Arrêté préfectoral sur le guide des chevaux à gauche, journaux locaux 1907
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- | Cela commence par l'avis de publication de l'arrêté dans un contexte nouveau de sécurité routière : « <i>Vu le rapport de M. le directeur du dépôt d'étalons de Lamballe ... Article premier. - Tout individu conduisant un cheval en main, attelé ou non, devra se placer à gauche de l'animal de façon à apercevoir les voitures ou animaux qui se croisent</i> ». | + | Cela commence par l'avis de publication de l'arrêté du préfet François Joseph Ramonet <ref name=Ramonet>François Joseph Ramonet est préfet du Finistère du 30 juin 1906 jusqu'au 10 octobre 1907.</ref> dans un contexte nouveau de sécurité routière : « <i>Vu le rapport de M. le directeur du dépôt d'étalons de Lamballe ... Article premier. - Tout individu conduisant un cheval en main, attelé ou non, devra se placer à gauche de l'animal de façon à apercevoir les voitures ou animaux qui se croisent</i> ». |
- | Une lettre ouverte est immédiatement rédigée et publiée par le conseiller municipal Jean Mahé <ref name=Mahe>Jean Mahé, né en 1872, est le neveu de l'ancien maire d'Ergué et cultivateur à Mezanlez. Il est nommé conseiller supplémentaire de [[Louis Le Roux, maire (1906-1925)|Louis Le Roux]] suite au décès d'Hervé Le Roux, conseiller et précédent maire. Il est toujours déclaré conseiller en 1917, bien que mobilisé.</ref>, adressée au préfet François Joseph Ramonet <ref name=Ramonet>François Joseph Ramonet est préfet du Finistère du 30 juin 1906 jusqu'au 10 octobre 1907.</ref>, et publiée dans les colonnes du Progrès du Finistère <ref name=Progres>{{ProgresFinistère}}</ref> de juillet 1907, est un bel exemple d'expression politique sur une initiative administrative incomprise du milieu rural de l'époque. | + | Une lettre ouverte est immédiatement rédigée et publiée par le conseiller municipal Jean Mahé <ref name=Mahe>Jean Mahé, né en 1872, est le neveu de l'ancien maire d'Ergué et cultivateur à Mezanlez. Il est nommé conseiller supplémentaire de [[Louis Le Roux, maire (1906-1925)|Louis Le Roux]] suite au décès d'Hervé Le Roux, conseiller et précédent maire. Il est toujours déclaré conseiller en 1917, bien que mobilisé.</ref>, adressée au préfet, et publiée dans les colonnes du Progrès du Finistère <ref name=Progres>{{ProgresFinistère}}</ref> de juillet 1907, est un bel exemple d'expression politique sur une initiative administrative incomprise du milieu rural de l'époque. |
Jean Mahé se moque gentiment du nouveau pouvoir républicain : « <i>Je sais bien, l'exemple venant du haut, que le char de l'État a des tendances à marcher toujours plus à gauche et que la droite est un sujet d'aversion aiguë</i> ». | Jean Mahé se moque gentiment du nouveau pouvoir républicain : « <i>Je sais bien, l'exemple venant du haut, que le char de l'État a des tendances à marcher toujours plus à gauche et que la droite est un sujet d'aversion aiguë</i> ». | ||
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Et il imagine un accident avec un guide à gauche : « <i>Une automobile apparaît brusquement au tournant d'une de nos routes si pittoresques, avec sa trépidation et le mugissement de sa trompe, le cheval s'effraie, fait un écart et le conducteur à gauche, projeté sous les roues du terrible teuf-teuf ... se remue, s'agite comme un ver coupé. Adieu cheval et charrette ! </i> ». | Et il imagine un accident avec un guide à gauche : « <i>Une automobile apparaît brusquement au tournant d'une de nos routes si pittoresques, avec sa trépidation et le mugissement de sa trompe, le cheval s'effraie, fait un écart et le conducteur à gauche, projeté sous les roues du terrible teuf-teuf ... se remue, s'agite comme un ver coupé. Adieu cheval et charrette ! </i> ». | ||
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+ | Une autre réaction dans le même hebdo catholique rebondit sur les propos de Jean Mahé et propose de façon humoristique une réécriture de l'arrêté contesté : « <i>Art. 1er. - Les chevaux qui ne pourraient être conduits à gauche et par la tête, pourront l'être par la queue</i> ». | ||
