JAOUEN Hervé - Chroniques d'hier et de demain - GrandTerrier

JAOUEN Hervé - Chroniques d'hier et de demain

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-|width=63% valign=top|Dans ce livre publié en 2004, on retrouve avec délectation les billets du lundi écrits par l'auteur gabéricois dans les colonnes du Télégramme entre 1999 et 2003. Y sont rassemblés 201 billets dont 5 inédits, tous sans exception dotés de véritables titres de polar. Y sont peintes des scènes où la Cornouaille cohabite avec l'île de Groix et l'Irlande. L'auteur est certes pudique sur son environnement de vie, mais on peut citer quelques passages où il décrit son voisinage proche : +|width=63% valign=top {{jtfy}}|Dans ce livre publié en 2004, on retrouve avec délectation les « <i>croquis du lundi</i> » rédigés par l'auteur gabéricois Hervé Jaouen <ref name="">{{PR-HervéJaouen}}</ref> avec une fréquence hebdomadaire dans les colonnes du Télégramme entre 1999 et 2003.
-<br>+
-{|width=550 style="background: white; border: 1px solid black; padding: 1em; border-style: dashed;"+
-|LE VOL SILENCIEUX DES CHAUVES-SOURIS (page 27, 05.07.1999)+
-L'ancienne mine, près de chez nous, abrite des chauves-souris. Les soirs d'été, quand nous dînons sur la terrasse, elles viennent froufrouter au-dessus de nos têtes et happer les moustiques attirés par la lumière. Nous les encourageons à bâfrer, nos chauves-souris insectivores et de ce fait <i>insecticides</i> - elles peuvent occire, lit-on dans les livres, jusqu'à trois cents grammes d'insectes par jour. Merveilleux DDT, que ces chiroptères. Ils sont protégés, nous l'ignorions.+Pour former les chroniques, 195 croquis (sur un total de 207 dans le journal) ont été rassemblés, mais avec en prime 5 inédits (non publiés dans le Télégramme car considérés comme « <i>sans doute un peu trop politiquement incorrects</i> ») <ref>Les 5 billets inédits sont : Les voileux ; Des barbouzes au fest-noz ; La maison du Père Noël ; Mort d'un employé de banque ; Cochon qui s'en dédit.</ref>.
-[ . . . ]+Ces "croquis" sont tous sans exception dotés de véritables titres de polar et décrivent des humeurs et des scènes quotidiennes où la Cornouaille cohabite avec l'île de Groix et l'Irlande.
-|}+Liste exhaustive des 207 billets parus dans le Télégramme :
-|}+<br><spoiler text="10/05/1999 - Ils la veulent toute nue ; 17/05/1999 - Le taxi de Londres ...">03/05/1999 - A travers la porte vitrée
 +10/05/1999 - Ils la veulent toute nue
 +17/05/1999 - Le taxi de Londres
 +31/05/1999 - L'étonnant voyageuse
 +14/06/1999 - De la sagesse d'entretenir les poules
 +28/06/1999 - Aéroport international
 +05/07/1999 - Le vol silencieux des chauves-souris
 +12/07/1999 - Five o'clock
 +19/07/1999 - L'esprit de clocher est dans la poubelle
 +26/07/1999 - Miction impossible
 +02/08/1999 - Le chien et les plaideurs
 +09/08/1999 - Des chrysanthèmes pour Miss Blandish (*)
 +16/08/1999 - Itinéraire bis
 +23/08/1999 - Le blues des îles (*)
 +30/08/1999 - Petit boulot grand boulot
 +06/09/1999 - Kir breton
 +13/09/1999 - Bourgville
 +20/09/1999 - Tireurs et chasseurs
 +04/10/1999 - Témoignages
 +11/10/1999 - Vous avez le bonjour d'Alphonse
 +18/10/1999 - Poids total en charge
 +01/11/1999 - La mémoire des défunts
 +08/11/1999 - Un chien psychologique
 +15/11/1999 - Feuilles d'automne
 +22/11/1999 - Places assises
 +29/11/1999 - Kultur celtique
 +06/12/1999 - Meurtre d'un jardin anglais
 +13/12/1999 - Les gros mots
 +20/12/1999 - Jour de tempête
 +03/01/2000 - Tuer le temps (*)
 +10/01/2000 - Les gros mots (*)
 +17/01/2000 - Galettes
 +24/01/2000 - Bourreaux d'enfants
 +31/01/2000 - La bécasse des houx
 +07/02/2000 - La rhubarbe a des oreilles
 +14/02/2000 - Punis de lecture
 +21/02/2000 - L'affût
 +28/02/2000 - Les gestes lents de l'aïeul
 +06/03/2000 - Prendre ou ne pas prendre
 +13/03/2000 - Saint Patrick (*)
 +20/03/2000 - Option sociologie
