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- | Communiqué paru dans ce journal | + | SOCIÉTÉ DE PÊCHE |
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- | La Société de Pêche de Quimper qui a déjà protesté en son nom personnel contre le projet de barrage du Stangala par la Compagnie Lebon, invite la population de Quimper et des environs à joindre sa protestation à la sienne. | + | On nous communique : |
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- | La Société fait remarquer que ce barrage fera disparaître un des plus beaux sites de la région, qu'il peut en cas de rupture causer un danger sérieux pour les riverains. Qu'il supprime toute pêche sur une partie du cours de cette rivière, le tout sans aucun profit réel pour la région quimpéroise. | + | |
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- | Des feuilles de pétitions seront déposées chez Mr Chuto, 1 place Terre au Duc à Quimper, et chez Mr Le Brun, rue Kéréon. Cette pétition aurait recueilli la signature de 300 pêcheurs à la ligne. | + | « La Société de Pêche de Quimper qui a déjà protesté en son nom personnel contre le projet de barrage du Stangala par la Compagnie Lebon, invite la population de Quimper et des environs à joindre sa protestation à la sienne. |
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- | Le projet du Stangala privera les pêcheurs et les propriétaires riverains d'amont de tous les saumons et d'une partie des truites qu'ils avaient l'habitude de prendre. | + | La Société fait remarquer que ce barrage fera disparaître un des plus beaux sites de la région, qu'il peut en cas de rupture causer un danger sérieux pour les riverains. Qu'il supprime toute pêche sur une partie du cours de cette rivière, le tout sans aucun profit réel pour la région quimpéroise. |
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- | L'Administration des Eaux et Forêts, à la demande des pêcheurs, fait classer par un décret l'Odet parmi les 28 rivières à saumon du Département. | + | Des feuilles de pétitions seront déposées chez Mr Chuto, 1 place Terre au Duc à Quimper, et chez Mr Le Brun, rue Kéréon. |
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- | Des échelles à poissons ont été aménagées au barrage Méret et à celui de la Papèterie. Mais à quoi serviront ces dépenses si les poissons ne peuvent plus circuler dans la partie de l'Odet située au Stangala. | + | Les signatures, que la Société espère nombreuses, devront être données avant le 9 février au soir. » |
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- | ==Journal des débats politiques et littéraires du 7 mars 1929== | |
- | [[Image:JournalDebats.gif|right]] | |
- | Il n'y a pas que la presse régionale (l'Ouest-Eclair, la Dépèche de Brest, le Progrès de Cornouaille qui s'intéressent au projet du barrage du Stangala. | |
- | | |
- | Le journal des Débats Politiques et Littéraires, dans son numéro n° 65 du jeudi 7 mars 1929, consacre sous la signature de R. Pénanquer, et à la une de ce journal, un magnifique article : | |
- | <blockquote style="background: whitesmoke; border: 1px solid black; padding: 1em; border-style: dashed;"> | |
- | Rubrique "Au jour le jour", Un beau site en péril. | |
- | <br><br> | |
- | Les bretons aiment beaucoup Saint Eloi. Ils l'invoquent comme un peu partout pour qu'il maintienne en santé leurs bêtes chevalines et ils l'ont rapproché d'eux en le rebaptisant à la mode celtique du nom de Saint Alar ou Ala. Sa légende s'est localisée dans l'Armor - on montre entre Guingamp et Morlaix, l'auberge où il accomplit cette prouesse même, de couper le pied d'un cheval, de le ferrer ainsi plus aisément et de remettre le pied en place ensuite. | |
- | <br><br> | |
- | Aux environs de Quimper, une bande de sacripants le pourchassa un jour, en dessein de l'occire. Les aveugler, les foudroyer, les pétrifier sur place lui eût été facile. Mais il crut plus humain de détaler devant eux, la meute des brigands le poussait vers un ravin à pic, où il devait choir, à moins qu'il ne se rendit. Saint Eloi fit mieux, une enjambée gigantesque le porta sans encombre à l'autre bord de l'Odet et il regagna paisiblement la cité du roi Gradlon, après avoir béni par dessus le gouffre où grondait l'Odet, ses agresseurs déconcertés. | |
- | <br><br> | |
- | Ce bond magnifique méritait de vivre dans la mémoire des gens. A cet effet le lieu fut appelé Stang-Ala, ce qui signifie exactement "L'étang" <ref name=n2>Le journaliste se trompe quant à l'origine toponymique du lieu : Stang signifie en Cornouaille "vallée" et non "étang"</ref> de Saint Eloi et laisse croire qu'alors existait quelque part un barrage grâce auquel une nappe d'eau noyait sur plusieurs milles de longueur, le talweg de la vallée. | |
