Sevel ar gwenan, l'apiculture bretonne ou la passion des abeilles de J-M. Déguignet - GrandTerrier

Sevel ar gwenan, l'apiculture bretonne ou la passion des abeilles de J-M. Déguignet

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Il ajoute : « <i>Dans quelques testaments, on voit tel parrain laisser une ruche à son filleul en héritage, ou tel maître prendre la même disposition pour un ami ou un serviteur dévoué. Les cires de notre pays faisaient, jusqu'à la Révolution, l'objet d'un commerce actif avec le port de Morlaix qui les transportait particulièrement en Espagne, en Hollande et dans les pays du Nord.</i> » Et il analyse aussi « <i>les pièces d'un procès taxées à 82 livres, que nous possédons, nous racontent que le jour de la foire de Saint-Corentin 1782, Hervé Lizien, du Melennec, fit marché avec Queinnec, marchand d' Irvillac, pour lui fournir dès le lendemain deux barriques de miel</i> ». Il ajoute : « <i>Dans quelques testaments, on voit tel parrain laisser une ruche à son filleul en héritage, ou tel maître prendre la même disposition pour un ami ou un serviteur dévoué. Les cires de notre pays faisaient, jusqu'à la Révolution, l'objet d'un commerce actif avec le port de Morlaix qui les transportait particulièrement en Espagne, en Hollande et dans les pays du Nord.</i> » Et il analyse aussi « <i>les pièces d'un procès taxées à 82 livres, que nous possédons, nous racontent que le jour de la foire de Saint-Corentin 1782, Hervé Lizien, du Melennec, fit marché avec Queinnec, marchand d' Irvillac, pour lui fournir dès le lendemain deux barriques de miel</i> ».
-Quant à Déguignet ...+Quant à Déguignet, au cours de ses grands voyages, il a un rêve récurrent, revenir au pays du côté du Stangala et y élever des abeilles : « <i>J'y aurais d'abord bâti une petite case, dans l'endroit le plus convenable, là où j'aurais pu défricher assez de terre pour faire un jardin potager, à bord duquel j'aurais établi un rucher assez grand pour contenir 45 ou 50 ruches, ce qui est suffisant pour un homme seul</i> ».
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 +On a vu que j'avais choisi là-bas, dans les grands Stan-Odet, un emplacement convenant parfaitement à mes goûts et à mes désirs de solitude, étant convaincu que je serais vite arrangé avec le propriétaire de ces terres, qui ne lui rapportaient rien. À moi, je comptais qu'elles m'auraient rapporté beaucoup, assez du moins pour y vivre en paix et en liberté. J'y aurais d'abord bâti une petite case, dans l'endroit le plus convenable, là où j'aurais pu défricher assez de terre pour faire un jardin potager, à bord duquel j'aurais établi un rucher assez grand pour contenir 45 ou 50 ruches, ce qui est suffisant pour un homme seul. Ces ruches, savamment soignées, m'auraient donné de 450 à 500 francs par an. Avec ça, mon jardin potager, quelques poules, du gibier, du poisson, j'aurais eu l'existence la plus heureuse qu'on puisse rêver.
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Version du 19 mai ~ mae 2013 à 17:03

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Sommaire

Bien que piqué par une abeille alors qu'il n'avait que 7-8 ans, notre paysan bas-breton a développé une passion pour les abeilles et les ruchers, jusqu'à en écrire un manuel didactique en breton.

Autres lectures : « ALLE Gérard & LE MOIGNE Jean-Louis - Abeille et miel en Bretagne » ¤ « Espace Déguignet » ¤ « 1635-1789 - Notes sur l’aspect extérieur d’une ferme cornouaillaise » ¤ 

1 Présentation

Cela commence en 1840-42, lorsque Jean-Marie Déguignet se fait sévèrement piqué par une abeille malfaisante, et qu'il s'en trouve comme métamorphosé : « elle contribua à faire développer mes facultés mentales de façon extraordinaire ». Et lorsqu'il fut guéri, son père qui exploitait des ruches au Guélennec réalisa sa promesse : « À la Saint-Michel mon père vendit six des ruches les plus lourdes et j'eus mon habillement neuf comme on me l'avait promis ».

