1929 - La critique des initiatives de René Bolloré par le recteur Pennec
Un article de GrandTerrier.
Version du 13 juin ~ mezheven 2019 à 08:34 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version du 13 juin ~ mezheven 2019 à 08:34 (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) Différence suivante → |
||
Ligne 76: | Ligne 76: | ||
J'ai su trop tard que votre Grandeur partait à midi ce matin. Quand je suis sorti de l'Evêché il y a 3 jours, après avoir parlé des projets de M. Bolloré sur la création d'une école laïque à St-André, le fait m'a paru tellement grave, que, pour libérer ma conscience, je me suis fait un devoir de poser à M. le Recteut d'Ergué-Gabéric quelques questions précises, auxquelles il vient de me répondre. J'ai l'honneur de vous transmettre son rapport. | J'ai su trop tard que votre Grandeur partait à midi ce matin. Quand je suis sorti de l'Evêché il y a 3 jours, après avoir parlé des projets de M. Bolloré sur la création d'une école laïque à St-André, le fait m'a paru tellement grave, que, pour libérer ma conscience, je me suis fait un devoir de poser à M. le Recteut d'Ergué-Gabéric quelques questions précises, auxquelles il vient de me répondre. J'ai l'honneur de vous transmettre son rapport. | ||
- | Monsieur le Recteur, sans aucune hésitation, conclut que cette combinaison ferait beaucoup de mal. Il suffit en effet de regarder le fragment de carte que j'ai décalqué : les traits rouges indiquent les routes nationales, les traits au crayon noir, les routes communales. Comme St-André est bien situé ! au carrefour de 2 grande-routes, et toute une quantité de petits chemins ! on y accède de tous côtés. A St-André, M. Bolloré pense construire <u>un groupe scolaire</u>, c'est-à-dire non plus une école de garçons, mais <u>une école de filles</u> également. On va donc établir à St-André une école de garçons et une école de filles ! Résultats : les instituteurs et institutrices n'ayant plus devant eux le prêtre pour combattre leur sinistre influence, vont faire ce qu'on font partout, et plus vite qu'ailleurs : déchristianiser le pays : voilà 4 paroisses souillées, Langolen, Elliant, Landudal, Ergué, ce sera un nouveau Lesconil <ref>L'affaire de Lesconil est très bien décrite par Pierrick Chuto dans son livre « <i>Du Reuz en Bigoudénie. Blancs de Plobannalec et Rouges de Lesconil (1892-1938)</i> ». Cette commune est déchirée au 20e siècle entre les paysans cléricaux de Plobannalec et les marins-pêcheurs laïques de Lesconil. En 1924 une nouvelle paroisse est créée à Lesconil dont le recteur Jean-Baptiste Le Mel, surnommé le "curé d'Ars" breton, tente de convertir, jusqu'à organiser des prêches sur le port de pêche car l'église est vide de paroissiens.</ref>. Voilà de plus 4 écoles, au moins, de sérieusement attentes : Langolen perdra toute une partie de Landulal et de Langolen ; Elliant n'aura plus autant d'enfants de son secteur nord, nord-ouest et ouest ; l'école d'Odet elle-même perdra des élèves ; quant à Ergué-Gabéric, elle n'aura qu'à se fermer : plus d'internes, quelques rares externes. Langolen et Elliant perdront aussi des internes, donc auront plus de peine à vivre, car tout le voisinage de St-André u enverra les petites filles comme externes, prenant Langolen, Elliant et Ergué d'un bon contingent d'internes. Autre conséquence : ces écoles ayant moins d'élèves, perdent de leur importance, donc de leur prestige aux yeux des parents, et par suite attireront moins la clientèle. | + | Monsieur le Recteur, sans aucune hésitation, conclut que cette combinaison ferait beaucoup de mal. Il suffit en effet de regarder le fragment de carte que j'ai décalqué : les traits rouges