- | <br><br> | |
- | Or ce barrage disparu, une puissante compagnie d'électricité médite aujourd'hui de le relever. Elle veut transformer la gorge du Stangala en un bassin qui capterait le libre Odet, cher à Brizux, et l'abaisserait au rang de moteur industriel. Ce serait désoler, avilir un beau site. Moins connu que les côtes fameuses de Beuzec, de la pointe du Raz, de Penmarc'h ou de Beg-Meil, le Stangala n'en est pas moins, du commun avis, le plus émouvant paysage terrestre de la Basse Cornouaille. | |
- | <br><br> | |
- | Echappé des Monts de Laz, l'Odet a d'abord roulé ses ondes fraiches à travers de molles prairies. Puis à trois lieues en amont de Quimper, il se creuse un fossé étroit et onduleux, et vient décrire autour de l'altière falaise granitique du Griffonnez, un étonnant "virage en épingle à cheveux". Au milieu des riants terroirs d'Ergué et de Kerfeunteun, cette courbe désertique évoque, dans l'imprévu de son sauvage décor, les paysages du Jura et des Vosges. | |
- | <br><br> | |
- | De la terrasse naturelle de Griffonnez, le coup d'oeil est d'une ampleur et d'un charme saisissant. A 100 mètres sous vos pieds, court, parmi les blocs roulés, l'eau rapide et bouillonnante. La vallée sinue entre des versants fauves, d'âpres mamelons, des collines au riche manteau bocager, au loin les flèches de la cathédrâle de Quimper émergent. | |
- | <br><br> | |
- | Tout à l'entour de ce ravin farouche, la jolie Cornouaille développe les courbes lentes de ses côteaux, ses landes aux tons roux, ses vallons d'un vert lumineux et son calme horizon de vaporeuses montagnes bleues. | |
- | <br><br> | |
- | Entre l'industrialisation et l'esthétique, le duel est à présent engagé. Qui triomphera ? Si l'une se prévaut de solides raisons utilitaires, l'autre se trouve des alliés inattendues dans le corps médical de Quimper qui vient d'attirer l'attention des autorités sur les inconvénients qui pourraient naître à la saison chaude, du dessèchement quasi total de l'Odet. Les propriétaires riverains, les conseils municipaux des communes intéressées joignent leurs protestations à celle du Comité Départemental des Sites et Monuments et du Syndicat d'Initiative de Cornouaille. | |
- | <br><br> | |
- | Cette levée de boucliers, appuyée par la presse régionale, paraît de bon augure. Ne laissons pas saboter nos sites ! Assez de houille blanche et de houille verte se perdent ailleurs, inutilisées, pour qu'on ne vienne pas gâter irrémédiablement par des digues, des tranchées, des remblais, des conduites de métal, des édifices de briques et de zinc, tout l'odieux appareil de l'industie moderne, l'inoubliable vallée avec laquelle s'harmonise incomparablement mieux, le très vieux moulin du Poul, croûlant à l'angle de sa passerelle moussue. | |
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| ==Dépêche de Brest du lundi 4 février 1929== | | ==Dépêche de Brest du lundi 4 février 1929== |
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| :Ce fut aussitôt la mobilisation générale de tous les ustensiles du village, offrant quelque capacité, puis une dégringolade éperdue vers la fontaine. Hélas ! L'heure fatidique était déjà passée et l'on ne trouva plus dans le bassin qu'un frais, mais insipide château Lasource". | | :Ce fut aussitôt la mobilisation générale de tous les ustensiles du village, offrant quelque capacité, puis une dégringolade éperdue vers la fontaine. Hélas ! L'heure fatidique était déjà passée et l'on ne trouva plus dans le bassin qu'un frais, mais insipide château Lasource". |
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| + | Il n'y a pas que la presse régionale (l'Ouest-Eclair, la Dépèche de Brest, le Progrès de Cornouaille qui s'intéressent au projet du barrage du Stangala. |
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| + | Le journal des Débats Politiques et Littéraires, dans son numéro n° 65 du jeudi 7 mars 1929, consacre sous la signature de R. Pénanquer, et à la une de ce journal, un magnifique article : |
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| + | Rubrique "Au jour le jour", Un beau site en péril. |
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| + | Les bretons aiment beaucoup Saint Eloi. Ils l'invoquent comme un peu partout pour qu'il maintienne en santé leurs bêtes chevalines et ils l'ont rapproché d'eux en le rebaptisant à la mode celtique du nom de Saint Alar ou Ala. Sa légende s'est localisée dans l'Armor - on montre entre Guingamp et Morlaix, l'auberge où il accomplit cette prouesse même, de couper le pied d'un cheval, de le ferrer ainsi plus aisément et de remettre le pied en place ensuite. |
