1912-1919 - L'école primaire privée des filles du bourg en période de guerre
Un article de GrandTerrier.
Version du 10 août ~ eost 2019 à 08:31 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version actuelle (8 octobre ~ here 2019 à 19:04) (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) |
||
(6 intermediate revisions not shown.) | |||
Ligne 1: | Ligne 1: | ||
{|width=870| | {|width=870| | ||
|width=25% valign=top|{{StatutLogoLeftDoc | avancement=2 }} | |width=25% valign=top|{{StatutLogoLeftDoc | avancement=2 }} | ||
- | |width=50% valign=top|__NUMBERHEADINGS____NOTOC__<i>Les rapports d'inspection de rentrée scolaire à l'école privée des filles à l'occasion des changements de directrice pendant les années de guerre.</i> | + | |width=50% valign=top|__NUMBERHEADINGS____NOTOC__<i>Les rapports d'inspections de rentrées scolaires à l'école privée des filles à l'occasion des changements de directrices laïques pendant les années de guerre.</i> |
- | Les événements rapportés sont notamment l'occupation militaire des locaux en 1914 et la fermeture de l'école en 1916 pour cause d"insalubrité. | + | Les événements rapportés sont notamment l'occupation militaire des locaux en 1914 et la fermeture de l'école en 1916 pour cause d'illégalités et d'insalubrité. |
Dossier conservé aux Archives Départementales du Finistère, sous la côte ADF 1 T 1471, et comportant 32 documents. | Dossier conservé aux Archives Départementales du Finistère, sous la côte ADF 1 T 1471, et comportant 32 documents. | ||
|width=25% valign=top|[[Image:EcoleNDKerdevot.jpg|center|200px]] | |width=25% valign=top|[[Image:EcoleNDKerdevot.jpg|center|200px]] | ||
|} | |} | ||
- | Autres articles : {{Tpg|1902 - Documents sur la fermeture de l'école Notre-Dame de Kerdévot}}{{Tpg|Reportage sur l'expulsion des soeurs blanches, L'Ouest-Eclair 1902}}{{Tpg|1911 - Pétition des électeurs pour le maintien d'une religieuse du St-Esprit}}{{Tpg|Ecole Notre-Dame de Kerdévot, OF-LQ 1987}} | + | Autres articles : {{Tpg|1902 - Documents sur la fermeture de l'école Notre-Dame de Kerdévot}}{{Tpg|Reportage sur l'expulsion des soeurs blanches, L'Ouest-Eclair 1902}}{{Tpg|1911 - Pétition des électeurs pour le maintien d'une religieuse du St-Esprit}}{{Tpg|Ecole Notre-Dame de Kerdévot, OF-LQ 1987}}{{Tpg|Jeanne Marie Le Gall, soeur Félicienne, supérieure à l'école privée, de 1898 à 1934}} |
==Présentation== | ==Présentation== | ||
Ligne 14: | Ligne 14: | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}|En 1912-1919, après les agitations des années 1902-1905 (fermeture de l'école confessionnelle tenue par les sœurs de la congrégation du Saint-Esprit, la loi dite Goblet du 30 octobre 1886 <ref name="LoiGoblet">{{LoiGoblet}}</ref> est appliquée pour le contrôle de l'activité scolaire de l'unique école primaire privée d'Ergué-Gabéric. Aucune religieuse n'est sensée y exercer le métier d'institutrice, les maîtresses sont obligatoirement des jeunes femmes laïques. | |width=48% valign=top {{jtfy}}|En 1912-1919, après les agitations des années 1902-1905 (fermeture de l'école confessionnelle tenue par les sœurs de la congrégation du Saint-Esprit, la loi dite Goblet du 30 octobre 1886 <ref name="LoiGoblet">{{LoiGoblet}}</ref> est appliquée pour le contrôle de l'activité scolaire de l'unique école primaire privée d'Ergué-Gabéric. Aucune religieuse n'est sensée y exercer le métier d'institutrice, les maîtresses sont obligatoirement des jeunes femmes laïques. | ||