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[[Image:LQuevillyCheval.jpg|thumb|center|400px|<small>(Dessin de Laurent Quevilly, 1998)</small>]] | [[Image:LQuevillyCheval.jpg|thumb|center|400px|<small>(Dessin de Laurent Quevilly, 1998)</small>]] | ||
- | Une autre réaction dans le même hebdo catholique rebondit sur les propos de Jean Mahé et propose de façon humoristique une réécriture de l'arrêté contesté : « <i>Art. 1er. - Les chevaux qui ne pourraient être conduits à gauche et par la tête, pourront l'être par la queue</i> ». | + | Et les jours suivants les autres journaux rendront compte de l'émotion soulevée dans la population paysanne de tout le département et des débats houleux aux séances du Conseil général. |
- | En fin d'année, le texte de l'arrêté est révisé par le nouveau préfet : « <i>...</i> ». | + | En fin d'année, le texte de l'arrêté est révisé par le nouveau préfet Eugène Allard : « <i>Considérant que l'arrêt sus-visé a soulevé de nombreuses protestations, motivée par une habitude invétérée de se tenir à droite des attelages, et qu'il y a lieu de tenir compte de ces protestations en ce qui concerne les chevaux attelés, tenus en main</i> ». L'article 1er est donc modifié en conséquence, la technocratie républicaine a du reculer devant la contestation locale. |
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J. Mahé, <br>Conseiller municipal à Ergué-Gabéric. | J. Mahé, <br>Conseiller municipal à Ergué-Gabéric. | ||
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- | |width=48% valign=top align=justify| | + | <br><big><b>B. Arrêté, L'Eclaireur du Finistère, 13-07-1907</b></big> |
- | <big><b>B. Texte de l'arrêté, L'Eclaireur du Finistère, 13-07-1907</b></big> | + | |
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<big><b>C. Texte de Lutin, Le Progres du Finistère, 19-07-1907</b></big> | <big><b>C. Texte de Lutin, Le Progres du Finistère, 19-07-1907</b></big> | ||
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+ | <br><big><b>D. Nouvel arrêté, Le Finistère, 21-12-1907</b></big> | ||
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+ | Police du roulage. Nouvel arrêté préfectoral. | ||
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+ | On se rappelle l'émotion soulevée dans tout le département par l'arrêté préfectoral du 26 juin dernier, imposant aux conducteurs de chevaux, attelés ou non, l'obligation de se placer à gauche des chevaux. | ||
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+ | Cet arrêté avait même été l'objet d'un assez vif débat à la dernière session du Conseil général. Finalement, après quelques mois de tolérance, l'arr^été était entré en application, et de nombreux procès-verbaux avaient été dressés. | ||
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+ | Or, le nouveau préfet du Finistère vient de prendre, à ce sujet, un arrêté qui ne manquera pas d'être très favorablement accueilli par les cultivateurs. En voici la teneur : | ||
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+ | <i>Considérant que l'arrêt sus-visé a soulevé de nombreuses protestations, motivée par une habitude invétérée de se tenir à droite des attelages, et qu'il y a lieu de tenir compte de ces protestations en ce qui concerne les chevaux attelés, tenus en main : | ||
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+ | Article 1er. - L'article 1er de l'arrêté préfectoral du 26 juin 1907 est modifié comme suit : tout individu conduisant un cheval en main, non attelé, devra se placer à gauche de l'animal. | ||
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+ | Art. 2. - Les contraventions au présent arrêté seront constatées par les maires et adjoints, les commissaires et agents de police, les gendarmes, les gardes champêtres, et, en général, par tous les agents dûment assermentés. | ||
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+ | Il ne s'agit donc plus que des chevaux non attelés. Pour les chevaux attelés, les prescriptions de l'arrêté du 26 juin sont abolies désormais. | ||
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Version du 20 juin ~ mezheven 2020 à 09:19
| [1] , « L'Echo du Finistère » , « L'Eclaireur du Finistère », « Le Finistère » [2] , « L'Union Agricole » [3] , ont relaté l'émoi provoqué par un arrêté préfectorale imposant la conduite des chevaux à gauche.
