1804 - Mariage et démission du capitaine Guillaume-François Leguay
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+ | De 1790 à 1804 Guillaume-François Le Guay, né en 1773 à Tessy en plein bocage normand, a été un valeureux militaire de carrière : à 16 ans dans la Garde Nationale de Paris, puis gendarme à Coutances, capitaine dans la 9e demi-brigade de la Manche, engagé volontaire dans l'armée de la révolution, blessé en 1793 lors du siège de Granville, sélectionné en 1798 pour l'expédition d'Irlande, capitaine de grenadiers dans la 81e demi-brigade (puis régiment de ligne), participant aux campagnes d'observation du midi en Italie. | ||
+ | Mais le 19 Novembre 1804 (28 Brumaire de l'an 13), en casernement avec son régiment à Quimper pour la défense des côtes et la lutte contre les chouans et réfractaires, il se marie avec une riche héritière. Il faut dire que Quimper n'étant pas une véritable ville de garnison, nombreux sont les officiers militaires hébergés chez l'habitant, et de ce fait de multiples mariages sont célébrés. | ||
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+ | L’idylle la plus célèbre de la région est celle de Louise du Bot du Grego, domiciliée au château de Trévarez en Laz, avec Lazarre Hoche, chef de toutes les armées de Brest et de Cherbourg. Après la mort du général en septembre 1797, la jolie marquise va convoler en juste noces avec Michel Louis Bonté, chef du 81 régiment, futur général et baron d'empire, compatriote normand de Guillaume Le Guay. Et les sorts des deux hommes s'en trouvent un peu liés au niveau familial : « <i>Le régiment se trouvant en garnison dans le département du finistère, Mr Bonté y contracta un mariage avec une très riche propriétaire du pays. Le sieur Leguay y fit également connaissance avec une famille très honnête dans laquelle il avait l'espérance de faire un mariage avantageux</i> ». | ||
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+ | Les deux hommes se connaissent depuis longtemps : « <i>la bonne intelligence a établi l'amitié et même l'intimité entre les deux compatriotes, Bonté et Leguay</i> ». Mais en 1804 les choses vont changer : « <i>M. Bonté semble avoir oublié tous les bons sentiments qui l'avoient si souvent animé pour le sieur Leguay, tous les bons témoignages qu'il avait rendus de lui, pour vexer et persécuter son compatriote et son plus ancien compagnon d'armes</i> ». | ||
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+ | En janvier 1805 le colonel Bonté écrit à son ministre de la guerre : « <i>Monsieur Leguai, prolonge son congé sans aucune autorisation et ne donne pas de ses nouvelles, il est de mon devoir, Monseigneur, de vous en instruire</i> ». En effet en juillet 1804 Le Guay a obtenu un congé de 3 mois de la part du ministre, lequel congé s'est expiré quelques jours avant son mariage. Du coup Guillaume n'a qu'une seule issue : démissionner pour raison familiale pour éventuellement réintégrer l'armée plus tard. Le souci est que le colonel se braque, et obtient un refus hiérarchique de la démission, et donc le pauvre Leguay est considéré comme déserteur. | ||
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+ | Le mariage avantageux de Guillaume Le Guay est réel, car son beau père Vincent Mermet, marchand de draps et important négociant quimpérois, est très riche, et sa fille Cécile est l'unique héritière. À la mort de son beau-père, non seulement ils hériteront du manoir du Cleuyou, de la métairie et du moulin, mais également quatre maisons rue Keréon et rue St-François à Quimper, et aussi les métairies de Coutilly et de Kervreyen en Ergué-Gabéric. Une vraie fortune à gérer. | ||
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+ | Le colonel Bonté avait sans doute raison en affirmant : « <i>le sieur Leguay est sur le point de faire un mariage avantageux qui ne pourra se conclure que lorsqu'il sera dégagé de l'état militaire</i> », c'est-à-dire disposer de son temps pour gérer ses biens et sa fortune. C'est finalement ce qu'il fera, en prenant néanmoins un emploi de « <i>receveur des impôts indirects</i> » à la régie départementale des droits réunis (corps d'administration impériale créé en 1804). | ||
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+ | En février 1831 Guillaume adresse carrément une supplique au roi Louis-Philippe pour être rétabli dans ses droits et grade militaire : « <i>l'heureuse occasion qui m'amène aujourd'hui devant vous pour demander la réparation d'une injustice commise à mon égard</i> ». Il supplie sa Majesté « <i>de vouloir bien me rendre mon ancien grade de capitaine dans la nouvelle organisation municipale qui va remplacer la gendarmerie, à la destination spéciale de Quimper</i> ». | ||
