Pèlerinage à Notre-Dame de Kerdévot, l'Impartial du Finistère 1871 - GrandTerrier

Pèlerinage à Notre-Dame de Kerdévot, l'Impartial du Finistère 1871

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1 Transcription

Nouvelles religieuses

Pèlerinage à Notre-Dame de Kerdevot

Jeudi dernier, 4 avril, dès le matin, de nombreux pèlerins se rendaient de Quimper

à Notre-Dame de Kerdévot, en la paroisse du Grand Ergué.

Le but du pèlerinage était de remercier la Sainte-Vierge d'avoir veillé sur nos jeunes gens partis pour l'armée et de les ravoir ramenés sains et saufs dans leurs foyers, et aussi de prier pour ceux qui avaient succombé.

La chapelle, un des plus jolis monuments de nos environs, était ornée comme dans ses plus beaux jours de fête. L'étranger pouvait surtout admirer le beau retable de l'autel représentant les principales circonstances de la vie de la Sainte-Vierge. La foule des pieux pèlerins était si grande que la chapelle ne suffisait point à les contenir. Mais, grâce à la sagesse prévoyante de M. le Recteur, les messes se succédèrent sans interruption pendant toute la matinée et ainsi tous les pèlerins purent satisfaire à leur aise leur dévotion. A neuf heures fut célébrée la messe du pèlerinage par M. l'abbé de Lézéleuc [1], chanoine titulaire et grand vicaire de Quimper.

Parmi les assistants, on remarquait des membres des familles des plus honorables de notre bonne ville de Quimper, et des représentants de toutes les classes de la société : tous les rangs se trouvaient là confondus, le pauvre était agenouillé à côté du riche et tous n'avaient qu'une seule et même pensée : prier Marie, la remercier des grâces reçues et demander sa puissante protection ... Dans le chœur, près des prêtres, accourus pour unir leurs prières à celles des fidèles, se faisaient remarquer les braves militaires de l'ambulance de Saint-Joseph qui, tous, même les blessés, avaient tenu à faire le pèlerinage et à donner ainsi à Marie une preuve de pitié et d'amour. Pendant le saint sacrifice de la messe les cantiques bretons alternèrent avec les hymnes latines, chantées par le chœur de demoiselles de Saint-Corentin.

Aussitôt après la messe eut lieu la procession. M. le Recteur eut la délicate pensée de réserver les croix, bannières, statues et oriflammes pour les jeunes gens qui avaient été à l'armée. C'était justice, cette journée était leur ... O réellement, il était beau, le spectacle qu'offrait cette procession. En tête marchaient les jeunes gens les plus forts et les plus robustes du pays portant la croix et la bannières. Ensuite de distance en distance au milieu des rangs, d'autres portaient les statues et oriflammes. Les regards se portaient sur tout un ex-voto offert à Marie comme marque de la reconnaissance qui débordait de tous les cœurs. On ne pouvait s'empêcher de se sentir ému en voyant les braves soldats de l'ambulance de St-Joseph, revêtus de leurs costumes variés suivant les corps auxquels ils appartiennent, et portant encore pour la plupart la trace des glorieuses blessures reçues en défendant la patrie.

 

Au retour de la procession, tout le monde s'étant groupé près des murs du petit cimetière qui avoisine l'église, Monsieur de Lézéleuc [1] prit la parole. Dans un discours plein d'à-propos et d'actualité, il sut avec un tact exquis tirer un merveilleux parti de la fête qui se célébrait en ce jour, la fête de Sainte Monique. Il nomma cette journée le jour des mères ; mais c'est surtout quand il représenta ces mères venant au milieu des plus rudes de l'hiver, sans craindre la pluie ni le froid, s'agenouiller dévotement sur les dalles de ce sanctuaire béni pour prier Marie de leur ramener leurs enfants, c'est surtout alors que l'émotion fit à son comble. Nous avons pu voir alors bien des larmes couler des yeux de ceux qui nous entouraient. Après avoir représenté les mères priant comme Monique pour leurs enfants au milieu du danger et demandant pour eux la conservation du corps et encore plus celle de l'âme, l'orateur les représenta participant maintenant à la joie que Monique a éprouvée après la conservation de son fils. Mais, nous nous arrêtons, car nous sentons bien qu'en cherchant à reproduire les pensées de l'orateur nous les affaiblissons. Il termina son émouvante instruction en demandant aux assistants une prière pour ceux de nos frères qui ont succombé dans cette guerre si funeste pour la France, une prière aussi pour notre patrie et l'Église, en particulier pour notre père bien aimé Pie IX, le représentant de Notre-Seigneur parmi nous.

Le retour de la procession fut suivie d'une messe d'actions de grâces, après laquelle chacun alla prendre sa part d'un repas frugal, avant de se remettre en route pour Quimper.

Pour nous, nous n'oublierons jamais les douces et salutaires émotions de cette journée bénie.

UN PÈLERIN

Autre article sur le pèlerinage à Kerdévot en 1871 :

2 Annotations

  1. Léopold de Léseleuc, qui mourut évêque d'Autun en 1873, est le véritable fondateur de Feiz ha Breiz, journal hebdomadaire en langue bretonne qui parut de 1865 à 1884. En effet c'est lui qui en 1865 persuade l'évêque de Quimper et de Léon d'alors, Mgr Sergent, de l'intérêt de créer un journal rédigé en langue bretonne pour le clergé et les habitants du diocèse. [Ref.↑ 1,0 1,1]

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Thème de l'article : Reportages, revues de presse

Date de création : septembre 2009    Dernière modification : 29.01.2011    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]    Source : Impartial du Finistère n° 28 du 12.05.1871