L'histoire de Kenavo le petit chat nourricier d'Ergué-Gabéric, Le Finistère 1888 - GrandTerrier

L'histoire de Kenavo le petit chat nourricier d'Ergué-Gabéric, Le Finistère 1888

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Catégorie : Journaux
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§ E.D.F.

Autres lectures : « Les séjours de Jean-Marie Déguignet à l'hospice de Quimper » ¤ «  1845 - Action municipale pour l'envoi d'une mendiante à l'hospice » ¤ 

1 Présentation

Un chat qui se prénomme Kenavo [1], voilà qui est charmant !

En cette fin de 19e siècle, ce petit chat était l'animal de compagnie chez une nourrice agréée dErgué-Gabéric. Les nourrices gabéricoises était d'ailleurs très réputées dans la région de Quimper, car l'air y était certainement moins pollué que dans la grande ville voisine. Et la présence d'un chaton rassurait les marmots qui y étaient placés.

 

C'était le cas d'un garçon tel que le relate l'entre-filet du journal « Le Finistère ». Or son séjour se finit le jour où sa mère « put le reprendre », et ce jour-là il fut nécessaire de donner le chat à l'enfant. L'animal fit le voyage en charaban, enfermé au fond d'un panier.

Et le lendemain le petit chat put s'enfuir de la maison de ville, et revint par ses propres moyens dans sa maison de campagne. Un vrai miracle de la nature !


2 Transcription

PETITE CHRONIQUE

LE CHAT d'ERGUÉ-GABÉRIC.

Les histoires de chats sont à la mode et MM. Vacquerie [2] et Meunier s'en font volontiers, au Rappel [3], les éditeurs. M. Vacquerie parle de sa chatte et des chats des autres. aujourd'hui ces derniers occupent la scène :

« Voici un fait relatif à l'instinct de retour. À grand regret, un petit enfant avait été mis en nourrice, à six kilomètres de Quimper, en un endroit nommé Ergué-Gabéric. Au bout d'un an environ, la mère put aller le reprendre. Mais pénétré du principe : Ubi lac, ibi mater, l'enfant opposa de la résistance. Il fallut transiger.

L'accord se fit sur ces bases : Kenavo, compagnon des jeux du baby, s'en ira avec lui. On se passa de l'assentiment de Kenavo qui fut fourré dans un panier. Ai-je dit que Kenavo était un jeune chat ? Le panier était couvert et Kenavo ne vit rien de la route tout le long de laquelle il ne cessa d'exhaler sa plainte. Il était aussi très solide et sa résistance fut mise à une rude épreuve.

 

Le voyageur malgré lui ne fut déballé qu'à Quimper, dans l'appartement de ses nouveaux maitres dont il se mit aussitôt à faire le tour, y déployant toute la circonspection caline, s'effarouchant dès qu'on voulait le prendre. Cependant, réfugié près de son petit camarade, de son pays, il ne tarda pas à se tranquilliser, entra en jeu avec lui, et consentit enfin à s'établir pour la nuit sur un petit tabouret près du lit de l'enfant. Le voici donc acclimaté, apprivoisé. On était aux anges.

Le lendemain matin, il avait décampé.

On en eut la première nouvelle par les appels et sanglots de l'enfant : "Kenavo ! Où est Kenavo ?".

Kenavo courait sur la route d'Ergué-Gabéric, où il arriva avant dix heures ; ce qu'au premier jour de marché qu'on l'apprit de la nourrice, venue pour voir son nourrisson.

Or, comme très certainement il lui avait été impossible de sortir avant sept heures, trois heures lui avait suffi pour reconnaître un chemin que jamais ses pattes n'avaient foulé et faire un trajet de six bons kilomètres ».

3 Coupures de presse

Edition du 3 octobre 1888 :


4 Annotations

  1. Kenavo  : de Ken : « jusqu'à ce que » et a vo : « ce sera »., était suivi autrefois d'un autre terme comme ar wech all, « la prochaine fois ». En breton moderne l'expression est utilisée pour dire « au revoir ». [Ref.↑]
  2. Auguste Vacquerie est né à Villequier en 1819 ; il fait très jeune la connaissance de Victor Hugo, dont la fille Léopoldine épousera plus tard son frère Charles et dont il est un admirateur passionné. Poète lui aussi, il reste fidèle à l'idéal romantique ; il est aussi l'auteur de drames et de recueils de souvenirs. Dans les années 1869-70, alors qu'il écrit pour le journal Le Rappel, dont il est rédacteur-fondateur, il se brouille avec Zola. Il meurt à Paris en 1895. [Ref.↑]
  3. Le Rappel était un quotidien français, fondé le 4 mai 1869 à la fin du Second Empire, et qui parut jusqu'en 1933. Au début de la Troisième République, il incarnait une tendance radicale-républicaine. Le journal, qui profitait de la loi du 11 mai 1868 sur la presse, fut fondé par les républicains Victor Hugo, Henri Rochefort, Paul Meurice et d'autres, à la veille des élections générales. [Ref.↑]


Thème de l'article : Coupures de presse relatant l'histoire et la mémoire d'Ergué-Gabéric

Date de création : Décembre 2012    Dernière modification : 21.12.2012    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]