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Mon cœur pouvoit se complaire
Que sur le sainctement du calvaire
Un appellé monsieur Bigeault
Riche nantois fort gras et hault,
Mais habitant de cette ville
Me prévient de façon civile,
Et prie de venir prendre part
De ce qu'on auroit par hazart
Accommodé dans sa cuisine ;
Crainte de mourir de famine
J'accepte son offre hardimant
Sans faire plus long complimant ;
Je blesserois dame justice
Si je ne contois le service
Qu'on me fist dans cette maison
Suivant le temps, et la saison :
Ah ! noble salade d'anchoie
Que tu cause à mon cœur de joye,
Pour le poisson je n'en dy rien,
Je laisse à deviner combien ;
La liqueur est incomparable ;
Aprez disner je veux partir,
Monsieur m(empesche de sortir ;
Mademoiselle aussi dévote
Qu'en fut jamais sous la calote
Des cieux ; me dist vous nous ferez
Cette grâce, et vous resterez
Ce jour est un des plus célèbres ;
J'y consens ; alors à ténèbres,
J'y fus, on me prie de chanter
Je la dis d'un air pytoiable
Qui approchait de l'effroiable ;
Estant au logis de retour,
Monsieur et moy faisons un tour
Au jardin pendant qu'on appreste
Une colation fort honneste.
Nous la mangeons d'un appétit
En venant petit à petit
Hors de table au feu l'on propose
Certaine indifférante chose
Puis l'on va prendre son repos
Sur costez, sur ventre, ou sur dos ;
Le lendemain par avanture
J'eus une excellente monture
Les gens du baron Kerliver
[1] Menans des chevaux à Kimper
Pour ramener de la retraite
Le vicomte qui l'avoit faitte,
Le vicomte de Trouzilly
Qui s'estoit huict jours recueilly ;
Mais au bonheur, malheur de mesme
Pour un dernier jour de caresme
Jamais je ne fus si mouillé
Quand j'eusse esté tout dépouillé
Du froc, de robbe, de tunique
Comme les gueux le fils unique
J'eusse esté mieux, tout au moins l'eau
Eust coulé le long de ma peau
Sans me charger comme ma robbe
Si jour de ma vie l'on me gobbe
Par un si mauvais temps dehors
Que je sois de sergent retors