C'est dans une ambiance indescriptible créée par des centaines de supporters que Marcel Flochlay a endossé hier, à Lestonan, son second maillot de champion de Bretagne des Indépendants.
A Néant-sur-Yvel, en 1961, le Scaërois avait remporté un championnat que la canicule avait transformé en une véritable hécatombe. Rien de pareil cette fois à Ergué-Gabéric où, comme il fallait s'y attendre, c'est un circuit extrêmement tourmenté qui a provoqué, par ses seules difficultés, l'élimination des concurrents qui s'alignèrent en condition trop précaire.
Mais pour tous ceux qui, il y a huit jours, furent les témoins, tant à Brest et Melgven qu'à Plumélec, de la baisse de forme qui contraignit même par deux fois Marcel Flochlay à l'abandon, le revoir ainsi transformé en si peu de temps fut évidemment une surprise.
Et pourtant, Flochlay ne fut nullement servi par des circonstances exceptionnelles. Prudent durant la toute première moitié de la course, il évita de s'embarquer dans une mauvaise aventure. Marcel Flochlay attendit la première occasion favorable : dans la côte de Pont-Banal, au 125e km, lorsque Bonnet, Leignel et Adelisse se dégagèrent du peloton ; à Lestonan, Flochlay n'avait plus que 200 m de retard sur eux, puis il réduisit son écart dans la longue descente vers Squividan, pour rejoindre le groupe de tête au 135e km. L'avance avait portée à 1 minute au 155e km (...).
Dans le raidillon menant à l'arrivée, Bonnet parut un moment mieux placé, mais Flochlay le déborda irrésistiblement à 50 mètres de la ligne.
Pour lui, ce maillot blanc frappé d'hermines effaçait du même coup tous les malheurs de la semaine passée (...).
Sa victoire ne doit rien au hasard ni à la négligence des autres.
Déjà à Plouvorn, le jeudi précédent, (...) le sommeil qui le fuyait depuis quelques temps était brusquement revenu.
Son optimisme et son sens inné de la course firent le reste : « j'ai tout d'abord hésité sur la décision à prendre, mais quand Bonnet, Adelisse et Leignel eurent pris 30 secondes, je compris que cela pouvait être très dangereux ».
Tout ne fut pourtant pas si facile dans cette poursuite de dix kilomètres, et même après la jonction : « J'ai bien eu du mal à suivre le train pendant quelques temps. Dans les deux grandes côtes d'Ergué-Gabéric, j'étais même régulièrement "décolé", mais je revenais ensuite sur le plat ».
Son sprint victorieux, Marcel Flochlay l'explique de la façon la plus simple qui soit : « Je ne voulais pas aborder la côte de l'arrivée en troisième position ... Il suffit que celui qui vous précède fasse un écart, et il devient impossible de revenir sur le coureur de tête ... Bonnet a paru un moment mieux placé que moi, mais je pense avoir gagné assez nettement ». Sans aucun doute, mais derrière les écarts s'étaient considérablement amenuisés.
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