- | Les rapports d'inspections systématiques contiennent les dossiers des institutrices accédant au poste de directrice, laquelle est assistée de deux ou trois institutrices adjointes. Leur âge (21 ans au minimum), leur diplôme obligatoire de capacité (à savoir le brevet élémentaire), et leurs domiciles activités précédentes (elles ne peuvent pas être religieuses) sont vérifiés pour établir le bordereau d'autorisation d'exercer et d'ouvrir l'école à chaque rentrée de septembre. | + | Les rapports d'inspections systématiques contiennent les dossiers des institutrices accédant au poste de directrice, laquelle est assistée de deux ou trois institutrices adjointes. Leur âge (21 ans au minimum), leur diplôme obligatoire de capacité (à savoir le brevet élémentaire), et leurs domiciles et activités précédentes (elles ne peuvent pas être religieuses) sont vérifiés pour établir le bordereau d'autorisation d'exercer et d'ouvrir l'école à chaque rentrée de septembre. |
Ces jeunes institutrices sont en l’occurrence : | Ces jeunes institutrices sont en l’occurrence : | ||
Ligne 25: | Ligne 25: | ||
À la rentrée de 1914 une surprise attend la directrice Adèle Guiziou : « <i>J'ai l'honneur de vous informer que l'école libre des filles d'Ergué-Gabéric étant occupée militairement ne peut procéder à l'ouverture de ses classes</i> ». La guerre entre la France et l'Allemagne ayant été déclarée le 3 août, l'école privée du bourg d'Ergué-Gabéric est réquisitionnée pour la mobilisation locale des soldats bretons. | À la rentrée de 1914 une surprise attend la directrice Adèle Guiziou : « <i>J'ai l'honneur de vous informer que l'école libre des filles d'Ergué-Gabéric étant occupée militairement ne peut procéder à l'ouverture de ses classes</i> ». La guerre entre la France et l'Allemagne ayant été déclarée le 3 août, l'école privée du bourg d'Ergué-Gabéric est réquisitionnée pour la mobilisation locale des soldats bretons. | ||
+ | |||
+ | Heureusement une solution est trouvée pour accueillir provisoirement les élèves : « <i>J'ai trouvé un local composé de deux salles attenantes sises au bourg dans lesquelles j'ai l'intention d'ouvrir les classes jusqu'à cessation de l'occupation de notre établissement par les soldats</i> ». | ||
|width=4% valign=top align=justify| | |width=4% valign=top align=justify| | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
- | Heureusement une solution est trouvée pour accueillir provisoirement les élèves : « <i>J'ai trouvé un local composé de deux salles attenantes sises au bourg dans lesquelles j'ai l'intention d'ouvrir les classes jusqu'à cessation de l'occupation de notre établissement par les soldats</i> ». | + | En 1916 de multiples rebondissements émaillent la rentrée à l'école privée : la directrice se déclare démissionnaire, une institutrice déjà en poste âgée de 20 ans propose sa candidature, l'école ouverte illégalement doit fermer. |
- | + | ||
- | En 1916 de multiples rebondissements émaillent la rentrée à l'école privée : la directrice se déclare démissionnaire, une institutrice déjà en pose agée de 20 propose sa candidature, l'école ouverte illégalement doit fermer. | + | |
En octobre une deuxième inspection relève une anomalie grave : « <i>La fosse d'aisance se trouve dans le jardin, qui est lui-même séparé de la cour par un mur. Les urines et les matières fécales s'y déversent par trois ouvertures percées obliquement dans ce mur ; à la base de la fosse se trouve une autre ouverture par laquelle les excréments s'écoulent dans une sorte de 2e fosse en terre et à ciel ouvert ...</i> », ce qui entraîne une nouvelle fermeture pour motifs sanitaires. | En octobre une deuxième inspection relève une anomalie grave : « <i>La fosse d'aisance se trouve dans le jardin, qui est lui-même séparé de la cour par un mur. Les urines et les matières fécales s'y déversent par trois ouvertures percées obliquement dans ce mur ; à la base de la fosse se trouve une autre ouverture par laquelle les excréments s'écoulent dans une sorte de 2e fosse en terre et à ciel ouvert ...</i> », ce qui entraîne une nouvelle fermeture pour motifs sanitaires. | ||