indiquent les routes nationales, les traits au crayon noir, les routes communales. Comme St-André est bien situé ! au carrefour de 2 grande-routes, et toute une quantité de petits chemins ! on y accède de tous côtés. A St-André, M. Bolloré pense construire <u>un groupe scolaire</u>, c'est-à-dire non plus une école de garçons, mais <u>une école de filles</u> également. On va donc établir à St-André une école de garçons et une école de filles ! Résultats : les instituteurs et institutrices n'ayant plus devant eux le prêtre pour combattre leur sinistre influence, vont faire ce qu'on font partout, et plus vite qu'ailleurs : déchristianiser le pays : voilà 4 paroisses souillées, Langolen, Elliant, Landudal, Ergué, ce sera un nouveau Lesconil <ref>L'affaire de Lesconil a très bien été décrite par Pierrick Chuto dans son livre « <i>Du Reuz en Bigoudénie. Blancs de Plobannalec et Rouges de Lesconil (1892-1938)</i> ». Cette commune est déchirée au 20e siècle entre les paysans cléricaux de Plobannalec et les marins-pêcheurs laïques de Lesconil. En 1924 une nouvelle paroisse est créée à Lesconil dont le recteur Jean-Baptiste Le Mel, surnommé le "curé d'Ars" breton, tente de convertir, jusqu'à organiser des prêches sur le port de pêche car l'église est vide de paroissiens.</ref>. Voilà de plus 4 écoles, au moins, de sérieusement attentes : Langolen perdra toute une partie de Landulal et de Langolen ; Elliant n'aura plus autant d'enfants de son secteur nord, nord-ouest et ouest ; l'école d'Odet elle-même perdra des élèves ; quant à Ergué-Gabéric, elle n'aura qu'à se fermer : plus d'internes, quelques rares externes. Langolen et Elliant perdront aussi des internes, donc auront plus de peine à vivre, car tout le voisinage de St-André u enverra les petites filles comme externes, prenant Langolen, Elliant et Ergué d'un bon contingent d'internes. Autre conséquence : ces écoles ayant moins d'élèves, perdent de leur importance, donc de leur prestige aux yeux des parents, et par suite attireront moins la clientèle. |
{{FinCitation}} | {{FinCitation}} | ||
|width=4% valign=top {{jtfy}}| | |width=4% valign=top {{jtfy}}| |
Version du 13 juin ~ mezheven 2019 à 08:34
| Le désaccord du recteur Louis Penne face au projet de l'industriel René Bolloré de créer une école laïque dans le quartier excentré de Saint-André.
Documents conservés aux Archives Diocésaines de Quimper. . Autres lectures : « 1927-1929 - Tentative de fermeture de l'école communale de Lestonan par René Bolloré » ¤ « Invectives du comité de Défense Laïque contre René Bolloré, Le Cri du Peuple 1927-1929 » ¤ « AC'H François et RAULT Roger - Les écoles publiques de Lestonan, 1880-1930 » ¤ « Louis Pennec, recteur (1914-1938) » ¤ « Yves Le Goff, vicaire, puis à Odet (1926-1939) » ¤ |
1 Présentation
2 Transcriptions
Louis Pennec, 21.06.1929
Inspecteur diocésain, 24.06.1929
|
Suite L.P. 24.06.1929
Louis Pennec, 26.09.1929
Louis Pennec, 26.12.1929
Evêché, 10.05.1930
|
3 Originaux
ADQ EG | |||||
4 Annotations
- L'affaire de Lesconil a très bien été décrite par Pierrick Chuto dans son livre « Du Reuz en Bigoudénie. Blancs de Plobannalec et Rouges de Lesconil (1892-1938) ». Cette commune est déchirée au 20e siècle entre les paysans cléricaux de Plobannalec et les marins-pêcheurs laïques de Lesconil. En 1924 une nouvelle paroisse est créée à Lesconil dont le recteur Jean-Baptiste Le Mel, surnommé le "curé d'Ars" breton, tente de convertir, jusqu'à organiser des prêches sur le port de pêche car l'église est vide de paroissiens. [Ref.↑]
Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens Date de création : juin 2019 Dernière modification : 13.06.2019 Avancement : [Développé] |