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+ | Cette nouvelle organisation étant la réactivation de la Garde Nationale qui avait été dissoute en 1827 et qu'il a connue à Paris en 1790, Guillaume Le Guay n'attend même pas la réponse royale, qui sera positive, en signant avec beaucoup d’aplomb avec un trait en courbe à côté de son nom : « <i>commandant de la garde nationale de Quimper</i> ». | ||
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+ | [[Image:BalzacBirotteau02.jpg|350px|center|thumb|César Birotteau]]Cette réintégration nous fait penser à l'emblématique personnage de César Birotteau d"Honoré de Balzac : « <i>Sur ces données, les honnêtes gens de l’arrondissement le nommèrent capitaine de la garde nationale, mais il fut cassé par Napoléon qui, selon Birotteau, lui gardait rancune de leur rencontre en vendémiaire. César eut alors à bon marché un vernis de persécution qui le rendit intéressant aux yeux des opposants, et lui fit acquérir une certaine importance.</i> » | ||
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+ | Remplaçons Napoléon par le baron Michel Louis Bouté, et nous avons l'histoire de Guillaume Le Guay, châtelain du Cleuyou, ex capitaine de grenadiers. | ||
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N° 3. Démission refusée. Congé de 3 mois. Avis le 29 vendémiaire.. | N° 3. Démission refusée. Congé de 3 mois. Avis le 29 vendémiaire.. | ||
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<big>8. Lettre du ministre</big> | <big>8. Lettre du ministre</big> | ||
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<big>10. Rapport au ministre</big> | <big>10. Rapport au ministre</big> | ||
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+ | 2e Division. Bureau de l'Infanterie. Ministère de la guerre. Rapport fait au Ministre <ref name="Berthier">{{PR-Berthier}}</ref> le 16 Pluviose an 13e (2 Février 1805). | ||
+ | Le colonel du 81e régiment rend compte au ministre que le congé de 3 mois accordé au sieur Leguay, capitaine à ce corps, est expiré du 15 brumaire dernier (6 Novembre 1804) ; que cet officier prolonge cette permission sans autorisation et ne donne aucune de ses nouvelles. | ||
+ | |||
+ | Il ajoute que ce capitaine sous prétexte de l'offre de cette démission qui n'a pas été acceptée, reste absent du corps où il met des entraves à l'avancement demandé par des camarades et il prie son Excellence de vouloir bien lui donner des ordres à l'égard de cet officier. | ||
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+ | Ce militaire âgé de 30 ans est né à Tessy, département de la Manche, est entré au service le 7 septembre 1790. Capitaine le 11 septembre 1793. | ||
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+ | <big>10. Suite du rapport au ministre</big> | ||
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+ | Il est ainsi noté dans la revue de l'an 11 : "Instruit, bravoure, moralité ; susceptible d'avancement, est proposé pour être membre du nouveau conseil". | ||
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+ | Note de l'an 12 par l'inspecteur général Menard : "Est en congé du ministre, demande de démission". | ||
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+ | Il a été donné avis au sieur Leguay du refus d'accepter sa démission et de prolonger son congé de trois mois expiré le 15 brumaire dernier (6 Novembre 1804). | ||
+ | <hr> | ||
+ | Cet officier ayant, avec connaissance de cause, négligé, depuis trois mois, de rejoindre son corps auquel il ne donne aucune de ses nouvelles, on propose à Monsieur Le Maréchal de décider que le capitaine sera considéré comme ayant abandonné son emploi et qu'il sera pourvu à son remplacement. (signatures) | ||
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<big>12. Lettre du major</big> | <big>12. Lettre du major</big> | ||
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+ | Bureau. Infanterie. Empire français. A Besançon, le 7 pluviose an 13 (27 Janvier 1805). | ||
+ | Joannis, major du 81e régiment d'infanterie de ligne et membre de la Légion d'honneur. | ||
+ | A son Excellence Monseigneur le ministre de la guerre <ref name="Berthier">{{PR-Berthier}}</ref>. Monseigneur. | ||
+ | |||
