Modèle:JM-CLP28-A Monsieur Malherbe de la Boixière - GrandTerrier

Modèle:JM-CLP28-A Monsieur Malherbe de la Boixière

Un article de GrandTerrier.

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Et ce chrétien, qui fut homme de qualité,
Se trouva offusqué du piteux voisinage
Dans sa noble personne et dans sa dignité,
Aussi, avec colère, il me tint ce langage :

« Comment, toi, vilain, sale républicain,
Tu n'as pas de honte de m'approcher ainsi.
Toi, misérable gueux, cent fois crevé de faim ?
Veux tu bien t'en aller te pourrir loin d'ici ? »

« Coquin ? lui répondis-je d'une pâleur extrême,
Sache que maintenant je ne suis plus ton chien.
Pas de coquin, ici ! sinon coquin toi-même ;
Je suis sur mon fumier comme toi sur le tien.

Ici, devant les vers, nous sommes tous égaux,
Tu n'as qu'à regarder ta vilaine ordure.
Ici, pas de maîtres ! non plus de hobereaux.
Chacun de nous est maître sur sa pourriture.

Je sais bien : Autrefois, tu fus un gentilhomme
Et fort gentil surtout dans la canaillerie,
Un descendant des lâches de Coblentz [1] et de Rome
De ces nobles ignobles de la fripouillerie.

Tu ne fus sur terre qu'un être inutile,
Un coquin, un gredin, une sale ganache,
Un parasite immonde à l'âme la plus vile,
Un fourbe et parjure, un traître et un lâche.

Je te connais bien là, sur ta sale dépouille
Très ignoble canaille, dit de la Boixière
Qui ne fut sur la terre qu'une horrible fripouille
Ainsi que ta compagne et ton immonde mère.

Vous fûtes les bourreaux de malheureux enfants,
Après avoir du père sucé sang et sueurs,
Vous fîtes des martyrs de pauvres innocents
Et vous vous réjouîtes de toutes ces horreurs.

Oh ! je sais bien qu'il y eut encore des complices
Pour t'enseigner les bons et les meilleurs moyens
Pour nous faire souffrir ces horribles supplices
Inventés autrefois par les bourreaux chrétiens.

Ainsi mourûtes-vous, chargés d'ignominies,
De forfaits, de parjures, d'opprobres et de crimes
Ayant commis ensemble toutes les infamies
Et ayant sur lz tête le sang de vos victimes.

« Eh ! bien, console-toi voisin, de tes forfaits
Que tu as commis, gredin, sur mes enfants et moi
Car j'ai trouvé un autre aussi coquin que toi
Et parmi les grands hommes, un des plus notés.

Tu l'as connu sans doute cet immonde Le Braz
Qui était Présidents des « régionalistes »,
une bande de toqués, de fous, de scélérats,
Ignobles cléricofards et autres fripouillistes.

Toi, tu m'avais volé mes sueurs et mon sang
Mais c'était pour assouvir ton explicable haine
Contre un pauvre bougre que tu trouvais trop franc
Et parce qu'il défendait la liberté humaine.

Mais le coquin Le Braz, fourbe et hypocrite
Me sachant condamné aux plus noires misères
Vint en vrai Bazile, ou en fripon jésuite,
M'escroquer en riant de mes travaux littéraires.

Voici donc que sans faire de la littérature
Cet élève de Renan, un de ses bons apôtres
Mais n'ayant pas reçu les dons de la nature
Et dépourvu d'esprit, il prit celui des autres.

Tu vois, mon vieux voisin, que tu as des amis,
Des copains, des collègues, des frères dans es crimes,
Tellement que ce globe est couvert de bandits
Desquels les honnêtes gens sont d'éternelles victimes.

Enfin, quoi qu'il en soit, tu mourus tout de même,
Sans doute de pléthore ou d'indigestion,
Et nous voici égaux devant l'Être Suprême
Qui est tout simplement la putréfaction.

Moi, je mourus de faim sur un triste grabat
Où tu m'avais réduit, immonde créature,
Mais je mourus content, ignoble scélérat,
Car j'avais le cœur net, la conscience pure.

Mais de vous tous, canailles, âmes basses et viles,
J'ai, avant de partir, arrangé la mémoire
De ma petite plume aux traits indélébiles.
Je vous ai tous cloués au poteau de l'Histoire. »