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MONSIEVR MON CHER CONFRERE,
Je vois bien que la cour vat prandre une nouvelle face & que la faveur du deffunt Armand [a] continura en la persone de ses creatures. Je doute que nous ayons subjet de regretter la mort de celui que l'on a blasmé pendant sa vie & que nous ne soions tombés, come l'on dit, de sieure en chaut mal, bien heureux ceux qui dans le calme d'une province esloignée considerent par une lunette de Holande tous les changements qui arrivent ou vous estes, sans apréhention quelconque de rien perdre, ni esperance de rien gaigner. Tout l'interest que je prands en toutes ses nouveautés est d'aprandre la promotion en honeurs, dignités & biens de Mr nostre tres illlustre marechal [b] & de sa genereuse campaigne, le retablissement du prelat aux besans [c] en son eveché, & de vous voir en une fortune egale à vos merites & à mes souhaits.
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Je vous envois la reponce que le sieur du Tertre Valiere [e] fait à la lestre de madame la Marechale [f], il la devoet bien accomoder aveq de la soye & la cacheter autrement, vous voyés come nos bretons sont un peu incivils & ne l'entendent pas. Il m'escrit qu(il a des affaires domestiques qui l'empechent d'entreprandre le voiage de Paris & de ma part si je faisois jamais ceste route, se seroet plus tost pour vous voir que pour faire compliment à auceune grandeur, Je n'ay plus rien à esperer ni à souhaiter que le repos & la douceur de la vie & je serois plus tost cent lieux pour convercer aveq un home de lestres & ambrasser un amy, que je n'en serois dix pour obtenir le gouvernement d'une place d'importance, en un mot, si j'estois à Paris, l'on me trouveroet plus souvent en vostre cabinet qu'au Louvre & si le bon pere Caussin & Mr de St-Germein ne me bannisoint de leur conversation, on me verroet plus souvant chés eux que chés la Royne.
Aymés toutjours celui est un autre vous mesmes & qui cessera de vivre quand il cessera d'estre,
Mon cher confrere,
Vostre tres humble & tres obeissant serviteur,
MISSIRIEN
A Renes, ce 20e septembre 1643.
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