+ | J'ai l'honneur de vous rendre compte que le sieur Leguay, capitaine au régiment, auquel vous avez eu la bonté d'accorder, le 28 messidor an 12 (17 Juillet 1804), un congé de trois mois, sas solde, n'a pas encore rejoint le corps. | ||
+ | |||
+ | Cet officier, dont la permission est expirée depuis le 18 brumaire dernier (9 Novembre 1804) n'a point donné de ses nouvelles, il parroit, au contraire, persister dans sa résolution première de faire accepter la démission qu'il a présentée et qui vous a été adressée par le colonel, par une absence volontaire. | ||
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+ | La place du capitaine de 1ère classe, que le sieur Leguay occupe dans le régiment étant vacante, je vous prie, Monseigneur, de prononcer sur sa démission, afin qu'il soit procédé à son remplacement. | ||
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+ | J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur. (signature Joannis). | ||
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<big>13. Lettre du ministre</big> | <big>13. Lettre du ministre</big> | ||
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+ | Minute de la lettre écrite par le Ministre <ref name="Berthier">{{PR-Berthier}}</ref> le 25 vendémiaire an 13 (17 Octobre 1804) à M. Legay capitaine au 81e. | ||
+ | |||
+ | Vous m'avez offert, Monsieur, la démission de votre emploi de capitaine au 81e. | ||
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+ | Dans les circonstances actuelles où la présence de tous les officiers instruits est devenue un devoir indispensable, le gouvernement vous [...] avec peine abandonner votre poste. | ||
+ | Je vous préviens que je ne peux [...] votre démission. | ||
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N° 3. Démission refusée. Avis le 25 vendemiaire. | N° 3. Démission refusée. Avis le 25 vendemiaire. | ||
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+ | <big>18. Demande de réintégration adressée au roi</big> | ||
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+ | Leguay, ancien capitaine et ex receveur des impôts indirects. | ||
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+ | 29 [...] le 25 février 1831. Maintenu dans sa positon militaire le 17 mars 1831. | ||
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+ | Sire <ref name="Sire">{{PR-LouisPhilippe}}</ref>, | ||
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+ | Je profite de l'heureuse occasion qui m'amène aujourd'hui devant vous pour demander la réparation d'une injustice commise à mon égard. | ||
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+ | Capitaine au 9ième bataillon de la Manche en 1793, puis ensuite capitaine des grenadiers au 81e régiment de ligne j'ai fait toutes les campagnes de la révolution, tant à l'armée de l'ouest qu'à celle d'observation du midi en Italie, dans l'intervalle qui s'est écoulé depuis ce tems jusqu'en 1803, époque où j'ai quitté le service pour me marier et me fixer à Quimper (finistère). | ||
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+ | Dans ma carrière militaire je ne crains pas de dire que j'ai mérité l'estime et l'affection de mes chefs et de tous mes camarades. | ||
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+ | Entré ensuite dans l'administration des droits réunis, j'y étais receveur à Quimper lorsque je reçus à la date du 28 février 1816 une lettre du contrôleur principal, que je possède encore en original, et qui portaient textuellement : | ||
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+ | « Monsieur le directeur général, d'après les rapports qui lui sont parvenus des opinions politiques que vous avez manifestées, vient, Monsieur, de prononcer votre révocation. » | ||
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+ | Depuis cette destitution je n'ai fait aucune démarche auprès d'un gouvernement antipathique à la France. | ||
+ | |||
+ | Mais aujourd'hui, Sire <ref name="Sire">{{PR-LouisPhilippe}}</ref>, que le tems de la justice est venu, je demande de nouveau à servir mon pays, auquel j'espère rendre encore quelques services. | ||
+ | |||
+ | Je supplie votre Majesté <ref name="Sire">{{PR-LouisPhilippe}}</ref> de vouloir bien me rendre mon ancien grade de capitaine | ||
+ | dans la nouvelle organisation municipale qui va remplacer la gendarmerie, à la destination spéciale de Quimper. Il me serait bien doux d'occuper ce poste de confiance au milieu de mes concitoyens qui me connaissent et je me flatte d'y trouver de nombreuses occasions de justifier la confiance dont vous avez bien voulu m'honorer. | ||
