Modèle:DéguignetJérusalem997 - GrandTerrier

Modèle:DéguignetJérusalem997

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-Ainsi, il y a vingt-et-un autels dans ce temple, où vingt-et-un prêtres chantent les louanges du fils de l'assassin David en vingt et une manières différentes ! Et, bien entendu, tous ces prêtres, en bons charlatans, sont jaloux les uns des autres : ils se disputent, se menacent et en viennent souvent aux mains. Alors la garde turque va séparer les fripons en les mettant dos à dos. Malgré la foule de pèlerins qui remplissaient déjà le temple, et d'autres qui entraient, les uns debout, les autres se traînant à genoux, nous voulûmes aussi donner un coup d’œil dans l'intérieur de ce vaste tripot, où les croyants idiots sont volés pire dans nos tripots parisiens. Nous nous faufilâmes à travers ces malheureux qui ne voyaient rien, semblable à ces idoles dont +Ainsi, il y a vingt-et-un autels dans ce temple, où vingt-et-un prêtres chantent les louanges du fils de l'assassin David en vingt et une manières différentes ! Et, bien entendu, tous ces prêtres, en bons charlatans, sont jaloux les uns des autres : ils se disputent, se menacent et en viennent souvent aux mains. Alors la garde turque va séparer les fripons en les mettant dos à dos. Malgré la foule de pèlerins qui remplissaient déjà le temple, et d'autres qui entraient, les uns debout, les autres se traînant à genoux, nous voulûmes aussi donner un coup d’œil dans l'intérieur de ce vaste tripot, où les croyants idiots sont volés pire dans nos tripots parisiens. Nous nous faufilâmes à travers ces malheureux qui ne voyaient rien, semblable à ces idoles dont parle le grand bandit David dans ses stupides psaumes, et que les catholiques chantent tous les dimanche et jours de fête dans les églises : « <i>Os babent et non loquentur, oculos babent et non vidunt, aures babent et non audient, nares babent et non odorabunt</i> ». Cependant, si leurs yeux, leurs oreilles, et leur nez ne leur servaient à rien là, ils étaient plus avancés que les idoles du grand assassin, car ils se servaient de leurs pieds, de leurs mains et même de leur langue pour lécher la peinture, la poussière et toutes les pierres de Jérusalem.
-...+Nous les vîmes encore, quand nous eûmes gagné un coin du temple, embrasser et lécher les bords d'un trou représentant soi-disant le trou de la Croix, et d'autres qui ét
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-Nous les vîmes encore+
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Version du 22 mai ~ mae 2018 à 07:29

Ainsi, il y a vingt-et-un autels dans ce temple, où vingt-et-un prêtres chantent les louanges du fils de l'assassin David en vingt et une manières différentes ! Et, bien entendu, tous ces prêtres, en bons charlatans, sont jaloux les uns des autres : ils se disputent, se menacent et en viennent souvent aux mains. Alors la garde turque va séparer les fripons en les mettant dos à dos. Malgré la foule de pèlerins qui remplissaient déjà le temple, et d'autres qui entraient, les uns debout, les autres se traînant à genoux, nous voulûmes aussi donner un coup d’œil dans l'intérieur de ce vaste tripot, où les croyants idiots sont volés pire dans nos tripots parisiens. Nous nous faufilâmes à travers ces malheureux qui ne voyaient rien, semblable à ces idoles dont parle le grand bandit David dans ses stupides psaumes, et que les catholiques chantent tous les dimanche et jours de fête dans les églises : « Os babent et non loquentur, oculos babent et non vidunt, aures babent et non audient, nares babent et non odorabunt ». Cependant, si leurs yeux, leurs oreilles, et leur nez ne leur servaient à rien là, ils étaient plus avancés que les idoles du grand assassin, car ils se servaient de leurs pieds, de leurs mains et même de leur langue pour lécher la peinture, la poussière et toutes les pierres de Jérusalem.

Nous les vîmes encore, quand nous eûmes gagné un coin du temple, embrasser et lécher les bords d'un trou représentant soi-disant le trou de la Croix, et d'autres qui ét

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Je regardai aussi cette espèce de petite chapelle octogonale placée au milieu du temple [dont] on nous avait déjà parlé. C'est dans cette boite, vraie boite de prestidigitateur que le grand patriarche grec, le chef supérieur de ce temple, fait descendre l'Esprit Saint pendant les fêtes de Pâques russes. Sur les apôtres cet esprit était descendu, sous forme de sept langues de feu, du ciel bien entendu. Mais dans cette boite, il descend tout simplement du bout d'une allumette, le long d'une petite mèche soufrée. Aussitôt que le feu est allumé, le grand prestidigitateur ouvre les petits guichets percés tout autour de la boite et les fidèles se précipitent pour allumer leur chandelle à ce feu céleste, puis avec cette chandelle ils se frottent le front, pour y faire entrer sans doute ce qui y manque. Les femmes se frottent en outre les seins et même, nous affirmait-on, plus bas encore. Mais ce qui m'avait le plus frappé dans cette grande boutique de charlatans, c'était un Christ, assez vilain, un Saint Jean et une Mater Dolorosa, ressemblant parfaitement et placés dans les mêmes postures que ceux que j'avais vu si souvent dans l'église d'Ergué-Gabéric où j 'avais fait ma première communion.

Nous ne restâmes pas bien longtemps du reste dans ce repaire de voleurs : on y étouffait. Courir dans les rues était une misère, on ne pouvait faire un pas sans être assommé par les vendeurs de bibelots et les demandeurs de bakchich. Nous nous décidâmes d'entrer dans une auberge en attendant de retourner à la maison pour dîner. Le soir, nous allâmes voir le Mont Sion, le couvent des Arméniens, le temple d'Omar, dans lequel les prêtres de Mahomet exploitent les vrais croyants de la même façon que les prêtres chrétiens, sauf qu'ils sont moins divisés.

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Ce fut pour nous la plus belle journée que nous passâmes dans ce triste pays. J'ai vu bien des payes depuis, et, certes, si j'avais eu des moyens de voyager, je serais allé avec plaisir les revoir, mais jamais je n'aurais voulu revoir Jérusalem. Le lendemain, nous fûmes conduits à Beyrouth, où nous trouvâmes un vapeur prêt à partir, et qui nous ramena à Constantinople deux jours avant l'expiration de notre congé.