Jean Espern sur les barricades du 1er mai à Paris, journaux locaux, L'Humanité 1934
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Dans le journal communiste L'Humanité le déroulement de cette journée du 1er mai est détaillé, avec tout d'abord des échafourés pendant la manifestation à Alfortville, puis des barricades et des tirs devant la cité Jeanne-D'arc du 13e arrondissement en fin d'après-midi et pendant la nuit. Le journaliste Paul Vaillant-Couturier <ref name="PaulVaillant-Couturier">{{Paul Vaillant-Couturier}}</ref> y écrit : « <i>À peine la bataille d'Alfortville se terminait qu'une nouvelle provocation policière qui établit sans contestation possible la préméditation du gouvernement pour faire du Premier Mai une journée sanglante, éclatait. Cette fois c'était dans le treizième, où les ouvriers et les étudiants manifestaient pour exiger la libération de leur élu arrêté le matin, Monjauvis <ref name="Monjauvis">{{PR-Monjauvis}}</ref></i> » | Dans le journal communiste L'Humanité le déroulement de cette journée du 1er mai est détaillé, avec tout d'abord des échafourés pendant la manifestation à Alfortville, puis des barricades et des tirs devant la cité Jeanne-D'arc du 13e arrondissement en fin d'après-midi et pendant la nuit. Le journaliste Paul Vaillant-Couturier <ref name="PaulVaillant-Couturier">{{Paul Vaillant-Couturier}}</ref> y écrit : « <i>À peine la bataille d'Alfortville se terminait qu'une nouvelle provocation policière qui établit sans contestation possible la préméditation du gouvernement pour faire du Premier Mai une journée sanglante, éclatait. Cette fois c'était dans le treizième, où les ouvriers et les étudiants manifestaient pour exiger la libération de leur élu arrêté le matin, Monjauvis <ref name="Monjauvis">{{PR-Monjauvis}}</ref></i> » | ||
- | Il ne s'agit pas de simples débordements, mais d'une rébellion plus profonde qui d'ailleurs peut expliquer l'arrivée du Front Populaire en 1936. L'un des combattants bretons donne son interprétation : « <i>La misère ! Nous avons trop de misère. Montez donc chez moi, et vous verrez si on peut redouter la mort pour sortir d'où nous sommes.</i> ». | + | Il ne s'agit pas de simples débordements, mais d'une rébellion plus profonde qui d'ailleurs peut expliquer l'arrivée du Front Populaire en 1936. L'un des combattants bretons donne son interprétation : « <i>La misère ! Nous avons trop de misère. Montez donc chez moi, et vous verrez si on peut redouter la mort pour sortir d'où nous sommes.</i> ». |
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+ | Le journaliste obéit à l'injonction : « <i>Je suis monté au « domicile » de Sinquin, sis au troisième étage de la trop fameuse cité, et je dois avouer que le Scaërois n'avait pas exagéré : je n'ai jamais rien vu de plus sordide, de plus sale, de plus triste que ce pauvre taudis.</i> » La cité Jeanne-d'Arc sera entièrement rasée en 1939. | ||
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+ | En mai 1934, une vingtaine d'ouvriers, la plupart âgés d'environ 25 ans, sont arrêtés pendant les émeutes, et surtout le lendemain matin de très bonne heure : | ||
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- | [[Image:CitéJeannedArc2mai1934.jpg|center|400px|thumb|les dégâts suite aux troubles à la cité Jeanne-d'Arc]] | + | [[Image:CitéJeannedArc2mai1934.jpg|center|400px|thumb|La rue Nationale dépavée après les troubles à la cité Jeanne-d'Arc]] |
