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Le lendemain 19, une deuxième expédition est organisée, et l'intervention du prisonnier de guerre, qui sort dans la cour, oblige les agresseurs à faire demi-tour. Le lendemain 19, une deuxième expédition est organisée, et l'intervention du prisonnier de guerre, qui sort dans la cour, oblige les agresseurs à faire demi-tour.
-Le 21 décembre, jour de la grande foire de Quimper, ...+Le 21 décembre, jour de la grande foire de Quimper, la troisième expédition est mise au point chez POUX, en présence de BOURMAUD et de QUINET ; elle est fixée au 23 décembre ; FILLIS en est mis au courant. Le but à atteindre est le versement d'une somme d'argent supérieure à cent mille francs ; il n'est pas question d'exécution.
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 +Le 23 décembre, les trois bandits reprennent donc la direction de la Salle-Verte, et arrivent sur la route, en face de la ferme, où ils laissent leur voiture, vers 19 h 45. Ils se rendent tous les trois à pied vers les bâtiments. BOURMAUD est armé d'un pistolet-mitrailleur de marque anglaise, vêtu d'un imperméable américain sans manches, et coiffé d'un chapeau mou ; QUINET est armé d'un pistolet 6 m/m 35, à lui prêté par POUX, et FILLIS d'un genre "Colt". En cas d'alerte, ils ne doivent pas hésiter à se servir de leurs armes.
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 +Arrivés à proximité des bâtiments, FILLIS et QUINET se cachent derrière un pailler, BOURMAUD s'avance seul dans la cour. À ce moment, deux hommes sortent de la maison d'habitation et se dirigent, l'un vers l'écurie, l'autre vers l'étable. BOURMAUD s'approche de l'un d'entre eux, tire d'abord une balle, puis une rafale. QUINET se sauve en direction de la voiture, FILLIS le suit presqu'aussitôt et BOURMAUD les rejoint par la suite. Ils doivent pousser la voiture pour la faire démarrer, et regagnent ensuite Quimpe sans encombre.
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 +Ni QUINET, ni FILLIS, ne peuvent donner les raisons qui ont motivé l'attitude de BOURMAUD, celui-ci ne leur a pas donné d'explication, et leur a seulement enjoint "de la fermer".
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 +Jusqu'à présent, POUX et BOURMAUD nient farouchement toute participation à cet attentat, et pourtant les alibis qu'ils avaient fournis se sont révélés faux ; FILLIS a également cherché à se rétracter, mais n'a pas pu fournir d'alibi.
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 +Depuis l'arrestation des quatre bandits, de nombreuses plaintes ont été déposées, et il est possible qu'un certain nombre d'affaires soient éclaircies au cours de l'instruction. QUINET a déjà reconnu sa participation à l'attaque de la boucherie MAZE (cf supra) et en a donné les détails qui concordent avec les déclarations de M. MAZE et de sa bonne. À noter que M. MAZE n'a jamais déposé de plainte à la suite de l'agression dont il fut l'objet.
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 +Pour ce qui est de BAURIN, l'hôtelier de Saint-Yvi, mis en cause par la dame PIEDNOIR, il a été relâché, car sa participation à l'affaire de la Salle-Verte n'a pu être prouvée ; on raconte aujourd'hui qu'il aurait pris la fuite.
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 +Un nommé JEGOU, de Saint-Evarzec, frère de Jeannette JEGOU, maîtresse de BOURMAUD, qui ne s'est pas présenté à l'audience du Tribunal Correctionnel du 10 février 1947, où il était appelé pour répondre d'un délit de braconnage en compagnie de BOURMAUD, a été mis en
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 +état d'arrestation pour détention d'arme prohibée : un pistolet 7/65 été découvert à son domicile, pistolet qui lui avait été remis par BOURMAUD.
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 +La famille LASSEAU jouit à Ergué-Gabéric d'une considération parfaite, et il semble qu'on ne puisse pas l'accuser d'avoir trafiqué avec l'occupant. C'est ce qui explique l'émotion de la population de la région quimpéroise lorsqu'elle apprit l'attentat dont l'un de ses membres avait été victime.

Version du 16 mars ~ meurzh 2019 à 21:01

Pourtant, dès le début, la rumeur publique accusait ouvertement un nommé BOURMAUD, sans profession et sans ressources avouées, dont la réputation n'était plus à faire, et qui terrorisait littéralement son entourage : il habitait coteau de St-Julien en Ergué-Armel. Les enquêteurs ne réussirent pourtant pas à accumuler contre lui les charges nécessaires, et l'affaire ne semblait pas sur le point de s'éclaircir.

C'est alors que, le 5 février au matin, la population de Quimper et des environs apprit avec soulagement et satisfaction que les auteurs de l'attentat étaient sous les verrous.

Voici comme ce résultat avait été obtenu :

Depuis quelques temps déjà, les Services de la Sécurité Publique de Quimper cherchaient à obtenir les confidences d'une dame PIEDNOIR, née PENNARUN Marie, 34 ans, demeurant à Leur-en-Bars en Ergué-Armel, dont ils étaient persuadés qu'elle était au courant de l'affaire. Mais la dame PIEDNOIR se montrait très réticente, ce qui s'explique, comme nous le verrons plus loin, par les menaces dont elle était l'objet.

Le 17 janvier 1947, le mari de la dame PEDNOIR décédait à l'hôpital de Quimper. Une souscription était aussitôt organisée à son profit, car elle a une nombreuse famille et est sans ressources. Les promoteurs de cette souscription étaient un nommé POUX, commerçant, 2 route de Rosporden en Ergué-Armel, et BOURMAUD. Une somme fut remise à la femme PIEDNOIR, mais celle-ci jugea qu'on ne lui avait pas remis la totalité des fonds recueillis, et soupçonna les collecteurs d'en avoir conservé une partie par devers eux.