+ | |||
+ | De votre Majesté <ref name="Sire">{{PR-LouisPhilippe}}</ref>, Sire, le très humble et très dévoué serviteur, Le Guay, commandant de la garde nationale de Quimper et membre de la députation de l'a[...] | ||
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Version actuelle
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L'histoire de la démission de Guilaume Le Guay pour raisons familiales et de son conflit avec sa hiérarchie militaire au travers des documents d'un dossier conservé au SHAT (Service Historique de l'Armée de Terre) à Vincennes. Merci à Michel Le Guay pour nous avoir fait connaître ces documents relatifs à son ancêtre, ainsi que ses travaux généalogiques sur les familles Bréhier, Mermet et Le Guay. | |||||
Autres lectures : « Guillaume-François Le Guay (1773-1861), garde national et capitaine de grenadiers » ¤ « 1790-1804 - Les campagnes militaires du capitaine Guillaume-François Le Guay » ¤ « 1798 - Expédition d'Irlande et libération du capitaine Guillaume François Leguay » ¤ « Archives du Cleuyou » ¤ « Les Le Guay (1804-1917), châtelains du Cleuyou au 19e siècle » ¤ « Les Mermet, propriétaires du manoir du Cleuyou et de Kervreyen » ¤ |
[modifier] 1 Présentation
De 1790 à 1804 Guillaume-François Le Guay, né en 1773 à Tessy en plein bocage normand, a été un valeureux militaire de carrière : à 16 ans dans la Garde Nationale de Paris, puis gendarme à Coutances, capitaine dans la 9e demi-brigade de la Manche, engagé volontaire dans l'armée de la révolution, blessé en 1793 lors du siège de Granville, sélectionné en 1798 pour l'expédition d'Irlande, capitaine de grenadiers dans la 81e demi-brigade (puis régiment de ligne), participant aux campagnes d'observation du midi en Italie. Mais le 19 Novembre 1804 (28 Brumaire de l'an 13), en casernement avec son régiment à Quimper pour la défense des côtes et la lutte contre les chouans et réfractaires, il se marie avec une riche héritière. Il faut dire que Quimper n'étant pas une véritable ville de garnison, nombreux sont les officiers militaires hébergés chez l'habitant, et de ce fait de multiples mariages sont célébrés. L’idylle la plus célèbre de la région est celle de Louise du Bot du Grego, domiciliée au château de Trévarez en Laz, avec Lazarre Hoche, chef de toutes les armées de Brest et de Cherbourg. Après la mort du général en septembre 1797, la jolie marquise va convoler en juste noces avec Michel Louis Bonté, chef du 81 régiment, futur général et baron d'empire, compatriote normand de Guillaume Le Guay. Et les sorts des deux hommes s'en trouvent un peu liés au niveau familial : « Le régiment se trouvant en garnison dans le département du finistère, Mr Bonté y contracta un mariage avec une très riche propriétaire du pays. Le sieur Leguay y fit également connaissance avec une famille très honnête dans laquelle il avait l'espérance de faire un mariage avantageux ». Les deux hommes se connaissent depuis longtemps : « la bonne intelligence a établi l'amitié et même l'intimité entre les deux compatriotes, Bonté et Leguay ». Mais en 1804 les choses vont changer : « M. Bonté semble avoir oublié tous les bons sentiments qui l'avoient si souvent animé pour le sieur Leguay, tous les bons témoignages qu'il avait rendus de lui, pour vexer et persécuter son compatriote et son plus ancien compagnon d'armes ». En janvier 1805 le colonel Bonté écrit à son ministre de la guerre : « Monsieur Leguai, prolonge son congé sans aucune autorisation et ne donne pas de ses nouvelles, il est de mon devoir, Monseigneur, de vous en instruire ». En effet en juillet 1804 Le Guay a obtenu un congé de 3 mois de la part du ministre, lequel congé s'est expiré quelques jours avant son mariage. Du coup Guillaume n'a qu'une seule issue : démissionner pour raison familiale pour éventuellement réintégrer l'armée plus tard. Le souci est que le colonel se braque, et obtient un refus hiérarchique de la démission, et donc le pauvre Leguay est considéré comme déserteur. Le mariage avantageux de Guillaume Le Guay est réel, car son beau père Vincent Mermet, marchand de draps et important négociant quimpérois, est très riche, et sa fille Cécile est l'unique héritière. À la mort de son beau-père, non seulement ils hériteront du manoir du Cleuyou, de la métairie et du moulin, mais également quatre maisons rue Keréon et rue St-François à Quimper, et aussi les métairies de Coutilly et de Kervreyen en Ergué-Gabéric. Une vraie fortune à gérer. Le colonel Bonté avait sans doute raison en affirmant : « le sieur Leguay est sur le point de faire un mariage avantageux qui ne pourra se conclure que lorsqu'il sera dégagé de l'état militaire », c'est-à-dire disposer de son temps pour gérer ses biens et sa fortune. C'est finalement ce qu'il fera, en prenant néanmoins un emploi de « receveur des impôts indirects » à la régie départementale des droits réunis (corps d'administration impériale créé en 1804). |