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Autres lectures : « Un train, un cheval affolé et des passants renversés, Le Progrès du Finistère 1907 » ¤ « 1930-1945 - Des chevaux dans les exploitations agricoles » ¤ « DANION René - L'entraide agricole de 1930 à 1960 » ¤
1 Présentation
Cela commence par l'avis de publication de l'arrêté du préfet François Joseph Ramonet Une lettre ouverte est immédiatement rédigée et publiée par le conseiller municipal Jean Mahé Jean Mahé se moque gentiment du nouveau pouvoir républicain : « Je sais bien, l'exemple venant du haut, que le char de l'État a des tendances à marcher toujours plus à gauche et que la droite est un sujet d'aversion aiguë ». Et pour appuyer son argumentation, il fait parler les plus âgés, paysans et chevaux : « J'entendais, l'autre jour, les plaintes d'un vétéran des champs, de 65 ans, dont le cheval s'en allait lentement, alourdi par le poids de 25 années de travail : "Comment veux-tu, mon pauvre ami, que je conduise à gauche, je n'ai toujours connu que ma droite" ... Tout ça c'est des changements qui ne disent rien, ce sont des conchennou Et il imagine un accident avec un guide à gauche : « Une automobile apparaît brusquement au tournant d'une de nos routes si pittoresques, avec sa trépidation et le mugissement de sa trompe, le cheval s'effraie, fait un écart et le conducteur à gauche, projeté sous les roues du terrible teuf-teuf ... se remue, s'agite comme un ver coupé. Adieu cheval et charrette ! ». Une autre réaction dans le même hebdo catholique rebondit sur les propos de Jean Mahé et propose de façon humoristique une réécriture de l'arrêté contesté : « Art. 1er. - Les chevaux qui ne pourraient être conduits à gauche et par la tête, pourront l'être par la queue ». |
Et les jours suivants les autres journaux rendront compte de l'émotion soulevée dans la population paysanne de tout le département et des débats houleux aux séances du Conseil général. En fin d'année, le texte de l'arrêté est révisé par le nouveau préfet Eugène Allard : « Considérant que l'arrêt sus-visé a soulevé de nombreuses protestations, motivée par une habitude invétérée de se tenir à droite des attelages, et qu'il y a lieu de tenir compte de ces protestations en ce qui concerne les chevaux attelés, tenus en main ». L'article 1er est donc modifié en conséquence, la technocratie républicaine a du reculer devant la contestation locale. |
2 Transcriptions
A. Lettre ouverte de J. Mahé
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C. Texte de Lutin, Le Progres du Finistère, 19-07-1907
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3 Coupures de presse
Articles principaux | |||||
4 Annotations
- L'hebdomadaire « Le Progrès du Finistère », journal catholique de combat, est fondé en 1907 à Quimper par l'abbé François Cornou qui en assurera la direction jusqu'à sa mort en 1930. Ce dernier, qui signe tantôt de son nom F. Cornou, tantôt de son pseudonyme F. Goyen, ardent et habile polémiste, doté d'une vaste culture littéraire et scientifique, se verra aussi confier par l'évêque la « Semaine Religieuse de Quimper ». [Ref.↑ 1,0 1,1]
- Le Finistère : journal politique républicain fondé en 1872 par Louis Hémon, bi-hebdomadaire, puis hebdomadaire avec quelques articles en breton. Louis Hémon est un homme politique français né le 21 février 1844 à Quimper (Finistère) et décédé le 4 mars 1914 à Paris. Fils d'un professeur du collège de Quimper, il devient avocat et se lance dans la politique. Battu aux élections de 1871, il est élu député républicain du Finistère, dans l'arrondissement de Quimper, en 1876. Il est constamment réélu, sauf en 1885, où le scrutin de liste lui est fatal, la liste républicaine n'ayant eu aucun élu dans le Finistère. En 1912, il est élu sénateur et meurt en fonctions en 1914. [Ref.↑]
- L'Union agricole et maritime, qui a d'abord été appelée L'Union agricole du Finistère est un journal local d'informations générales qui a paru à Quimperlé (Finistère) de 1884 à 1942. Il a connu des orientations éditoriales différentes, selon ses propriétaires successifs. La périodicité a aussi été variable : bi-hebdoadaire, tri-hebdomadaire et hebdomadaire. Avec pour sous-titre Organe Républicain Démocratique de la région du Nord-Ouest, le journal paraît le 1er août 1884 à l'initiative du conseiller général de Quimperlé, James Monjaret de Kerjégu, un riche propriétaire terrien et ancien diplomate résidant à Scaër. [Ref.↑]
- François Joseph Ramonet est préfet du Finistère du 30 juin 1906 jusqu'au 10 octobre 1907. [Ref.↑]
- Jean Mahé, né en 1872, est le neveu de l'ancien maire d'Ergué et cultivateur à Mezanlez. Il est nommé conseiller supplémentaire de Louis Le Roux suite au décès d'Hervé Le Roux, conseiller et précédent maire. Il est toujours déclaré conseiller en 1917, bien que mobilisé. [Ref.↑]
- Koñchennoù, sf. pl. : bretonnisme, « histoires, bavardages, balivernes ». Konchenner, c'est commérer. Source : Les bretonnismes d'Hervé Lossec, de retour. [Terme BR] [Lexique BR] [Ref.↑]
Thème de l'article : Coupures de presse relatant l'histoire et la mémoire d'Ergué-Gabéric Date de création : Janvier 2013 Dernière modification : 20.06.2020 Avancement : [Fignolé] |