Modèle:Kergoet1947 - GrandTerrier

Modèle:Kergoet1947

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2°) <u>Règlement de comptes à la suite de l'affaire du 18 octobre</u> 2°) <u>Règlement de comptes à la suite de l'affaire du 18 octobre</u>
-À la suite des gendarmes, nous avons à nouveau étudié la possibilité d'une vengeance par des membres du groupe X... <ref name="X">Le groupe X désigne lz premier groupe inculpé suite à l'attaque du 18 octobre 1946 à la Salle-Verte, à savoir AUTRET, DAOUDAL, Etienne RANNOU et LE BRAS, maissi une autre groupe éventuel car les premiers ont bénéficié d'un non-lieu.</ref> instigateurs de l'attaque du 18 octobre 1946.+À la suite des gendarmes, nous avons à nouveau étudié la possibilité d'une vengeance par des membres du groupe X... <ref name="X">Le groupe X désigne le premier groupe inculpé pour l'attaque du 18 octobre 1946 à la Salle-Verte, à savoir AUTRET, DAOUDAL, Etienne RANNOU et LE BRAS, mais aussi un autre groupe éventuel car les premiers ont bénéficié d'un non-lieu.</ref> instigateurs de l'attaque du 18 octobre 1946.
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La coïncidence entre la sortie de RANNOU et le meurtre pouvait laisser supposer, à première vue, une vengeance des membres du groupe, mais il est tout aussi invraisemblable de penser que cette sortie de RANNOU ait servi les desseins du meurtrier en attirant les soupçons sur le groupe. La coïncidence entre la sortie de RANNOU et le meurtre pouvait laisser supposer, à première vue, une vengeance des membres du groupe, mais il est tout aussi invraisemblable de penser que cette sortie de RANNOU ait servi les desseins du meurtrier en attirant les soupçons sur le groupe.

Version du 14 mars ~ meurzh 2019 à 09:42

La ferme est isolée, et à part une autre maison habitée par le frère de Madame LASSEAU, qui s'élève à 200 m. plus loin à l'intérieur des terres, il n'est pas d'autre habitation à proximité.

La "Salle Verte' est exploitée par M. LASSEAU, 48 ans, et sa femme, vivant là avec leurs deux fils, Pierre, 18 ans et René, 23 ans, une bonne et un prisonnier allemand servant de valet.

Le 23 décembre 1946, après le repas du soir, c'est-à-dire vers 19 h 30, René LASSEAU, accompagné du prisonnier allemand, Walter BUSKIS, se rendit comme de coutume à l'écurie afin de soigner ses chevaux. Le travail se déroula normalement et sa tâche terminée, Walter BUSKIS, se disposait à sortir d'un appentis où il avait préparé la nourriture des chevaux, lorsqu'il vit arriver un inconnu qui, passant devant la maison d'habitation, se dirigea directement vers l'écurie que René LASSEAU se préparait à quitter. Arrivé à 3 ou 4 mètres de ce dernier, l'homme l'interpellait à deux reprises en disant "viens ici, viens ici", puis déchargea une rafale de mitraillette sur le jeune homme qui s'avançait à sa rencontre. Celui-ci s'écroula sans pousser un cri. Walter BUSKIS, craignant pour sa propre vie, se coucha précipitamment à terre et le meurtrier ayant vraisemblablement entendu bruit, déchargea une rafale dans sa direction. Puis, sans se presser, il revint sur ses pas, repassa devant la maison d'habitation sur la façade de laquelle il envoya une nouvelle rafale et disparut.

Le prisonnier allemand ne put donner qu'un signalement très imprécis de l'agresseur. Suivant lui, l'homme était de petite taille, 1 m 62 environ, coiffé d'un chapeau mou, chaussé de bottes et revêtu d'un imperméable genre américain ou anglais.

L'examen du cadavre par un médecin de Quimper permit de constater que René LASSEAU avait été frappé de 4 balles dont une avait atteint le cœur. La mort avait été instantanée.

La gendarmerie alertée immédiatement par l'oncle de la victime arriva à la ferme 2 heures plus tard.

Au cours de leurs constatations, les gendarmes récupérèrent 22 douilles de 11 m/m 25 dans la cour de la ferme, et relevèrent de nombreux points d'impact des balles sur les murs des bâtiments.

Leur attention fut immédiatement attirée par le calibre des balles et des douilles récupérées, qui correspondait en effet exactement à celles trouvées après l'attaque dont la ferme LASSEAU avait été l'objet dans la soirée du 18 octobre 1946.

Ce soir-là, vers 22 heures, les occupants de la ferme étaient couchés, lorsqu'ils furent alertés par 2 coups de feu. Les balles pénétrèrent par une fenêtre du 1er étage et l'une


l'une d'elles traversa le plafond pour aller se perdre dans le grenier, alors que l'autre s’aplatir contre le mur.

Le lendemain matin, une lettre écrite en caractère d'imprimerie, qui avait été glissée sous la porte d'entrée, fut découverte par la bonne. Cette lettre ordonnait à M. LASSEAU de préparer une somme de 100.000 francs et d'effectuer le soir même en automobile un parcours déterminé au cours duquel il entendrait un coup de feu. Les 100.000 francs préalablement glissés dans une enveloppe devaient alors être jetés sur la route par le fermier.

