Ci-après compte rendu des opérations devant Souchez pendant les journées du 9,10,11,12,13,Mai 1915.
A. Les préparatifs :
Le Corps ayant été prévenu dans la soirée du 8 mai qu’une attaque des lignes ennemies par les troupes de la 88e Brigade devait avoir lieu le 9, la nuit fur consacrée à l’allongement des T, à leur effondrement, à partir du boyau 2 jusqu’à un point situé à 100 mètres environ à l’Ouest de celui ou le ligne de tranchées quitte le chemin de Carency-Neuville.
Le temps ayant manqué pour la parallèle de départ fut continue, les défenses accessoires sont enlevées ou déplacées au cours de la même nuit, en face des intervalles existant entre les différents éléments de la parallèle ; en même temps, des gradins de franchissement sont établis dans la tranchée de tir.
B. Les Opérations.
1° le 9 mai. A 4h30, les troupes sont en place: le 2e Bataillon à droite, le 1er à gauche, chacun ayant 2 Compagnies en première ligne, 2 Compagnies en renfort. Le 3e Bataillon reste momentanément au chemin des Pylônes, et ne doit venir prendre l’emplacement des Compagnies de première ligne qu’au moment ou celles-ci auront débouché. Pendant la préparation de l’Artillerie, afin d’éviter tout accident, les unités de 1ère ligne occupent la parallèle à 150 mètres en arrière de la 1ère ligne, quelques fractions utilisant aussi les mines ouvertes par le génie dans le secteur. Entre temps, le Chef de Corps est avisé que l’heure initiale de la préparation de l’artillerie est 6 heures : l’infanterie doit donc déboucher à 10 heures.
À 10 heures, débouché des unités de 1ère ligne, suivie rapidement des unités de renfort, tandis que le 3ème Bataillon vient de suite occuper les emplacement prises et dépassées (10h20).
Le passage des 3 lignes de tranchées allemandes et du terrain en arrière, couvert de boyaux et de rameaux a rapidement, et malgré tous les efforts des chefs de Bataillon, amené un mélange des unités des 1er et 2e Bataillons ; d’autre part, les troupes placées à la gauche de 97e n’ayant pas continué aussi rapidement leur mouvement en avant, le ravin de Carency-Souchez devenant un danger incessant et y attiraient forcement des factions du régiment qui faisaient ainsi face au ravin et transformaient progressivement en tranchée le boyau dit de Bavière.
À 11 heures, arrivé au Cabaret Rouge [3] des premiers éléments du 97e.
À 11h15, occupation du cimetière de Souchez rapidement mis en état de défense par une section 1/ de la 1ère Compagnie, et quelques autres factions du bataillon de droite. A ce moment, le village de Souchez est peu occupé; deux pièces de 77 ont même été abandonnées à l’entrée du village pendant quelques instants.
Néanmoins, l’effectif des 1er et 2 Bataillons à ce moment sur la position ne permet pas à ces 2 bataillons d’occuper le village et d’appuyer la marche du 159e sur 119.
Le bataillon de renfort (3e bataillon), sorti des tranchées (sauf 1 Compagnie) après que les 2 premiers eurent dépassé le point G fut d’après les ordres du Général de Brigade dirigé sur ce point G. De là, il envoie 3 Compagnies renforcer le 2e bataillon pour appuyer le plus possible le mouvement du 159e sur 119. La dernière Compagnie fut conservé d’après les ordres du Générale de Brigade, à la gauche du régiment, dans les tranchées de départ, pour se garder dans la direction du ravin de Carency, ou la progression semblait plus lente.
À 12h30, la gauche du 159e ayant été arrêtée dans sa marche sur 119 par le tir de l’artillerie allemande, et la position du cimetière se trouvant battue à 100 mètres, par des pièces de 77 établies à Souchez, le chef du 1er bataillon fait établir sa ligne à 150 mètres en arrière du dit cimetière, la droite appuyé au Cabaret Rouge et se reliant au 159e, il est aidé dans ce mouvement par 2 Compagnies du 3ème bataillon arrivant à ce moment à la hauteur des deux premiers.
§ À partir de 14 heures, la ligne commence à s’organiser ...
À partir de 14 heures, la ligne commence à s’organiser, la droite du Cabaret Rouge en liaison avec le 159e, la gauche au boyau de Bavière face au ravin, le centre face au village de Souchez. Un point de poindre résistance existant au centre, c’est là surtout que le chef de corps enverra des renforts.
À 15 heures, arrivée de la dernière Compagnie du 3ème bataillon dans le chemin creux Ablain 123 ( le chef de corps a établi son P.C à l’intersection de ce chemin avec le chemin St-Eloi-Souchez).
À 16 heures, 2 compagnies du 237e mises à la disposition du chef de corps sont portées vers le centre de la ligne pour augmenter la résistance.
