Modèle:VoyageAlexandrePage27 - GrandTerrier

Modèle:VoyageAlexandrePage27

Un article de GrandTerrier.

(Différences entre les versions)
Jump to: navigation, search
Version du 19 mars ~ meurzh 2018 à 21:17 (modifier)
GdTerrier (Discuter | contributions)

← Différence précédente
Version du 20 mars ~ meurzh 2018 à 08:06 (modifier) (undo)
GdTerrier (Discuter | contributions)

Différence suivante →
Ligne 11: Ligne 11:
<br>Car le jeune ny estoit pas <br>Car le jeune ny estoit pas
<br>De son cher frère le trépas <br>De son cher frère le trépas
 +<br>La mort trop fâcheuse et trop promte
 +<br>De son jeune frère le conte,
 +<br>Et de son cousin de Carmé
 +<br>L'avoient tellement consterné
 +<br>Que pour cacher à son vieux père
 +<br>Une fortune aussi sévère,
 +<br>Il estoit en Léon alé ;
 +<br>Assasinat trop signalé,
 +<br>Sort malheureux, mort impreneüe,
 +<br>Qui de larmes charger ma neüe,
 +<br>Et jetter mon âme en langueur ;
 +<br>Ô coup fatal quoy ta vigueur
 +<br>Empesché à ma muse de dire,
 +<br>Empesché à ma plume d'escrire
 +<br>Les louanges d'une beauté
 +<br>Qui passe toute nouveauté,
 +<br>De la charmante de La Roche ?
 +<br>Ouy je me tais, car le reproche
 +<br>Que cette belle me feroit,
 +<br>Trop ma juste envie plairoit ;
 +<br>Sœur toute aimable toute amante
 +<br>Crainte que ma muse n'augmante
 +<br>Les excès de nostre douleur,
 +<br>Je supprime ce grand malheur,
 +<br>Nous priant néanmoins le belle
 +<br>Qu'une mort sensible et cruelle
 +<br>N'altère nullement le cours
 +<br>De nos beaux ans, de nos baux jours.
 +<br>Adieu maison trop affligée
 +<br>Mon âme se sent obligée,
 +<br>Pour se garantir du tourment
 +<br>Que luy cause un tel accident,
 +<br>D'aler au plutost en campagne
 +<br>Je passe donc forest, montagne,
 +<br><ref name="n27-1">P. 27 en marge : "de Trevarez à Tronjoly 4.l."</ref>Et me retire à Tronjoly. <ref name="n27-2">P. 27 à droite : "prez Gourin. Madame de Kerstang autrefois du Cosquer, très mal"</ref>
 +<br>Arrivant je trouve madame
 +<br>De ce seigneur la noble femme
 +<br><ref name="n27-3">P. 27 en marge : "De Tronjoly à Brunolo 2.l.l"</ref> Une fille de Sainct Germain
 +<br>Où j'arrivay le lendemain <ref name="n27-4">P. 27 à droite : "La maison de madame St Germain est Brunolo"</ref>
 +<br>Un peu tard, ils estoient à table,
 +<br>Madame la plus honorable
 +<br>La plus digne et d'autant d'esprit
 +<br>Dont j'ay parlé dans mon escrit
 +<br>Sans faire tord à aucune autre
 +<br>Car dans mes vers je n'en mets d'autre
 +<br>Me receut d'un air si charmant
 +<br>Que je doute fort si devant
 +<br>En quelque lieu que j'ay peu estre
 +<br>On n'a plus d'amour fait paraistre,
 +<br><ref name="n27-5">P. 27 en marge : "reduction cent neuf lieües"</ref>Elle dist, je ne pensois pas
 +<br>Vous posséder à ce repas
 +<br>C'est pourquoy excusez mon père
 +<br>Si je vous fais mauvaise chère
 +<br>Comment madame dis-je alors
 +<br>Nous railler vous,où ... dors ?

Version du 20 mars ~ meurzh 2018 à 08:06

Ce seul mot sorty de ma bouche
Du brave recteur le cœur touche,
Il présente bouteille, et pui
Il eut ce merveilleux advis
De me faire son cheval prendre
[1] Pour mieux à Trevarez me rendre,
Rendu, je salüe le marquis
Luy disant monsieur nostre âquis
C'est le vieux marquis de La Roche
Qui de quatre vingt ans approche,
Car le jeune ny estoit pas
De son cher frère le trépas
La mort trop fâcheuse et trop promte
De son jeune frère le conte,
Et de son cousin de Carmé
L'avoient tellement consterné
Que pour cacher à son vieux père
Une fortune aussi sévère,
Il estoit en Léon alé ;
Assasinat trop signalé,
Sort malheureux, mort impreneüe,
Qui de larmes charger ma neüe,
Et jetter mon âme en langueur ;
Ô coup fatal quoy ta vigueur
Empesché à ma muse de dire,
Empesché à ma plume d'escrire
Les louanges d'une beauté
Qui passe toute nouveauté,
De la charmante de La Roche ?
Ouy je me tais, car le reproche
Que cette belle me feroit,
Trop ma juste envie plairoit ;
Sœur toute aimable toute amante
Crainte que ma muse n'augmante
Les excès de nostre douleur,
Je supprime ce grand malheur,
Nous priant néanmoins le belle
Qu'une mort sensible et cruelle
N'altère nullement le cours
De nos beaux ans, de nos baux jours.
Adieu maison trop affligée
Mon âme se sent obligée,
Pour se garantir du tourment
Que luy cause un tel accident,
D'aler au plutost en campagne
Je passe donc forest, montagne,
[1]Et me retire à Tronjoly. [2]
Arrivant je trouve madame
De ce seigneur la noble femme
[3] Une fille de Sainct Germain
Où j'arrivay le lendemain [4]
Un peu tard, ils estoient à table,
Madame la plus honorable
La plus digne et d'autant d'esprit
Dont j'ay parlé dans mon escrit
Sans faire tord à aucune autre
Car dans mes vers je n'en mets d'autre
Me receut d'un air si charmant
Que je doute fort si devant
En quelque lieu que j'ay peu estre
On n'a plus d'amour fait paraistre,
[5]Elle dist, je ne pensois pas
Vous posséder à ce repas
C'est pourquoy excusez mon père
Si je vous fais mauvaise chère
Comment madame dis-je alors
Nous railler vous,où ... dors ?