En 1840, la plupart des fermes d'Ergué-Gabéric avaient encore leur rucher. Antoine Favé dans ses notes sur l’aspect extérieur d’une ferme cornouaillaise écrit : « Le miel de Bretagne avait une grande réputation, réputation même de propriétés curative, qu'il semble tendre à perdre aujourd'hui. Ce qui est certain, c'est que nos braves gens de pères savaient apprécier pertinemment la saveur d'un rayon de miel, et dans les bonnes maisons au moins on avait de douze à vingt ruches ou mères d'abeilles ».

Il ajoute : « Dans quelques testaments, on voit tel parrain laisser une ruche à son filleul en héritage, ou tel maître prendre la même disposition pour un ami ou un serviteur dévoué. Les cires de notre pays faisaient, jusqu'à la Révolution, l'objet d'un commerce actif avec le port de Morlaix qui les transportait particulièrement en Espagne, en Hollande et dans les pays du Nord. » Et il analyse aussi « les pièces d'un procès taxées à 82 livres, que nous possédons, nous racontent que le jour de la foire de Saint-Corentin 1782, Hervé Lizien, du Melennec, fit marché avec Queinnec, marchand d' Irvillac, pour lui fournir dès le lendemain deux barriques de miel ».

Quant à Déguignet, au cours de ses grands voyages, il a un rêve récurrent, revenir au pays du côté du Stangala et y élever des abeilles : « J'y aurais d'abord bâti une petite case, dans l'endroit le plus convenable, là où j'aurais pu défricher assez de terre pour faire un jardin potager, à bord duquel j'aurais établi un rucher assez grand pour contenir 45 ou 50 ruches, ce qui est suffisant pour un homme seul ».

Jean-Louis Henry, Manuel d'apiculture, 1906
Jean-Louis Henry, Manuel d'apiculture, 1906

2 Citation

L'enfant à la piqure d'abeille

Intégrale, page 33-36.

Seuls les veines du cou et quelques petits mouvements des lèvres indiquaient que je n'étais pas encore tout à fait un cadavre. Cependant, dans la matinée du cinquième jour, mon esprit qui avait tant couru même après les essaims et les couriquets [1] revint se reposer dans les lobes de ma cervelle qui avait cessé de fermenter. [...]

Cependant, si cette inconscient abeille me causa tant de maux et de désagréments, elle contribua à faire développer mes facultés mentales de façon extraordinaire que la science phrénologique explique fort bien du reste . [...]

À la Saint-Michel mon père vendit six des ruches les plus lourdes et j'eus mon habillement neuf comme on me l'avait promis, c'est à dire un pantalon en toile, un chupen [2], et un chapeau.

Éleveur d'abeilles en Provence

Intégrale, page 315-317.

Un jour, en nous promenant et philosophant dans les sentiers des environs d'Aix, nous nous trouvâmes en face d'un petit enclos, à la porte duquel il y avait une enseigne en grosses lettres ainsi libellée : « Marcellin, apiculteur praticien ».

« Quel métier que c'est ça ? demanda Orticoni.

- Ça, dis-je c'est le métier d'éleveur d'abeilles ».

Mais, pendant que nous causions, à la porte, M. l'apiculteur, qui se promenait sous les arbres de son établissement apicole, vient très poliment nous inviter à entrer dans son ermitage, car c'était un véritable ermitage, quoiqu'il fut habité par plusieurs millions d'habitants ailés, et nous fit voir son rucher, un modèle nouveau.

§ +/- C'était une longue baraque

Éleveur d'abeilles en Provence

Intégrale, page 795-797.