- | Et enfin, en novembre, l'inspecteur relève une autre anomalie : l'école n'a pas déclaré son pensionnat, en évoquant maladroitement a posteriori l'existence d'une simple « <i>pension de familles</i> ». La nouvelle directrice Amélie Le Berre doit demander la reconnaissance officielle de ses deux dortoirs d'élèves externes. | + | Et enfin, en novembre, l'inspecteur relève une autre anomalie : l'école n'a pas déclaré son pensionnat, en évoquant maladroitement a posteriori l'existence d'une simple « <i>pension de familles</i> ». La nouvelle directrice Amélie Le Berre doit demander la reconnaissance officielle de ses deux dortoirs d'élèves internes. |
+ | |||
+ | Les effectifs d'élèves accueillies dans l'école privée sont relativement importants, et supérieurs à ceux de l'école publique, comme l'écrit le maire à l'Inspecteur primaire en 1916 : « <i>67 enfants à l'école publique. 107 à l'école privée</i> », ce qui fait une répartition de 50 élèves dans chacune des deux classes. | ||
- | Les effectifs d'élèves accueillies dans l'école privés sont relativement importants, et supérieurs à ceux de l'école publique, comme l'écrit le maire à l'Inspecteur primaire en 1916 : « <i>67 enfants à l'école publique. 107 à l'école privée</i> », ce qui fait une répartition de 50 élèves dans chacune des deux classes. | + | Près de la première classe, une grande pièce est réservée au réfectoire, « <i>La cour est vaste et close. Les classes et le préau sont convenablement installés</i> ». La capacité d'accueil des dortoirs à l'étage est également précisée dans les rapports d'inspection : 37 écolières dans l'un (obligation de deux surveillantes) et 16 dans l'autre (une surveillante). |
- | Près de la première classe, une grande pièce est réservée au réfectoire. La capacité d'accueil des dortoirs à l'étage est également précisée dans les rapports d'inspection : 37 écolières dans l'un (obligation de deux surveillantes) et 16 dans l'autre (une surveillante). Les postes de surveillantes des dortoirs et du réfectoire étaient tenus vraisemblablement par des religieuses, car l'obligation de personnel laïque de la loi Goblet n'était applicable qu'aux postes d'institutrices. | + | [[Image:Felicienne1.jpg|120px|right]]Les postes de surveillantes des dortoirs, de la cour et du réfectoire étaient tenus vraisemblablement par les religieuses (dont la sœur Félicienne présente à l'école depuis 1898), car l'obligation de personnel laïque de la loi Goblet n'était applicable qu'aux postes d'institutrices. Le rôle « <i>de la religieuse qui appuie et corrige ses déclarations</i> » comme vraie autorité masquée artificiellement par les maîtresses d'école, est même relevé par l'Inspecteur de l'enseignement primaire. |
|} | |} | ||
Version actuelle
| Les rapports d'inspections de rentrées scolaires à l'école privée des filles à l'occasion des changements de directrices laïques pendant les années de guerre.
Les événements rapportés sont notamment l'occupation militaire des locaux en 1914 et la fermeture de l'école en 1916 pour cause d'illégalités et d'insalubrité. Dossier conservé aux Archives Départementales du Finistère, sous la côte ADF 1 T 1471, et comportant 32 documents. |
Autres articles : « 1902 - Documents sur la fermeture de l'école Notre-Dame de Kerdévot » ¤ « Reportage sur l'expulsion des soeurs blanches, L'Ouest-Eclair 1902 » ¤ « 1911 - Pétition des électeurs pour le maintien d'une religieuse du St-Esprit » ¤ « Ecole Notre-Dame de Kerdévot, OF-LQ 1987 » ¤ « Jeanne Marie Le Gall, soeur Félicienne, supérieure à l'école privée, de 1898 à 1934 » ¤
[modifier] 1 Présentation
En 1912-1919, après les agitations des années 1902-1905 (fermeture de l'école confessionnelle tenue par les sœurs de la congrégation du Saint-Esprit, la loi dite Goblet du 30 octobre 1886 [1] est appliquée pour le contrôle de l'activité scolaire de l'unique école primaire privée d'Ergué-Gabéric. Aucune religieuse n'est sensée y exercer le métier d'institutrice, les maîtresses sont obligatoirement des jeunes femmes laïques.