C'est ce qui la décida à parler.

Le 4 février, elle accusait les nommés BOURMAUD, FILLIS, marchand forain, demeurant Chemin des Justices en Penhars, et QUINET, monteur électricien, demeurant Coteau St-Julien en Ergué-Armel, d'être les auteurs de l'agression de la Salle Verte. Elle affirmait avoir été mise au courant de cela par son mari, qui était un ami de BOURMAUD. D'autre part, elle dévoilait que des trois individus faisaient partie d'une bande qui était dirigée par POUX et FAURIN, hôtelier à Saint-Yvi, qui fournissaient les armes. En outre, elle déclarait savoir que la bande était impliquée dans d'autres affaires : extorsion de fonds (90.000 francs) à main armée au préjudice de M. MAZE, boucher hippophagique, rue Guy Autret à Kerfeunteun (Finistère), attaque à main armée dans une maison de Penhars, qu'elle ne pouvait citer, et où de la lingerie et des bijoux auraient été enlevés. Elle déclarait en outre s'être tue jusqu'à ce jour, parce qu'elle avait été l'objet de menaces très précises de la part de BOURMAUD.

* * *

Voici, d'après les déclarations concordantes de QUINET et de FILLIS, dans quelles conditions l'attaque fut préparée et exécutée.

Mais il convient d'abord de mentionner que les trois bandits se rendirent deux fois à la Salle Verte avant le 18 décembre 1946.


Le 18 octobre, BOURMAUD, FILLIS et QUINET partent de chez POUX vers la ferme de la famille LASSAUT, dans la voiture de FILLIS, qui conduit. La voiture s'arrête sur la route nationale, et BOURMAUD se rend seul à la ferme : il dépose la lettre sous la porte et tire un coup de pistolet pour effrayer les LASSAUT, dit-il. Les trois hommes rentrent à Quimper et se séparent.

Le lendemain 19, une deuxième expédition est organisée, et l'intervention du prisonnier de guerre, qui sort dans la cour, oblige les agresseurs à faire demi-tour.

Le 21 décembre, jour de la grande foire de Quimper, la troisième expédition est mise au point chez POUX, en présence de BOURMAUD et de QUINET ; elle est fixée au 23 décembre ; FILLIS en est mis au courant. Le but à atteindre est le versement d'une somme d'argent supérieure à cent mille francs ; il n'est pas question d'exécution.

Le 23 décembre, les trois bandits reprennent donc la direction de la Salle-Verte, et arrivent sur la route, en face de la ferme, où ils laissent leur voiture, vers 19 h 45. Ils se rendent tous les trois à pied vers les bâtiments. BOURMAUD est armé d'un pistolet-mitrailleur de marque anglaise, vêtu d'un imperméable américain sans manches, et coiffé d'un chapeau mou ; QUINET est armé d'un pistolet 6 m/m 35, à lui prêté par POUX, et FILLIS d'un genre "Colt". En cas d'alerte, ils ne doivent pas hésiter à se servir de leurs armes.

Arrivés à proximité des bâtiments, FILLIS et QUINET se cachent derrière un pailler, BOURMAUD s'avance seul dans la cour. À ce moment, deux hommes sortent de la maison d'habitation et se dirigent, l'un vers l'écurie, l'autre vers l'étable. BOURMAUD s'approche de l'un d'entre eux, tire d'abord une balle, puis une rafale. QUINET se sauve en direction de la voiture, FILLIS le suit presqu'aussitôt et BOURMAUD les rejoint par la suite. Ils doivent pousser la voiture pour la faire démarrer, et regagnent ensuite Quimpe sans encombre.

Ni QUINET, ni FILLIS, ne peuvent donner les raisons qui ont motivé l'attitude de BOURMAUD, celui-ci ne leur a pas donné d'explication, et leur a seulement enjoint "de la fermer".

Jusqu'à présent, POUX et BOURMAUD nient farouchement toute participation à cet attentat, et pourtant les alibis qu'ils avaient fournis se sont révélés faux ; FILLIS a également cherché à se rétracter, mais n'a pas pu fournir d'alibi.

Depuis l'arrestation des quatre bandits, de nombreuses plaintes ont été déposées, et il est possible qu'un certain nombre d'affaires soient éclaircies au cours de l'instruction. QUINET a déjà reconnu sa participation à l'attaque de la boucherie MAZE (cf supra) et en a donné les détails qui concordent avec les déclarations de M. MAZE et de sa bonne. À noter que M. MAZE n'a jamais déposé de plainte à la suite de l'agression dont il fut l'objet.

Pour ce qui est de BAURIN, l'hôtelier de Saint-Yvi, mis en cause par la dame PIEDNOIR, il a été relâché, car sa participation à l'affaire de la Salle-Verte n'a pu être prouvée ; on raconte aujourd'hui qu'il aurait pris la fuite.

Un nommé JEGOU, de Saint-Evarzec, frère de Jeannette JEGOU, maîtresse de BOURMAUD, qui ne s'est pas présenté à l'audience du Tribunal Correctionnel du 10 février 1947, où il était appelé pour répondre d'un délit de braconnage en compagnie de BOURMAUD, a été mis en


état d'arrestation pour détention d'arme prohibée : un pistolet 7/65 été découvert à son domicile, pistolet qui lui avait été remis par BOURMAUD.

* * *

La famille LASSEAU jouit à Ergué-Gabéric d'une considération parfaite, et il semble qu'on ne puisse pas l'accuser d'avoir trafiqué avec l'occupant. C'est ce qui explique l'émotion de la population de la région quimpéroise lorsqu'elle apprit l'attentat dont l'un de ses membres avait été victime.