Modèle:Déguignet - Q7 - GrandTerrier

Modèle:Déguignet - Q7

Un article de GrandTerrier.

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À suite de l'expulsion des sœurs, il fait allusion au procès d'un colonel de Saint-Rémy.

Extrait :

« Un certain colonel de Saint-Rémy, un nom privilégié, vient de passer devant un conseil de guerre pour refus d'obéissance à des ordres supérieurs. Jugé « par ses pairs, il a été condamné à... 24 heures de prison » ; si c'eût été un simple soldat, il n'aurait pas été [jugé] « par ses pairs », mais par des supérieurs qui l'auraient condamné à être fusillé immédiatement. Et les cléricaux nationalistes ont applaudi à l'acquittement de ce rebelle parce qu'il est catholique, comme ils avaient applaudi à la condamnation de l'innocent Dreyfus parce que celui-là était israélite. Il est curieux de lire le réquisitoire et les plaidoyers de ce jugement. Dans le réquisitoire il [est] dit : « Préfet vous requiert d'exécuter de suite réquisition, mettez votre escadron en route le plus tôt possible. » Puis le général qui donna cet ordre dit pour la défense du colonel que « j'estime que la transmission faite par moi de la réquisition ne constituait pas un ordre. » Et là-dessus, ce bon général se livre à une véritable folie de rhétorique semblable à tous ces officiers d'état-major lors de l'affaire Dreyfus, pour essayer de prouver qu'un ordre donné par lui n'était pas un ordre, et que le colonel de Saint-Rémy avait eu raison d'obéir à sa conscience plutôt qu'à cet ordre trois fois réitéré. Donc, il fallait acquitter ce grand Saint-Rémy coupable seulement d'avoir obéi à sa conscience catholique plutôt qu'aux ordres d'un gouvernement qui l'a fait colonel et l'a décoré pour le servir avec dévouement et fidélité. Cependant, ce vieux saint de trente ans de services et qui a fait condamner plusieurs pauvres troupiers aux travaux forcés, et n'aurait pas hésité deux minutes pour faire fusiller un soldat qui aurait comme lui refusé d'obéir, affirme avoir réfléchi pendant quatorze heures dans des transes douloureuses pour savoir s'il devait obéir à sa conscience ou aux ordres de son général ; quatorze heures de réflexion pour un commandant d'armée devant l'ennemi, c'est un peu long. Mais ce parfait chrétien aurait dû réfléchir avant d'entrer dans la carrière des armes, en consultant les préceptes et les principes dictés par son Dieu, auquel il veut obéir avant d'obéir aux hommes. En consultant ces préceptes et principes divins, il aurait vu que le vieux Jéhovah, l'Éternel Sabaoth, créateur du ciel et de la terre et père céleste de Jésus, disait à Noé : « Celui qui répandra le sang de l'homme par l'homme, son sang sera répandu : car Dieu a fait l'homme à son image4(*). » Et ce fils Jésus disait à Pierre, qui avait tiré son épée contre les soldats qui vinrent arrêter son maître : « Remets ton épée dans le fourreau, car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée5(*). » Donc ce vieux colonel s'il avait été comme il le dit aujourd'hui rigoureusement observateur des Évangiles, n'aurait jamais dû prendre l'épée. Il est vrai que ce bon catholique galonné pourrait dire que cette épée, il ne s'en est jamais servi que pour parader sur les champs de manoeuvre, dans les rues et dans les salons ! Et maintenant ses amis, les nationalistes, congréganistes et consorts vont probablement lui offrir une épée d'honneur pour les avoir si bien défendus avec l'autre. Son défenseur a dit qu'il a agi en brave en refusant d'obéir au gouvernement qui le paie : toute bravoure mérite récompense. Ce défenseur a comparé le refus de ce colonel à celui du commandant Labordère quoique ce ne soit pas la même chose6(*). Labordère avait refusé de marcher contre le peuple, contre la France entière au profit d'un tyran, tandis [que] le Saint-Rémy a refusé de marcher contre les plus grands ennemis du peuple, de la France et de l'humanité. Les officiers français ne changent pas, toujours traîtres et lâches, et le gouvernement plus lâche encore en les laissant faire. L'affaire Dreyfus a montré au monde entier qu'une trentaine au moins de ces officiers méritaient la potence ; ils le sentaient si bien eux-mêmes que quelques uns d'entre eux se sont exécutés volontairement, voyant que le gouvernement ne voulait pas les pendre... »

Où cela se passait-il ?

Qui était ce colonel (biographie, dates) ?