À 18 heures, la ligne de combat comprenait à droite (Cabaret Rouge), les éléments du 97e (1er, 2e, 3e bataillons), au centre 2 compagnies du 237e, à gauche une majeur partie du 1er bataillon, dont 1 compagnie au moins dans le boyau de Bavière face au ruisseau de Carency et au château Carleul. Le Chef de Corps donne à ce moment l’ordre de partager la ligne en 3 tronçons, dont il donne le commandement à droite au Commandant Bourgau (chef du 1er Bataillon), au centre au Capitaine Del? (Commandant la 10e compagnie), à gauche au Capitaine Sérain (Commandant la 4ème compagnie). Il ne dispose plus que d’une compagnie de renfort dans le chemin creux Ablain 123.
Les communications entre les différentes factions et le Colonel sont extrêmement difficiles, presque impossibles de jour; le ravitaillement peut se faire que la nuit, la soif devient la préoccupation principale, des hommes boivent leur urine.
La nuit du 9 au 10 est assez calme sur la droite et le centre; par contre à gauche (groupement Serain) fut incessamment attaquée par le boyau Bavière et les maisons ouest de Souchez; une partie de la ligne est prise en enfilade par les mitrailleuses établies dans le château de Carleul et à Souchez. Le Chef de Corps donne l’ordre au Capitaine Serain de faire boucher le boyau de Bavière et de construire une tranchée en dehors de ce boyau face à Souchez et au château de Carleul. Au cours de la nuit, les 2 compagnies du 237e ayant été rappelées sont remplacées par deux compagnies du 61e Bataillon de Chasseurs.
2°/ Le 10 Mai : Le groupement Sérain s’organise sur le terrain conquis, mais sa gauche dans le boyau Bavière ne cesse d’être attaquée. Aussi … le Colonel renforce sa gauche par l’envoi de sa dernière compagnie de renfort remplacé par 2 Compagnies du 4e bataillon mise à sa disposition.
Vers 10 heures, violent bombardement; les allemands se massent à Souchez essayant de déboucher, mais sont de suite arrêtés par le feu de l’infanterie.
3°/ le 11 Mai : On s’établit plus solidement sur le terrain, on procède à la construction d’une barricade sur la route de Béthune. La gauche dans le boyau de Bavière est attaquée sans arrêt, essuie des pertes sérieuses, il en sera ainsi jusqu’à l’achèvement de la nouvelle tranchée, qui ne peut être construite que la nuit. A 20 heures, le Chef de Corps envoie encore 1 des 2 Compagnies en réserve au chemin Ablain 123, renforcer la gauche.
Des différents groupements sont ravitaillés à la faveur de la nuit en munitions, vivres, boissons.
4°/ le 12 Mai : A 6 heures, on voit les allemands travailler toujours à l’organisation
du cimetière. Durant toute la journée, violente canonnade, qui n’est suivie d’aucune contre-attaque. La barricade de Béthune est particulièrement éprouvé, mais aucune troupe ennemie ne peut déboucher sur la route venant du cimetière.
La nuit est calme, le ravitaillement en vivres et boissons peut être plus abondant que la veille.
5°/ 13 mai : A 6h30 commence un violent tir de préparation de l’artillerie sur les tranchées et le boyau du Cabaret Rouge, mais encore une fois aucune contre-attaque ne peut se déclencher.
Vers 10 h, le Colonel Commandant le 14e R.I vient s’entendre avec le Colonel Commandant le 97e sur la façon dont le 14e pourra relever le 97e à la nuit.
Cette relève commence dès 20h30 et s’opère sans incident ni pertes malgré l’absence de tout moyen de communication. Vers 24h, la relève est achevé.
En résumé, l’attaque a marché très rapidement et sans grande difficulté jusqu’au cimetière de Souchez et au Cabaret Rouge. Mais à ce moment, les allemands ayant amené des renforts, la gauche du 97e se trouvant isolée, le 159e à droite n’ayant pu progresser sur la cote 119; on a du se retirer du cimetière trop en flèche, et s »établir à 150 m en arrière.
Les allemands ont surtout essayé de progresser sur notre gauche et n’ont cessé d’attaquer le long du boyau de Bavière sur le reste de la ligne; ils ont par trois fois essayé d’attaquer, mais chaque fois n’ont pu déboucher, arrêtés de suite par le feu de l’Infanterie.
Ce qui, pendant ces 5 jours a rendu la situation critique à certains moments est la difficulté du ravitaillement surtout en munitions et en eau. Le manque d’eau s’est cruellement fait sentir: des hommes ont bu leur urine. Les Allemands tenant en face de nous une position dominantes, aucun mouvement ne leur échappait; aucun ravitaillement n’est possible le jour.
Toute la position est du reste battue de flanc par les mitrailleuses du Château Carleul. Les hommes ont montré un courage et une constance des plus remarquables.
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