En février 1831 Guillaume adresse carrément une supplique au roi Louis-Philippe pour être rétabli dans ses droits et grade militaire : « l'heureuse occasion qui m'amène aujourd'hui devant vous pour demander la réparation d'une injustice commise à mon égard ». Il supplie sa Majesté « de vouloir bien me rendre mon ancien grade de capitaine dans la nouvelle organisation municipale qui va remplacer la gendarmerie, à la destination spéciale de Quimper ». Cette nouvelle organisation étant la réactivation de la Garde Nationale qui avait été dissoute en 1827 et qu'il a connue à Paris en 1790, Guillaume Le Guay n'attend même pas la réponse royale, qui sera positive, en signant avec beaucoup d’aplomb avec un trait en courbe à côté de son nom : « commandant de la garde nationale de Quimper ». Cette réintégration nous fait penser à l'emblématique personnage de César Birotteau d"Honoré de Balzac : « Sur ces données, les honnêtes gens de l’arrondissement le nommèrent capitaine de la garde nationale, mais il fut cassé par Napoléon qui, selon Birotteau, lui gardait rancune de leur rencontre en vendémiaire. César eut alors à bon marché un vernis de persécution qui le rendit intéressant aux yeux des opposants, et lui fit acquérir une certaine importance. »Remplaçons Napoléon par le baron Michel Louis Bouté, et nous avons l'histoire de Guillaume Le Guay, châtelain du Cleuyou, ex capitaine de grenadiers. |
[modifier] 2 Transcriptions
2. Liasse dossier démission
5. Lettre de Leguai
6. Lettre n° 2 suite à révocation
7. Lettre de démission
7bis. Réception de la démission
8. Lettre du ministre
9. Lettre du conseiller d'état
10. Rapport au ministre
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10. Suite du rapport au ministre
11. Lettre du colonel Bonté
12. Lettre du major
13. Lettre du ministre
14. Lettre de Leguai
14bis. Réception de la démission
18. Demande de réintégration adressée au roi
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[modifier] 3 Originaux
Lieu de conservation :
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Usage, droit d'image :
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Documents en accès protégé | |||||
[modifier] 4 Annotations
- Louis-Alexandre Berthier (1753-1815), prince de Neuchâtel et Valangin, prince de Wagram, est un militaire français du XIXe siècle. Berthier participe sous ses ordres aux campagnes d'Italie et d'Égypte et soutient le coup d’État du 18 brumaire. Sous le Consulat, il reçoit le portefeuille du ministère de la Guerre qu'il conservera jusqu'en 1807. Lors de l'instauration du régime impérial en 1804, Napoléon l'élève à la dignité de maréchal d'Empire puis l'anoblit en le faisant prince de Neuchâtel et Valangin en 1806. [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7]
- Michel Louis Joseph Bonté (1766-1836), est un militaire français des XVIIIe et XIXe siècles. Passé dans la 12e demi-brigade de première formation, en 1794, il servit aux armées de l'Ouest et d'Angleterre de l'an II à l'an VIII, et fut nommé chef de brigade le 1er frimaire an V pour sa conduite à l'affaire de Quiberon. Proche de Hoche qui l'apprécie, il fait la connaissance de sa maîtresse Louise du Bot du Grégo qu'il épouse après la mort de Lazare Hoche. De retour à l'armée d'Italie, il reçut le 6 août 1811 le brevet de général de brigade. [Ref.↑ 2,0 2,1]
- Jean-Girard Lacuée (1752-1841), comte de Cessac, est un militaire et homme politique français, ministre de l'administration de la guerre sous Napoléon et pair de France. [Ref.↑ 3,0 3,1]
- Louis-Philippe Ier (1773-1850), est un roi français, second à avoir régné sur la France avec le titre de « roi des Français », le premier étant Louis XVI. Son règne : du 9 août 1830 au 24 février 1848. [Ref.↑ 4,0 4,1 4,2 4,3]
Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens Date de création : mai 2015 Dernière modification : 25.07.2015 Avancement : [Développé] |