Les rapports d'inspections systématiques contiennent les dossiers des institutrices accédant au poste de directrice, laquelle est assistée de deux ou trois institutrices adjointes. Leur âge (21 ans au minimum), leur diplôme obligatoire de capacité (à savoir le brevet élémentaire), et leurs domiciles et activités précédentes (elles ne peuvent pas être religieuses) sont vérifiés pour établir le bordereau d'autorisation d'exercer et d'ouvrir l'école à chaque rentrée de septembre. Ces jeunes institutrices sont en l’occurrence :
À la rentrée de 1914 une surprise attend la directrice Adèle Guiziou : « J'ai l'honneur de vous informer que l'école libre des filles d'Ergué-Gabéric étant occupée militairement ne peut procéder à l'ouverture de ses classes ». La guerre entre la France et l'Allemagne ayant été déclarée le 3 août, l'école privée du bourg d'Ergué-Gabéric est réquisitionnée pour la mobilisation locale des soldats bretons. Heureusement une solution est trouvée pour accueillir provisoirement les élèves : « J'ai trouvé un local composé de deux salles attenantes sises au bourg dans lesquelles j'ai l'intention d'ouvrir les classes jusqu'à cessation de l'occupation de notre établissement par les soldats ». |
En 1916 de multiples rebondissements émaillent la rentrée à l'école privée : la directrice se déclare démissionnaire, une institutrice déjà en poste âgée de 20 ans propose sa candidature, l'école ouverte illégalement doit fermer. En octobre une deuxième inspection relève une anomalie grave : « La fosse d'aisance se trouve dans le jardin, qui est lui-même séparé de la cour par un mur. Les urines et les matières fécales s'y déversent par trois ouvertures percées obliquement dans ce mur ; à la base de la fosse se trouve une autre ouverture par laquelle les excréments s'écoulent dans une sorte de 2e fosse en terre et à ciel ouvert ... », ce qui entraîne une nouvelle fermeture pour motifs sanitaires. Et enfin, en novembre, l'inspecteur relève une autre anomalie : l'école n'a pas déclaré son pensionnat, en évoquant maladroitement a posteriori l'existence d'une simple « pension de familles ». La nouvelle directrice Amélie Le Berre doit demander la reconnaissance officielle de ses deux dortoirs d'élèves internes. Les effectifs d'élèves accueillies dans l'école privée sont relativement importants, et supérieurs à ceux de l'école publique, comme l'écrit le maire à l'Inspecteur primaire en 1916 : « 67 enfants à l'école publique. 107 à l'école privée », ce qui fait une répartition de 50 élèves dans chacune des deux classes. Près de la première classe, une grande pièce est réservée au réfectoire, « La cour est vaste et close. Les classes et le préau sont convenablement installés ». La capacité d'accueil des dortoirs à l'étage est également précisée dans les rapports d'inspection : 37 écolières dans l'un (obligation de deux surveillantes) et 16 dans l'autre (une surveillante). Les postes de surveillantes des dortoirs, de la cour et du réfectoire étaient tenus vraisemblablement par les religieuses (dont la sœur Félicienne présente à l'école depuis 1898), car l'obligation de personnel laïque de la loi Goblet n'était applicable qu'aux postes d'institutrices. Le rôle « de la religieuse qui appuie et corrige ses déclarations » comme vraie autorité masquée artificiellement par les maîtresses d'école, est même relevé par l'Inspecteur de l'enseignement primaire. |
[modifier] 2 Transcriptions
Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher
1912
1916
|
1916 (suite)
|
[modifier] 3 Originaux
Lieu de conservation :
|
Usage, droit d'image :
|
![]() | |||||
[modifier] 4 Annotations
Certaines références peuvent être cachées ci-dessus dans des paragraphes ( § ) non déployés. Cliquer pour les afficher : § Tout montrer/cacher
- La loi Goblet du 30 octobre 1886 prolonge la loi de 1882, en confiant à un personnel exclusivement laïque l'enseignement dans les écoles publiques (article L. 141-5 du code de l'éducation), remplaçant les instituteurs congrégationnistes (religieux des congrégations enseignantes). René Goblet (1828-1905) est Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-arts et des Cultes d'avril 1885 à décembre 1886. [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Date de création : Août 2019 Dernière modification : 8.10.2019 Avancement : |