Modèle:BA-Tinténiac-161 - GrandTerrier

Modèle:BA-Tinténiac-161

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<i>Ar Gwenn Bleiz</i> avait reculé sous l'impact en pleine poitrine et était tombé comme un arbre. Julien le rattrapa entre ses bras. Le grenadier n'eut pas le temps de fuir ; un paysan de Saint-Pierre-Quiberon, Joseph Madec, capitaine de la compagnie deCarnac, l'avait aligné avec son fusil et foudroyé quelques secondes après qu'il eut tué Tinténiac. <i>Ar Gwenn Bleiz</i> avait reculé sous l'impact en pleine poitrine et était tombé comme un arbre. Julien le rattrapa entre ses bras. Le grenadier n'eut pas le temps de fuir ; un paysan de Saint-Pierre-Quiberon, Joseph Madec, capitaine de la compagnie deCarnac, l'avait aligné avec son fusil et foudroyé quelques secondes après qu'il eut tué Tinténiac.
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 +Les Bretons allaient faire de la mort du chevalier une chanson en dialecte vannetais, <i>Ar Chouanted</i>, la Marche des Chouans, que l'on se répèterait longtemps aux veillées :
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 +:Julian blev-ruz a lare d'e vamm gozh ur mintin :
 +:- Me ya-me gant Tinteniag, pa monet a blij din.
 +:- Da daou vreur 'deus me losket, ha te me losk ivez
 +:Mes mar plij dit de vonet, ra da renay Doue !-
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 +<i>Julien aux cheveux roux <ref name=Julien>Julien Cadoudal, dit « <i>Julian Bleo-Ru</i> » ou « <i>Julien le barde</i> », colonel dans l'Armée de son frère cadet Georges.</ref> disait à sa vieille mère, un matin : — Je m’en vais, moi, rejoindre Tinténiac, car il me plaît d’aller. — Tes deux frères m’ont abandonnée, et toi tu m’abandonnes aussi ! mais, s’il te plaît d’aller, va-t’en à la garde de Dieu ! —</i>
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 +:Pa zeue ar Chouanted, eus a bep korn a Vreizh,
 +:A Dreger hag a Gernev, hag a Wened e-leizh,
 +:Ar re c'hlas degouezh gante, e maner Koatlogen,
 +:Eus a goste'où Bro-C'hall, tri mil en ur vandenn.
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 +<i>Comme les chouans arrivaient de chaque partie de la Bretagne, de Tréguier, de Cornouaille, et surtout de Vannes, les Bleus venant du côté de la France les joignirent, au manoir de Coatlogon, au nombre de trois mille.</i>
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 +:[...] Ken n'hen gwelas ket mui tamm, hag hen gwelas en-dro,
 +:Hag hen tennet a gostez dindan ur we'enn derv,
 +:O ouelañ leizh e galon, chouket gantañ e benn,
 +:An Aotrou Tinteniag paour a-dreuz war e varlenn.
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 +<i>Et je cessai de le voir, et puis je le revis, il s’était retiré à l’écart sous un chêne, et il pleurait amèrement, la tête inclinée, le pauvre monsieur de Tinténiac en travers sur ses genoux.</i>
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 +Pour l'heure, c'était la désolation à Coëtlogon. Louise de Pontbellanger répétait à l'envi que M. de Tinténiac était son cousin et elle pleurait sur cette mort injuste. [...] Julien le Barde <ref name=Julien>-</ref>, le visage ruisselant de larmes, chantait des <i>gwerzioù</i>, ces chants en mode mineur, qui retrace la vie tragique d'un personnagae ancien. Mais la <i>gwerz</i> qu'il commença à la fin, fut un mélange de récit et de chant consacré au pauvre <i>an eutrou Tinteniak</i>, « Le » monsieur Tinténiac, son maître. Les chouans, qui revenaient du combat, défilaient le grand chapeau à la main. Ils laissèrent couler leurs larmes en contemplant le noble visage aux yeux renfermés.

Version du 11 janvier ~ genver 2015 à 10:38

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Ar Gwenn Bleiz avait reculé sous l'impact en pleine poitrine et était tombé comme un arbre. Julien le rattrapa entre ses bras. Le grenadier n'eut pas le temps de fuir ; un paysan de Saint-Pierre-Quiberon, Joseph Madec, capitaine de la compagnie deCarnac, l'avait aligné avec son fusil et foudroyé quelques secondes après qu'il eut tué Tinténiac.

Les Bretons allaient faire de la mort du chevalier une chanson en dialecte vannetais, Ar Chouanted, la Marche des Chouans, que l'on se répèterait longtemps aux veillées :

Julian blev-ruz a lare d'e vamm gozh ur mintin :
- Me ya-me gant Tinteniag, pa monet a blij din.
- Da daou vreur 'deus me losket, ha te me losk ivez
Mes mar plij dit de vonet, ra da renay Doue !-

Julien aux cheveux roux [1] disait à sa vieille mère, un matin : — Je m’en vais, moi, rejoindre Tinténiac, car il me plaît d’aller. — Tes deux frères m’ont abandonnée, et toi tu m’abandonnes aussi ! mais, s’il te plaît d’aller, va-t’en à la garde de Dieu ! —

Pa zeue ar Chouanted, eus a bep korn a Vreizh,
A Dreger hag a Gernev, hag a Wened e-leizh,
Ar re c'hlas degouezh gante, e maner Koatlogen,
Eus a goste'où Bro-C'hall, tri mil en ur vandenn.

Comme les chouans arrivaient de chaque partie de la Bretagne, de Tréguier, de Cornouaille, et surtout de Vannes, les Bleus venant du côté de la France les joignirent, au manoir de Coatlogon, au nombre de trois mille.

[...] Ken n'hen gwelas ket mui tamm, hag hen gwelas en-dro,
Hag hen tennet a gostez dindan ur we'enn derv,
O ouelañ leizh e galon, chouket gantañ e benn,
An Aotrou Tinteniag paour a-dreuz war e varlenn.

Et je cessai de le voir, et puis je le revis, il s’était retiré à l’écart sous un chêne, et il pleurait amèrement, la tête inclinée, le pauvre monsieur de Tinténiac en travers sur ses genoux.

Pour l'heure, c'était la désolation à Coëtlogon. Louise de Pontbellanger répétait à l'envi que M. de Tinténiac était son cousin et elle pleurait sur cette mort injuste. [...] Julien le Barde [1], le visage ruisselant de larmes, chantait des gwerzioù, ces chants en mode mineur, qui retrace la vie tragique d'un personnagae ancien. Mais la gwerz qu'il commença à la fin, fut un mélange de récit et de chant consacré au pauvre an eutrou Tinteniak, « Le » monsieur Tinténiac, son maître. Les chouans, qui revenaient du combat, défilaient le grand chapeau à la main. Ils laissèrent couler leurs larmes en contemplant le noble visage aux yeux renfermés.