1. Congrès de l'URB
À l'occasion du quatrième anniversaire de la réunion de la Bretagne à la France, 1499, les régionalistes bretons qui demandent la désunion, se proposent de célébrer ce centenaire à Vannes au mois d'Août. À cette occasion un concours de gwerz [1] et de sôn est ouvert entre les bardes des trois dialectes bretons, un beau prix sera décerné &u sôn ou gwerz [1] [...] dans chaque [...], pour ces gwerz [1] et sôn il y [...] un sujet composé et un autre laissé à [...] du barde. Les [...] doivent être adressés pour le dialecte de Vannes à Mr Bouléan à Sainte Anne d'Auray, et pour les dialectes de Léon et de Tréguier au président le fripon Le Braz Anatole à Quimper.
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2. Vers adressés à Le Braz
Vers adressés à Le Braz Anatole qui m'a volé, le 1er janvier 1898, 24 manuscrits de mes mémoires
Je rêvais l'autre nuit que la pâle Atropos [2] ,
Laquelle à notre Ankou fait de la jalousie,
Etait venue à moi avec ses gros ciseaux
Me tranchant en riant le filet de la vie.
Je me trouvais alors sur le bord d'un fossé
Où par avance j'étais destiné à mourir
Ainsi que doit mourir un pauvre guenille
Pour mourir dignement et finir de souffrir.
§ Cependant mon cadavre ...
Cependant mon cadavre fut traîné dans la terre
Ainsi que l'on traîne le cadavre d'un chien.
Mais ce fût cependant dans un grand cimetière
Et même enfoui à côté d'un chrétien.
Mais aussi ce chrétien qui fut pédant et poète
Fut-il interloqué d'un pareil voisinage.
Moi que ne fus jamais qu'une ignorante bête.
Aussi tout en colère il me tient ce langage
« Comment, maraud, goujat peux-tu venir ainsi
Avec ta vermine coucher auprès de moi ?
Veux-tu bien t'en aller te pourrir loin d'ici,
De moi qui des bretons fut désigné pour roi ».
Mais alors, moi aussi, d'une colère blême
Je lui dis : « Males gas [3] ! Sache, vilain coquin,
Qu'ici, pas de goujat ; sinon goujat toi-même,
Je suis sur mon fumier comme toi sur le tien.
Je te connais assez et ta sale dépouille.
Là-haut, tu te nommais le poète Anatole
Mais tu ne fus jamais qu'un mauvais vilain drôle
Pilleur, fripon, voleur, véritable fripouille.
Je sais que tu voulus être roi des Bretons
Cela t'était promis par tous les calotins.
Mais tu aurais mieux fait un roi de fripons,
De bandits, de voleurs, de fourbes et de gredins.
Tu as été bien digne de ton maître Renan [4] ,
Qui ne fut qu'un rusé, un phraseur hypocrite,
Un farceur, un raseur, un malin charlatan
En un mot, pour tout dire, t'étais un vrai jésuite.
Et tu ne différais de lui que sur un point.
Renan, pour exploiter les sottises humaines
Prenait pour instruments les légendes de l'Oint [5]
Et toi les belles fables de nos landes armoricaines.
C'est pour ça que tu as obtenu des honneurs.
Car depuis longtemps là-haut on ne décore plus
Que de bons chenapans, des coquins, des voleurs.
Jamais on y songe aux hommes de vertus.
Rappelle-toi coquin quand tu vins me voler
Dans ma pauvre turne où je mourais de faim.
« Donnez-moi, disais-tu, vous en aurez du pain,
Vos jolis manuscrits à faire imprimer. »
Mais, dès que tu les eus en ta possession
Tu m'envoyas promener, moi et ma misère.
Tu me répudias, hypocrite fripon,
Et de mes manuscrits devins propriétaire.
Tu savais bien, gredin, que je ne pouvais pas
Réclamer quelque chose contre Monsieur Le Braz,
Contre le président des régionalistes,
L'ami des tonsurés et des bons monarchistes,
Lesquels, comme tu dis, voulurent faire de toi
Non pas un président, mais des Bretons le roi.
Ils pensaient comme Drumont [6] , ce chef des fripons,
La France aux Français, la Bretagne aux Bretons.
Mais voilà que l'Ankou que souvent tu blaguais
De sa terrible faux arrêta tes projets
En t'envoyant ici dans celui du repos
Où nos deux cadavres sont maintenant égaux.
Tu nous faisais des vers qui me faisaient pitié
Mais ici nous avons les vers d'égalité
Par qui nos cadavres à tous deux sont rongés,
Mais ne pourront jamais dévorer tes forfaits
Qui resteront là-bas burinés dans l'histoire,
Pour que tes descendants maudissent ta mémoire.
Ainsi que les damnés de Dante Alighieri [7]
Tu resteras toujours cloué au pilori....
Oui, vieux coquin, vois ton cadavre pourri
Et dis : « Sic transit gloria mondi [8] . »
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3. Poème "Terre d'Armor" au Clocher Breton
Ce petit poème est une réponse à Le Braz au sujet de son poème "Terre d'Armor" publié dans Le Clocher Breton page 216, année 1898. Il fut adressé au rédacteur de cette revue avec des commentaires en prose sur ce poète [...] et voleur.