On a vu que j'avais choisi là-bas, dans les grands Stan-Odet, un emplacement convenant parfaitement à mes goûts et à mes désirs de solitude, étant convaincu que je serais vite arrangé avec le propriétaire de ces terres, qui ne lui rapportaient rien. À moi, je comptais qu'elles m'auraient rapporté beaucoup, assez du moins pour y vivre en paix et en liberté. J'y aurais d'abord bâti une petite case, dans l'endroit le plus convenable, là où j'aurais pu défricher assez de terre pour faire un jardin potager, à bord duquel j'aurais établi un rucher assez grand pour contenir 45 ou 50 ruches, ce qui est suffisant pour un homme seul. Ces ruches, savamment soignées, m'auraient donné de 450 à 500 francs par an. Avec ça, mon jardin potager, quelques poules, du gibier, du poisson, j'aurais eu l'existence la plus heureuse qu'on puisse rêver.

 

L'art d'élever les abeilles

Intégrale, page 803-805.

Je n'ai pas pu oublier le projet que j'avais fait d'aller, en ermite, habiter ce désert sauvagement merveilleux [3], où j'aurais passé ma vie au milieu de mes amies les abeilles, paisible, loin du bruit, des fracas, des tracassements, des félonies, des canailleries et des horreurs du monde civilisé ...

C'est en pensant à cet ermitage manqué [3] que je me (suis) mis, aujourd'hui, à écrire un petit traité sur l'art d'élever des abeilles.

§ +/- Et cela, aussi,

Un traité de bretonnant

Intégrale, page 808-809.

J'ai expédié aujourd'hui même, 6 juin 1903, ce petit traité d'apiculture à Saint-Brieuc, à un personnage nommé Vallée [6], auquel on a dit d'adresser tous les travaux faits en breton de Léon, de Tréguer et de Cornouaille. Il paraît que ce monsieur est un celtisant émérite, il faut qu'il le soit s'il arrive à se débrouiller dans tous ces jargons écrits ! Je les comprends aussi, ces trois idiomes, quand ils sont parlés, mais en écrits je suis obligé de me torturer l'intellect pour deviner ce que les auteurs ont voulu écrire. Car d"abord, les mots bretons qu'ils écrivent sont orthographiés d'une telle façon qu'il est impossible de les prononcer en vrai breton, et ensuite ils écrivent une foule de mots qui ressemblent plutôt au chinois et à l'arabe qu'au breton, et dont nous autres Bretons bretonnants n'en avons jamais entendu parler. Mais ces écrivains, qui se disent celtisants, prennent peut-être ces mots barbares dans les différents idiomes celtiques, qui sont très nombreux, puisqu'ils considèrent comme peuples celtiques non seulement les Bretons mais aussi les Basques, les Irlandais et Écossais, dont les dialectes cependant diffèrent autant entre eux que le russe et le français.

3 Annotations

  1. Couriquets : lutin, du breton korr, korrig, korrigan (nain, petit nain, très petit nain) par francisation du mot korrigeg, pluriel de korrig. [Ref.↑]
  2. Chupenn, féminin (pluriel chupennoù) : veste courte pour homme, veston, pourpoint (Wiktionary). Emprunté du breton, le terme est devenu du genre masculin en parler quimpérois (C.A. Picquenard). [Ref.↑]
  3. Le lieu d'ermitage breton évoqué par Jean-Marie Déguignet est la vallée du Stangala qu'il nomme Stang-Odet, situé près du village de son enfance, Quélennec en Ergué-Gabéric. [Ref.↑ 3,0 3,1]
  4. La propolis est un matériau recueilli par les abeilles à partir de certains végétaux. Cette résine végétale est utilisée par les abeilles comme mortier et anti-infectieux pour assainir la ruche. Elle est récoltée pour ses propriétés thérapeutiques. [Ref.↑ 4,0 4,1]
  5. Kaoc'h pemoc'h : merde de porc. [Ref.↑]
  6. François Vallée : grammairien, directeur de la revue Kroaz ar Vretoned et auteur d'un des meilleurs dictionnaires de la langue bretonne. [Ref.↑]




Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet

Date de création : Mai 2013    Dernière modification : 19.05.2013    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]