- | Jean-Marie Espern né le 22 février 1906 à Quélennec ... | + | « <i>Vers 5 heures, des flics en bourgeois entrent dans la cité, où jusque-là personne ne s'est risqué. Sans mandat, ils arrêtent. Une femme, dans un escalier, simplement, parce qu'elle n'est pas couchée.</i> ». |
- | terrassier, après la vague d'émigration de gabéricois aux carrières de Saint-Chéron ? | + | Parmi les ouvriers arrêtés, on compte Jean Espern né le 22 février 1906 à Quélennec, ses parents Mathias Espern et Marie Anne Le Meur y étant agriculteurs. Sans doute est-il venu en région parisienne après la vague d'émigration de gabéricois aux carrières de Saint-Chéron dans les années 1890-1910, car on trouve des Espen et des Le Meur de Quélennec dans la liste des émigrants carriers et terrassiers. |
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+ | A priori, Jean Espern ne restera pas longtemps en prison après les événements de mai 1934 et quittera la cité Jeanne-d'Arc pour revenir au pays. En 1949, il se mariera avec Marie Catherine Daoudal à Ergué-Armel où il décèdera en 1953. | ||
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+ | A posteriori il a peut-être déclamé les vers du poète Auguste Brizeux, déraciné également : « <i>Oh ! ne quittez jamais, c'est moi qui vous le dis, Le devant de la porte où l'on jouait jadis...</i> » | ||
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- | Après le 1er Mai. Le nombre des manifestants arrêtés à Paris ou dans la région parisienne s'élève à 138. | + | <b>Après le 1er Mai. Le nombre des manifestants arrêtés à Paris ou dans la région parisienne s'élève à 138.</b> |
L'émeute de la rue Nationale est la conséquence douloureuse d'une journée d'excitations. L'enquête de notre collaborateur dans les immeubles sordides de la cité Jeanne-d'Arc. | L'émeute de la rue Nationale est la conséquence douloureuse d'une journée d'excitations. L'enquête de notre collaborateur dans les immeubles sordides de la cité Jeanne-d'Arc. | ||
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- | Violentes batailles de rue, dans le XIIIe, la nuit. La police provoque les travailleurs manifestant pour la libération de Monjauvis <ref name="Monjauvis">{{PR-Monjauvis}}</ref>. | + | <b>Violentes batailles de rue, dans le XIIIe, la nuit. La police provoque les travailleurs manifestant pour la libération de Monjauvis <ref name="Monjauvis">{{PR-Monjauvis}}</ref>.</b> |
Les ouvriers se retranchent dans la cité Jeanne-d'Arc. À la lueur des projecteurs, la police tire sur les fenêtres des maisons. Les habitants chantant « L'Internationale » répondent avec vigueur à l'agression. | Les ouvriers se retranchent dans la cité Jeanne-d'Arc. À la lueur des projecteurs, la police tire sur les fenêtres des maisons. Les habitants chantant « L'Internationale » répondent avec vigueur à l'agression. | ||
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- | Après le siège et les arrestations dans la cité Jeanne d'Arc | + | <b>Après le siège et les arrestations dans la cité Jeanne d'Arc</b> |
Au cours de ce Premier mai d'une ampleur considérable que les mensonges grassement rétribuées de la presse bourgeoise ne peuvent arriver à cacher, deux noms surgissent Alfortville et la cité Jeanne-d'Arc. | Au cours de ce Premier mai d'une ampleur considérable que les mensonges grassement rétribuées de la presse bourgeoise ne peuvent arriver à cacher, deux noms surgissent Alfortville et la cité Jeanne-d'Arc. |
Version du 29 décembre ~ kerzu 2018 à 08:58
| Un manifestant natif de Quélennec en Ergué-Gabéric, arrêté le 2 mai 1934 par la police suite aux violences dans la cité Jeanne-d'Arc dans le 13e arrondissement de Paris.
