L'enfant à la piqure d'abeille
Intégrale, page 33-36.
Seuls les veines du cou et quelques petits mouvements des lèvres indiquaient que je n'étais pas encore tout à fait un cadavre. Cependant, dans la matinée du cinquième jour, mon esprit qui avait tant couru même après les essaims et les couriquets [1] (nain, petit nain, très petit nain) par francisation du mot korrigeg, pluriel de korrig.</ref> revin se reposer dans les lobes de ma cervelle qui avait cessé de fermenter. [...]
Cependant, si cette inconscient abeille me causa tant de maux et de désagréments, elle contribua à faire développer mes facultés mentales de façon extraordinaire que la science phrénologique explique fort bien du reste . [...]
À la Saint-Michel mon père vendit six des ruches les plus lourdes et j'eus mon habillement neuf comme on me l'avait promis, c'est à dire un pantalon en toile, un chupen [2] , et un chapeau.
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Éleveur d'abeilles en Provence
Intégrale, page 315-317.
Un jour, en nous promenant et philosophant dans les sentiers des environs d'Aix, nous nous trouvâmes en face d'un petit enclos, à la porte duquel il y avait une enseigne en grosses lettres ainsi libellée : « Marcellin, apiculteur praticien ».
« Quel métier que c'est ça ? demanda Orticoni.
- Ça, dis-je c'est le métier d'éleveur d'abeilles ».
Mais, pendant que nous causions, à la porte, M. l'apiculteur, qui se promenait sous les arbres de son établissement apicole, vient très poliment nous inviter à entrer dans son ermitage, car ...
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L'art d'élever les abeilles
Intégrale, page 803-805.
Je n'ai pas pu oublier le projet que j'avais fait d'aller, en ermite, habiter ce désert sauvagement merveilleux [3] , où j'aurais passé ma vie au milieu de mes amies les abeilles, paisible, loin du bruit, des fracas, des tracassements, des félonies, des canailleries et des horreurs du monde civilisé ...
C'est en pensant à cet ermitage manqué [3] que je me (suis) mis, aujourd'hui, à écrire un petit traité sur l'art d'élever des abeilles. Et cela ...
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Un traité de bretonnant
Intégrale, page 808-809.
J'ai expédié aujourd'hui même, 6 juin 1903, ce petit traité d'apiculture à Saint-Brieuc, à un personnage nommé Vallée [4] , auquel on a dit d'adresser tous les travaux faits en breton de Léon, de Tréguer et de Cornouaille. Il paraît que ce monsieur est un celtisant émérite, il faut qu'il le soit s'il arrive à se débrouiller dans tous ces jargons écrits ! Je les comprends aussi, ces trois idiomes, quand ils sont parlés, mais en écrits je suis obligé de me torturer l'intellect pour deviner ce que les auteurs ont voulu écrire. Car d"abord, les mots bretons qu'ils écrivent sont orthographiés d'une telle façon qu'il est impossible de les prononcer en vrai breton, et ensuite ils écrivent une foule de mots qui ressemblent plutôt au chinois et à l'arabe qu'au breton, et dont nous autres Bretons bretonnants n'en avons jamais entendu parler. Mais ces écrivains, qui se disent celtisants, prennent peut-être ces mots barbares dans les différents idiomes celtiques, qui sont très nombreux, puisqu'ils considèrent comme peuples celtiques non seulement les Bretons mais aussi les Basques, les Irlandais et Écossais, dont les dialectes cependant diffèrent autant entre eux que le russe et le français.
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