement qu’on avait dressé un portrait à partir de témoignages, et qu’il ne tarderait pas à être capturé. Si les Bleus l’avaient pris à l’aube, il devait être présentement incarcéré à Quimper. | ||
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+ | — Je vais vous prier de demeurer ici une couple d’heures. Il me faut essayer de contacter des hommes de Gélin. Il se déplace beaucoup dans la région pour rester en sécurité. Vous savez que le manoir de Pennarun qui appartenait à sa famille a été vendu comme bien national il y a peu. Mais Gélin – comme on l’appelle depuis – a des fidèles, comme son meunier, ou des anciens métayers. On dit même que les nouveaux propriétaires tremblent devant lui ! Il va et vient comme il lui plaît mais, hélas, il faut aussi tenir compte d’une trahison toujours possible. | ||
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- | — Je vais vous prier de demeurer ici une couple d’heures. Il me faut essayer de contacter des hommes de Gélin. Il se déplace beaucoup dans la région pour rester en sécurité. Vous savez que le manoir de Pennarun qui appartenait à sa famille a été vendu comme bien national il y a peu. Mais Gélin – comme on l’appelle depuis – a des fidèles, comme son meunier, ou des anciens métayers. On dit même que les nouveaux propriétaires tremblent devant lui ! Il va et vient comme il lui plaît mais, hélas, il faut aussi tenir compte d’une trahison toujours possible. | ||
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Au bout d’une heure, un homme émergea du chemin et s’arrêta à l’entrée de la cour, balayant du regard la maison, le puits, la grange et les remises. Puis son regard s’arrêta sur Du Brieux qui le regardait également sans bouger. Il détailla la silhouette mince d’un homme proche de la trentaine, vêtu de hauts de chausse – ces culottes bouffantes qu’affectionnaient les paysans bretons – et d’une veste longue ouverte sur une chemise d’un blanc écru. Des guêtres de forte toile grise enserraient ses jambes et il avait de forts souliers de cuir aux pieds. Son visage allongé restait dans l’ombre d’un vaste chapeau rond qui avait perdu toute couleur. Au bout d’un moment, après avoir jeté un dernier regard circulaire, l’homme s’avança vers le chevalier. Celui-ci descendit de son siège improvisé et fit un pas vers l’inconnu en détaillant son visage. La large bouche était une fente étroite sur des lèvres serrées. Le nez était long et droit et les yeux bleus très rapprochés. | Au bout d’une heure, un homme émergea du chemin et s’arrêta à l’entrée de la cour, balayant du regard la maison, le puits, la grange et les remises. Puis son regard s’arrêta sur Du Brieux qui le regardait également sans bouger. Il détailla la silhouette mince d’un homme proche de la trentaine, vêtu de hauts de chausse – ces culottes bouffantes qu’affectionnaient les paysans bretons – et d’une veste longue ouverte sur une chemise d’un blanc écru. Des guêtres de forte toile grise enserraient ses jambes et il avait de forts souliers de cuir aux pieds. Son visage allongé restait dans l’ombre d’un vaste chapeau rond qui avait perdu toute couleur. Au bout d’un moment, après avoir jeté un dernier regard circulaire, l’homme s’avança vers le chevalier. Celui-ci descendit de son siège improvisé et fit un pas vers l’inconnu en détaillant son visage. La large bouche était une fente étroite sur des lèvres serrées. Le nez était long et droit et les yeux bleus très rapprochés. | ||
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+ | — Je connais bien Georges. À mon tour de me présenter : Marie Hyacinthe de Geslin, pour vous servir, chevalier. | ||
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— Le jugement a été exécuté. Rompez les rangs ! | — Le jugement a été exécuté. Rompez les rangs ! | ||
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+ | Ils avaient aperçu sur le haut de la colline un manoir à la sobre architecture, entouré de communs, que Victor Du Brieux lui nomma. C'était Pennarun, classé « bien national » puisque le propriétaire avait émigré, et vendu à un « vollotin » couard comme un lièvre, fermant très fort les yeux pour ne pas voir les chouans rôder sur ses terres. | ||
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+ | En bas de la colline coulait un important ruisseau qui alimentait une retenue d'eau. Le moulin y puisait son énergie ... | ||
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Version du 16 novembre ~ miz du 2014 à 10:17
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Notice bibliographique
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Dans la saga historique du Chevalier Kerstrat, « Chouans Noirs » est la suite du « Chouan des Lumières ». Dans le premier tome, Jean-Hyacinthe Tréouret Et parmi eux Marie-Hyacinthe de Geslin du château de Pennarun en Ergué-Gabéric, dont la légende disait qu'il était resté en résistance sur ses terres familiales : « Il commande une bande de Chouans ; la rumeur dit qu’il a la main lourde. Il impose des prélèvements aux agriculteurs, un impôt aux gens de la ville, et gare à celui qui cherche à se défiler ! Il aurait du sang sur les mains ». L'histoire commence en octobre 1795 par l'épisode imaginé de l'évasion du héros Kerstrat qui allait être fusillé à Brest par un peloton d'exécution suite à sa condamnation pour avoir « fait partie du Rassemblement armé contre la République ». Cet épisode nous permet de vivre avec lui les affrontements entre les Républicains et les Chouans noirs de la région d'Ergué-Gabéric, Briec et Gourin :
Manifestement la série du chevalier Kerstrat de Bernard Baffait est une évocation très bien argumentée de la période révolutionnaire : ce n'est pas un roman historique de plus, c'est un véritable récit historique délicatement romancé. Tous les détails, les personnages, les situations y sont crédibles, au cœur de ce pays bas-breton, en contexte de guerre, de terreur, d'émigration et de chouannerie ... Autres lectures : www.baffait.fr « Le manoir de Pennarun » ¤ « Archives de Pennarun » ¤ « 1791 - Droits de rachat de la tenue de Squividan des enfants Gélin sous domaine royal » ¤ « 1792-1795 - Liste des citoyens absents et réputés émigrés » ¤ « An dommerien, les chauffeurs, Feiz ha Breiz 1908 » ¤ « La vision de Déguignet sur les apports et méfaits de la Grande Révolution » ¤ |
Extraits
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Annotations
- Les Tréouret de Kerstrat étaient domiciliés dans le manoir de Trohanet de Briec, trêve de Langolen. Jean-Hyacinthe Tréouret de Kerstrat (1774-1795) sera condamné à mort comme « émigré rentré » et fusillé le 16 vendémiaire de l'an 4 . [Ref.↑]
- D'après une citation de Jean-François Douguet (« Elliant et Tourc'h : Deux communautés dans la révolution »), lors de la préparation du procès du chouan Jean Baptiste Riou, ce dernier indique que Gélin et du Brieux étaient ses chefs. Un reçu est signé de trois noms : « Quimper : chef de division. Silvin : chef de division. Lamarvet : officier secrétaire ». [Ref.↑]
Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Date de création : Novembre 2013 Dernière modification : 16.11.2014 Avancement : [Fignolé] |