Voici ce fameux poème de ce poète pédant, jésuistico-clérifard, président des Régionalistes ou plutôt des séparatistes bretons desquels il a la loyale intention d'en devenir roi.
- Terre d'Armor -
C'est une terre en pierres qui tombe en ruines,
C'est un cadavre épars d'un pays effondré,
Un fantôme de ciel [...] dans la brume
En quête d'un soleil qui s'est évaporé.
Les rochers mêmes au bord des mers tristes se meurent
D'un mal mystérieux, nostalgiques et fatal,
Et la lumière grise, dans ses yeux qui pleurent,
Le regard [...] d'hôpital.
§ Des brumes, des linceuls noirs ...
Des brumes, des linceuls noirs, de longs suaires
Flottent, lessives mornes au flanc des valons bas
Et là-haut les menez semblent des ossuaires
De grands cairns entassés sur d'immenses trépas ;
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4. Lettre adressée à l'inspecteur d'académie
Lettre adressée à l'inspecteur d'académie au sujet de Le Braz professeur au lycée de Quimper, le 5 décembre 1898
Monsieur l'inspecteur
Il y aura bientôt un an que Le Braz Anatole disciple du charlatan Renan me vola 24 manuscrits. Ni plus ni moins que comme un vulgaire pickpocket. Je sais depuis longtemps que ce triste sire était copiste, pilleur, plagiaire ; je savais aussi qu'il était professeur de je ne sais quoi au lycée. Mais je ne savais pas qu'il était un professionnel du vol à l'américaine. Et ce coquin jésuite est protégé, flatté, adulé, courtisé, honoré, et n'entend plus que d'être couronné roi des bretons dont il n'est encore que le président. Il le montre sans doute par sa fourberie er ses lâchetés. Je ne puis entrer ici dans tous les détails de la lettre que je vous ai dédié au sujet de ce fripon de Stang-ar-c'hoat dont les incroyables et imposantes manœuvres sont connues de tout le monde. § Ces coquins élèves des ...
Ces coquins élèves des Bosch et des Loyolas, vils parasites et sangsues, ne sachant rien produire eux, ne sachant même pas d'où vient le pain qu'ils mangent, sont bien obligés, et nos bonnes lois les autorisent, de prenre chez nous paysans, travailleurs et prolétaires tout ce qu'ils ont pour remplir leurs ventres et pour distraire leur intellect quand ils en ont quelque peu. Le coquin et lâche voleur de Stang-ar-c'hoat sait bien qu'il n'a rien à craindre de la justice ...
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5. Poème adressé au triste sire Le Braz
Poème adressé au triste sire Le Braz Anatole le premier janvier 1899
Voici l'anniversaire du plus horrible crime
Que tu aies commis hypocrite immonde
Et dont tu me choisis pour en être victime,
Moi pauvre créature isolé en ce monde.
Qui ai toujours été et partout exploité,
Jusqu'en mes derniers jours plongé dans la misère,
Persécuté, volé et mis sur la fougère,
Par des êtres sans cœur, sans âmes et sans pitié.
§ Sera-ce ici au moins la dernière infamie ...
Sera-ce ici au moins la dernière infamie,
Aurai-je pu combler ces ignobles canailles
Desquels depuis longtemps sans ma philosophie
J'aurais dans les égouts rejeté les entrailles.
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6. Poème "Au bord de la mer", A. Paban
À Paban [9] poète, rédacteur du Finistère [10] .
Me trouvant sur le bord e l'élément liquide,
Une nuit orageuse sans étoiles ni lune,
J'étais à contempler cette onde perfide,
Lorsque je fus frappé par la voix de Neptune.
Cette voix de tonnerre épouvantait les flots
Qui s'enfuyaient roulant en montagnes vivantes,
Et de la voix du dieu apportant les échos
Aux roches granitiques épeurées et tremblantes.
§ J'apercevais le dieu ...
J'apercevais le dieu sur le gouffre mouvant,
Agitant ses grands bras d'un geste de colère,
Il plongeait dans les flots son énorme trident,
En blasphémant tout haut dans la langue d'Homère :
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7. Poème "À Monsieur Malherbe de la Boixière"
8. Poème et lettre pour le conseiller de la Boixière
9. Poème pour le poète Frédéric Le Guyader
10. Poème "À Legal curé d'Ergué-Armel
11. En réponse aux vers du poète Le Braz
12. Lettre adressée à Calvez Christophe
13. Poème "Terre d'Armor", Exposition Bretonne
Terre d'Armor (Lettre envoyée au président de l'exposition bretonne à Paris le 12 avril 1900)
Cette terre d'Armor n'est point faite en pierre
Comme le dit Le Braz, le chantre de la mort.
Ce n'est point "un cadavre". C'est une riche terre
N'en déplaise à Le Braz et à d'autres encor.
Les légendes bretonnes nous apprennent très bien
Qu'elle a toujours été terre privilégiée,
Fertile et féconde tel le pays dorien [11]
Et comme lui aussi par tous les dieux, aimée.
§ Surtout par ces grands dieux ...
Surtout par ces grands dieux terribles effrayants,
Tous semblables aux monstres des races animales,
Ils se font un honneur de manger leurs enfants
Soit crus ou bien rôtis aux poêles infernales.
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