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| + | Aux environs de Quimper, une bande de sacripants le pourchassa un jour, en dessein de l'occire. Les aveugler, les foudroyer, les pétrifier sur place lui eût été facile. Mais il crut plus humain de détaler devant eux, la meute des brigands le poussait vers un ravin à pic, où il devait choir, à moins qu'il ne se rendit. Saint Eloi fit mieux, une enjambée gigantesque le porta sans encombre à l'autre bord de l'Odet et il regagna paisiblement la cité du roi Gradlon, après avoir béni par dessus le gouffre où grondait l'Odet, ses agresseurs déconcertés. |
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| + | Ce bond magnifique méritait de vivre dans la mémoire des gens. A cet effet le lieu fut appelé Stang-Ala, ce qui signifie exactement "L'étang" <ref name=n2>Le journaliste se trompe quant à l'origine toponymique du lieu : Stang signifie en Cornouaille "vallée" et non "étang"</ref> de Saint Eloi et laisse croire qu'alors existait quelque part un barrage grâce auquel une nappe d'eau noyait sur plusieurs milles de longueur, le talweg de la vallée. |
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| + | Or ce barrage disparu, une puissante compagnie d'électricité médite aujourd'hui de le relever. Elle veut transformer la gorge du Stangala en un bassin qui capterait le libre Odet, cher à Brizux, et l'abaisserait au rang de moteur industriel. Ce serait désoler, avilir un beau site. Moins connu que les côtes fameuses de Beuzec, de la pointe du Raz, de Penmarc'h ou de Beg-Meil, le Stangala n'en est pas moins, du commun avis, le plus émouvant paysage terrestre de la Basse Cornouaille. |
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| + | Échappé des Monts de Laz, l'Odet a d'abord roulé ses ondes fraiches à travers de molles prairies. Puis à trois lieues en amont de Quimper, il se creuse un fossé étroit et onduleux, et vient décrire autour de l'altière falaise granitique du Griffonnez, un étonnant "virage en épingle à cheveux". Au milieu des riants terroirs d'Ergué et de Kerfeunteun, cette courbe désertique évoque, dans l'imprévu de son sauvage décor, les paysages du Jura et des Vosges. |
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| + | De la terrasse naturelle de Griffonnez, le coup d'oeil est d'une ampleur et d'un charme saisissant. A 100 mètres sous vos pieds, court, parmi les blocs roulés, l'eau rapide et bouillonnante. La vallée sinue entre des versants fauves, d'âpres mamelons, des collines au riche manteau bocager, au loin les flèches de la cathédrale de Quimper émergent. |
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| + | Cette levée de boucliers, appuyée par la presse régionale, paraît de bon augure. Ne laissons pas saboter nos sites ! Assez de houille blanche et de houille verte se perdent ailleurs, inutilisées, pour qu'on ne vienne pas gâter irrémédiablement par des digues, des tranchées, des remblais, des conduites de métal, des édifices de briques et de zinc, tout l'odieux appareil de l'industrie moderne, l'inoubliable vallée avec laquelle s'harmonise incomparablement mieux, le très vieux moulin du Poul, croûlant à l'angle de sa passerelle moussue. |
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| ==Annotations== | | ==Annotations== |
La Chambre de Commerce vote à l'unanimité contre le barrage. Voici le texte intégral de Mr. Bonduelle paru dans l'Ouest-Eclair.
Dans ce même journal "Ouest-Eclair" il est mentionné la destruction des bassins de décantation des Papeteries d'Odet qui résulterait fatalement du remous provoqué par le barrage du Stangala. Cette destruction entraînerait la pollution de la rivière.
Après la Chambre de Commerce, la Commission Départementale des Sites et Monuments Naturels de Caractère Artistique donne un avis nettement défavorable, suivi par la Chambre d'Agriculture, remis à la Préfecture le samedi 9 février.
Le vendredi 22 juin 1928, le Conseil Municipal de Quimper, sur proposition de Mr Ménez, émet un avis défavorable au sujet du barrage du Stangala en vue d'installer dans cette partie de la vallée de l'Odet une usine électrique qui aurait pour effet de déparer ce site pittoresque.
Un groupe d'inondés du quartier de la Gare à Quimper lance à son tour un appel dans ce journal :
Article paru sur le Stangala.