Les événements sont relatés dans les journaux locaux, notamment l'Ouest-Eclair Autres lectures : « Lockout et revendications des ouvriers de la mine d'antimoine, journaux loc. Humanité 1927 » ¤ « GAYE G. et A. & LOCARD J.P. - Quand Saint-Chéron vivait au rythme des carrières » ¤ « Les carrières ne s'éteindront pas ! » ¤ « CHAUVEUR Henri - Les pavés de Saint-Chéron » ¤ |
1 Présentation
Les émeutes de la cité Jeanne d'Arc le 1er mai 1934 à Paris ont été mentionnés très brièvement dans les journaux locaux Le Finistère et le Courrier du Finistère. Par contre dans l'Ouest-Eclair les faits sont développés par un reportage sur place les jours suivants, et L'Union Agricole reprend cette information en donnant également les noms des personnes interpellées d'origine bretonne : « Le lendemain matin, plusieurs arrestations étaient opérées, dont celles de trois Bretons : Jean-Marie Sinquin, François Péret, de Rosporden, et Jean Espern, d'Ergué-Gabéric. ». Ces deux journaux font même la morale : « Ces trois petits Bretons auraient sans doute pu vivre chez eux, sinon dans l'opulence, du moins dans la paix et l'honnêteté, tandis que là-bas ... Puisse du moins leur exemple servir de leçon à d'autres qui pourraient se laisser tenter par le même rêve. » Dans le journal communiste L'Humanité le déroulement de cette journée du 1er mai est détaillé, avec tout d'abord des échafourés pendant la manifestation à Alfortville, puis des barricades et des tirs devant la cité Jeanne-D'arc du 13e arrondissement en fin d'après-midi et pendant la nuit. Le journaliste Paul Vaillant-Couturier Il ne s'agit pas de simples débordements, mais d'une rébellion plus profonde qui d'ailleurs peut expliquer l'arrivée du Front Populaire en 1936. L'un des combattants bretons donne son interprétation : « La misère ! Nous avons trop de misère. Montez donc chez moi, et vous verrez si on peut redouter la mort pour sortir d'où nous sommes. ». Le journaliste obéit à l'injonction : « Je suis monté au « domicile » de Sinquin, sis au troisième étage de la trop fameuse cité, et je dois avouer que le Scaërois n'avait pas exagéré : je n'ai jamais rien vu de plus sordide, de plus sale, de plus triste que ce pauvre taudis. » La cité Jeanne-d'Arc sera entièrement rasée en 1939. En mai 1934, une vingtaine d'ouvriers, la plupart âgés d'environ 25 ans, sont arrêtés pendant les émeutes, et surtout le lendemain matin de très bonne heure : |
« Vers 5 heures, des flics en bourgeois entrent dans la cité, où jusque-là personne ne s'est risqué. Sans mandat, ils arrêtent. Une femme, dans un escalier, simplement, parce qu'elle n'est pas couchée. ». Parmi les ouvriers arrêtés, on compte Jean Espern né le 22 février 1906 à Quélennec, ses parents Mathias Espern et Marie Anne Le Meur y étant agriculteurs. Sans doute est-il venu en région parisienne après la vague d'émigration de gabéricois aux carrières de Saint-Chéron dans les années 1890-1910, car on trouve des Espen et des Le Meur de Quélennec dans la liste des émigrants carriers et terrassiers. A priori, Jean Espern ne restera pas longtemps en prison après les événements de mai 1934 et quittera la cité Jeanne-d'Arc pour revenir au pays. En 1949, il se mariera avec Marie Catherine Daoudal à Ergué-Armel où il décèdera en 1953. A posteriori il a peut-être déclamé les vers du poète Auguste Brizeux, déraciné également : « Oh ! ne quittez jamais, c'est moi qui vous le dis, Le devant de la porte où l'on jouait jadis... » |
2 Transcriptions
L'Ouest-Eclair, 03.05.1934 :
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L'Humanité, 02.05.1934 :
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3 Coupures de presse
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4 Annotations
- L'Ouest-Éclair est un ancien quotidien régional français, créé par deux Bretons chrétiens d'une sensibilité républicaine et sociale, l'abbé Félix Trochu, prêtre en Ille-et-Vilaine, et Emmanuel Desgrées du Lou, natif de Vannes, commissaire de la Marine, puis avocat. Les ventes décollent après la Première Guerre mondiale et, en 1930, le patron embauche son gendre, Paul Hutin, un Lorrain de 42 ans qui deviendra son gendre. Le journal rayonnait, à ses débuts, sur cinq régions, la Bretagne, la Normandie, l'Anjou, le Maine et le Poitou, comme Journal républicain du matin. En 1940, Paul Hutin, militant antinazi comme sa femme, souhaite que L'Ouest-Eclair ne paraisse pas sous le joug allemand et s'engage dans la Résistance. L'Ouest-Éclair sera interdit à la Libération pour acte de collaboration. Paul Hutin revient à Rennes, à peine libérée, le 4 août 1944 pour créer le Ouest-France. [Ref.↑]
- Paul Couturier (1892-1937), connu sous le pseudonyme de Paul Vaillant-Couturier, est un écrivain, journaliste et homme politique français. Il a participé à la fondation du Parti communiste français, et a collaboré aux journaux du Canard enchaîné et de L'Humanité. [Ref.↑ 2,0 2,1]
- Lucien Monjauvis (1904-1986) est un homme politique et syndicaliste français. Il est député communiste de la Seine (2e circonscription du 13e arrondissement de Paris) de 1932 à 1936. [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2]
Thème de l'article : Revue de presse Date de création : Décembre 2018 Dernière modification : 29.12.2018 Avancement : [Développé] |