Mémoires éditées en 1998-2001 :
Chapitre III La vie au Guelenec (1838-1848), page 35, Intégrale.
Cependant, si cette inconsciente abeille me causa tant de maux et de désagréments, elle contribua à faire développer mes facultés mentales d'une façon extraordinaire que la science phrénologique explique fort bien du reste. L'histoire nous parle d'un pape Clément VI si je ne me trompe, à qui arriva en sa jeunesse le même accident qu'à moi, ou du moins eut la tempe gauche trouée comme la mienne. Et de là vint qu'il eut un esprit supérieur en son temps ...
Si ce développement accidentel de mes facultés mentales n'a pas servi à me donner la fortune, ni même une existence matérielle convenable, il a servi à me procurer bien des moments d'agréments intellectuels et moraux durant mon existence agitée.
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Revue de Paris 1905 :
Chapitre XI - JÉRUSALEM
La seule pensée que j’étais à Jérusalem suffisait pour me bouleverser, d’autant plus que je ne voyais rien à Jérusalem de tout ce qu’on m’en avait raconté autrefois et de ce que j’avais lu dans mon petit livre breton. J’ai déjà dit, je crois, que grâce à un accident qui m’arriva au moulin du Poul, en Ergué-Gabéric, vers l’âge de cinq ans, mon crâne ne s’était pas complètement fermé ; une sorte d’ouverture très sensible m’est toujours restée dans la tempe gauche, par laquelle de nouvelles idées ont pu pénétrer en chassant peu à peu les premières qu’on y avait logées. J’ai vu dans l’histoire qu’un de nos papes, Clément VI, eut le même accident, et, par cette raison, il eut, dit-on, un esprit extraordinaire. Je suis certain que ça n’a été que grâce à cet accident que j’ai pu commencer, à l’âge où tous les autres crânes se ferment pour toujours, à avoir de nouvelles idées et à me rendre compte de toutes les choses de ce monde.
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