La gendarmerie fut alertée et le soir venu, M. LASSEAU exécuta le parcours indiqué. Pendant son absence de la ferme, le prisonnier allemand qui allait se coucher, aperçut deux ou trois hommes à proximité d'un tas de paille. Il donne l'alerte et les inconnus s'enfuirent à travers champs.

L'enquête effectuée à la suite de ces faits amena l'arrestation de quatre jeunes gens domiciliés à "L'eau blanche" en Ergué-Armel, c'est-à-dire à environ 1 km 500 de la "Salle Verte" sur le chemin de grande communication n° 15 en direction de Quimper.

Il s'agissait des nommés AUTRET, DAOUDAL, RANNOU et LE BRAS. Le premier passa aux aveux aux gendarmes, aveux qu'il confirma lors de sa première comparution devant M. le Juge d'Instruction.

Quelques jours plus tard cependant, AUTRET se rétracta sans donner de raison valable, sans doute à la suite d'une entente préalable avec ses co-inculpés avec lesquels il avait pu communiquer à la prison.

Des faux témoignages furent obtenus par les détenus et la preuve de leur culpabilité n'ayant pu être établie de façon formelle, un non-lieu fut rendu. L'un des inculpés, le nommé RANNOU Etienne, fut libéré le samedi soir 21 décembre, mais les trois autres, inculpés dans une autre affaire, restèrent détenus.

L'identité du calibre des balles tirées le 18 octobre et le 23 décembre amena les gendarmes à soupçonner RANNOU Etienne ou tout au moins une complicité de sa part dans le meurtre de René LASSAU.

Une perquisition fut effectuée à son domicile, son emploi du temps fut contrôlé sans aucun résultat.

De même, des visites furent faites chez des camarades de l'intéressé, les nommés LOUET Louis, marchand de poissons à "L'Eau Blanche" etAUFFRET Alain, chiffonnier à Ergué-Gabéric. Leurs emplois du temps furent également contrôlés, toujours sans résultat.

À notre arrivée à Ergué-Gabéric, aucun autre élément n'avait été recueilli par les gendarmes qui, en particulier, n'avaient pu éclaircir le motif du meurtre.

Aucun témoignage n'avait pu être obtenu permettant d'établir la direction prise par le meurtrier, qui n'avait laissé aucune trace de pas en raison de la gelée.


Dès le début de l'enquête, à laquelle j'ai procédé avec l'assistance des Inspecteurs LE BARS et LE BLEVEC du service, j'ai recueilli quelques témoignages particulièrement intéressants.

C'est ainsi que nous avons appris qu'à deux reprises au moins, la victime avait été attaquée la nuit à l'entrée de l'allée conduisant à la "Salle-Verte" par un ou deux inconnus. Une première fois, René LASSEAU fut jeté à bas de sa bicyclette et sa veste fut déchirée. Une deuxième fois, il dut se défendre à l'aide d'un bâton. Les parents n'ont pu nous donner confirmation de ces faits qu'ils paraissaient ignorer. René LASSEAU était de caractère très renfermé quant à sa vie privée, et ne mettait ni ses parents ni son frère, ni ses camarades de ce qui le concernait intimement. Cet état de faits nous a amenés à envisager le meurtre du jeune LASSEAU sous différents angles, compte tenu des circonstances du meurtre qui laissent supposer que l'assassin visait particulièrement.

Cinq hypothèses ont été successivement émises et contrôlées :

1°) Drame passionnel,

2°) Règlement de comptes à la suite de l'affaire du 18 octobre,

3°) Exécution par d'anciens résistants,

4°) Exécution politique,

5°) Vengeance d'un individu ayant été arrêté sur indications d'un membre de la famille LASSEAU.

1°) Drame passionnel.

La vie privée de René LASSEAU ne semblait pas comporter de secrets. Comme tous les jeunes gens de la région, il fréquentait les bals et avait eu quelques "flirts".

Les vérification que nous avons effectuées nous ont permis de le suivre au cours de ses dernières années. Des "flirts" n'ont jamais été poussés, et se sont terminés sans heurts. La victime n'a eu aucune liaison avec une femme mariée ou fiancée officiellement. Rien ne permet de supposer la vengeance d'un époux trompé, d'un fiancé éconduit ou d'un jaloux, ou la vengeance d'une jeune fille outragée.

Un camarade intime de René LASSEAU, M. Hervé FEUNTEUN demeurant au Quellenec en Ergué-Gabéric a pu nous assurer que la vie privée de son ami n'avait rien que de très normal.

Dans ces conditions, cette première hypothèse a pu être écartée.

2°) Règlement de comptes à la suite de l'affaire du 18 octobre

À la suite des gendarmes, nous avons à nouveau étudié la possibilité d'une vengeance par des membres du groupe X... [1] instigateurs de l'attaque du 18 octobre 1946.


La coïncidence entre la sortie de RANNOU et le meurtre pouvait laisser supposer, à première vue, une vengeance des membres du groupe, mais il est tout aussi invraisemblable de penser que cette sortie de RANNOU ait servi les desseins du meurtrier en attirant les soupçons sur le groupe.

Dans cet ordre d'idées, et en tenant compte du non-lieu rendu envers RANNOU, nous avons émis l'hypothèse du meurtre commis par les véritables auteurs de l'attaque du 18 octobre, afin de supprimer un témoin génant. René LASSEAU pouvait en effet connaître ces véritables auteurs.

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