Il n'y a pas que la presse régionale (l'Ouest-Eclair, la Dépèche de Brest, le Progrès de Cornouaille qui s'intéressent au projet du barrage du Stangala.
Le journal des Débats Politiques et Littéraires, dans son numéro n° 65 du jeudi 7 mars 1929, consacre sous la signature de R. Pénanquer, et à la une de ce journal, un magnifique article :
Rubrique "Au jour le jour", Un beau site en péril.
Les bretons aiment beaucoup Saint Eloi. Ils l'invoquent comme un peu partout pour qu'il maintienne en santé leurs bêtes chevalines et ils l'ont rapproché d'eux en le rebaptisant à la mode celtique du nom de Saint Alar ou Ala. Sa légende s'est localisée dans l'Armor - on montre entre Guingamp et Morlaix, l'auberge où il accomplit cette prouesse même, de couper le pied d'un cheval, de le ferrer ainsi plus aisément et de remettre le pied en place ensuite.
Aux environs de Quimper, une bande de sacripants le pourchassa un jour, en dessein de l'occire. Les aveugler, les foudroyer, les pétrifier sur place lui eût été facile. Mais il crut plus humain de détaler devant eux, la meute des brigands le poussait vers un ravin à pic, où il devait choir, à moins qu'il ne se rendit. Saint Eloi fit mieux, une enjambée gigantesque le porta sans encombre à l'autre bord de l'Odet et il regagna paisiblement la cité du roi Gradlon, après avoir béni par dessus le gouffre où grondait l'Odet, ses agresseurs déconcertés.
Ce bond magnifique méritait de vivre dans la mémoire des gens. A cet effet le lieu fut appelé Stang-Ala, ce qui signifie exactement "L'étang" [5] de Saint Eloi et laisse croire qu'alors existait quelque part un barrage grâce auquel une nappe d'eau noyait sur plusieurs milles de longueur, le talweg de la vallée.
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Or ce barrage disparu, une puissante compagnie d'électricité médite aujourd'hui de le relever. Elle veut transformer la gorge du Stangala en un bassin qui capterait le libre Odet, cher à Brizux, et l'abaisserait au rang de moteur industriel. Ce serait désoler, avilir un beau site. Moins connu que les côtes fameuses de Beuzec, de la pointe du Raz, de Penmarc'h ou de Beg-Meil, le Stangala n'en est pas moins, du commun avis, le plus émouvant paysage terrestre de la Basse Cornouaille.
Échappé des Monts de Laz, l'Odet a d'abord roulé ses ondes fraiches à travers de molles prairies. Puis à trois lieues en amont de Quimper, il se creuse un fossé étroit et onduleux, et vient décrire autour de l'altière falaise granitique du Griffonnez, un étonnant "virage en épingle à cheveux". Au milieu des riants terroirs d'Ergué et de Kerfeunteun, cette courbe désertique évoque, dans l'imprévu de son sauvage décor, les paysages du Jura et des Vosges.
De la terrasse naturelle de Griffonnez, le coup d'oeil est d'une ampleur et d'un charme saisissant. A 100 mètres sous vos pieds, court, parmi les blocs roulés, l'eau rapide et bouillonnante. La vallée sinue entre des versants fauves, d'âpres mamelons, des collines au riche manteau bocager, au loin les flèches de la cathédrale de Quimper émergent.
Tout à l'entour de ce ravin farouche, la jolie Cornouaille développe les courbes lentes de ses côteaux, ses landes aux tons roux, ses vallons d'un vert lumineux et son calme horizon de vaporeuses montagnes bleues.
Entre l'industrialisation et l'esthétique, le duel est à présent engagé. Qui triomphera ? Si l'une se prévaut de solides raisons utilitaires, l'autre se trouve des alliés inattendues dans le corps médical de Quimper qui vient d'attirer l'attention des autorités sur les inconvénients qui pourraient naître à la saison chaude, du dessèchement quasi total de l'Odet. Les propriétaires riverains, les conseils municipaux des communes intéressées joignent leurs protestations à celle du Comité Départemental des Sites et Monuments et du Syndicat d'Initiative de Cornouaille.
Cette levée de boucliers, appuyée par la presse régionale, paraît de bon augure. Ne laissons pas saboter nos sites ! Assez de houille blanche et de houille verte se perdent ailleurs, inutilisées, pour qu'on ne vienne pas gâter irrémédiablement par des digues, des tranchées, des remblais, des conduites de métal, des édifices de briques et de zinc, tout l'odieux appareil de l'industrie moderne, l'inoubliable vallée avec laquelle s'harmonise incomparablement mieux, le très vieux moulin du Poul, croûlant à l'angle de sa passerelle moussue.
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