 +27/03/2000 - Deguignet et le polar régional (*)
 +03/04/2000 - Wanted (*)
 +10/04/2000 - Cauchemar hospitalier
 +17/04/2000 - Vol à la tire
 +24/04/2000 - Conte de Pâques
 +08/05/2000 - Séjours linguistiques
 +15/05/2000 - Tir à balles réelles (*)
 +22/05/2000 - Poux de mer
 +29/05/2000 - En avoir ou pas
 +05/06/2000 - Les chœurs de la récré
 +12/06/2000 - Madame Administration
 +19/06/2000 - Vieilles pierres
 +03/07/2000 - Fin de contrat
 +10/07/2000 - Carte postale d'Irlande
 +17/07/2000 - Petits bateaux grands bateaux
 +24/07/2000 - Pique-niques
 +31/07/2000 - Fort de café
 +07/08/2000 - Les moutons font coucou
 +14/08/2000 - Photos de vacances
 +21/08/2000 - L'habit, le moine et les pêcheurs
 +04/09/2000 - Le compteur
 +11/09/2000 - Le langage des cartes postales
 +18/09/2000 - Amour et vaisselle
 +25/09/2000 - La tendresse des pigeons
 +02/10/2000 - Objectif de rentrée
 +09/10/2000 - Elle et moi
 +16/10/2000 - Paysage avec déchets
 +23/10/2000 - Chicanes canines
 +31/10/2000 - La toile et la Toussaint
 +06/11/2000 - Oiseaux mythiques
 +13/11/2000 - Conflits frontaliers
 +20/11/2000 - Avarice et prodigalité (*)
 +27/11/2000 - Comment maigrir en hiver
 +04/12/2000 - S'en laver les mains
 +11/12/2000 - Bûches de Noël
 +18/12/2000 - Riboute ou nouba
 +08/01/2001 - Aiguilles perdues
 +15/01/2001 - Envies de soleil
 +22/01/2001 - Vue aérienne
 +05/02/2001 - Nous irons au Monténégro
 +12/02/2001 - Aux frais de la princesse
 +19/02/2001 - Vivement la retraite
 +26/02/2001 - La laisse de mer
 +05/03/2001 - Professions de foi
 +12/03/2001 - Doux oiseaux, méchants oiseaux
 +19/03/2001 - Nouvelles du coq
 +26/03/2001 - La femme pressée
 +02/04/2001 - Au coin de la télé
 +09/04/2001 - Machine à lire
 +16/04/2001 - Histoire d'oeuf
 +23/04/2001 - Breton et Corse
 +30/04/2001 - L'élite de la nation
 +07/05/2001 - Café cafetière
 +14/05/2001 - Un homme sage
 +21/05/2001 - Messages à l'ancienne
 +28/05/2001 - Nom d'un chien
 +04/06/2001 - Full irish breakfast
 +18/05/2001 - Nuances identitaires
 +25/06/2001 - Les suppléments du TGV
 +02/07/2001 - Bons plans (sociaux)
 +09/07/2001 - A la file indienne
 +16/07/2001 - L'écornifleur
 +23/07/2001 - Notre-Dame des Ediles
 +30/07/2001 - Mirages
 +06/08/2001 - N'oubliez pas vos allumettes
 +13/08/2001 - Tailler un short
 +20/08/2001 - Le verre du patriote
 +27/08/2001 - Vocabulaire corse
 +03/09/2001 - Le mal de l'île
 +10/09/2001 - Couleur septembre
 +17/09/2001 - Guerre de religion
 +24/09/2001 - Les grandes marées
 +01/10/2001 - Chasse au trésor
 +08/10/2001 - Assurances sans risques (*)
 +15/10/2001 - Les liaisons de tante Soize
 +22/10/2201 - Divorcer sans faute
 +29/10/2001 - Ci-git un écrivain
 +05/11/2001 - L'échiquier de la guerre
 +12/11/2001 - La compagnie du vent
 +19/11/2001 - Feuilleton colombin
 +26/11/2001 - Insécurité rurbaine
 +03/12/2001 - Régime sans sel
 +10/12/2001 - Gendarmerie, j'écoute...
 +17/12/2001 - Nouveautés de langage
 +24/12/2001 - Le petit Noël de Fifille
 +31/12/2001 - Menu de réveillon
 +07/01/2002 - Inventaire
 +14/01/2002 - Amertume de l'eau
 +21/01/2002 - Les appas de l'APA
 +28/01/2002 - Questionnaire médical
 +04/02/2002 - La fenêtre du jardin
 +11/02/2002 - Offres d'emploi
 +18/02/2002 - Vive Saint Valentin !
 +25/02/2002 - Poignées de main (*)
 +04/03/2002 - Catalogues
 +11/03/2002 - La traque du saumon
 +18/03/2002 - L'arc et la flèche
 +25/03/2002 - Sondage fiscal
 +01/04/2002 - Babelgique
 +08/04/2002 - Les dessous de la campagne
 +15/04/2002 - Horoscopes
 +22/04/2002 - Se découvrir d'un fil
 +29/04/2002 - Lycéens citoyens
 +06/05/2002 - Populisme
 +13/05/2002 - Une vallée jolie à croquer
 +20/05/2002 - Le coup du canif
 +27/05/2002 - Vérandas
 +03/06/2002 - Policiers et gendarmes
 +10/06/2002 - Illettrisme économique
 +17/06/2002 - Fleurs d'antan
 +24/06/2002 - Relire l'Histoire
 +01/07/2002 - Dispersion des cendres
 +08/07/2002 - La culure du trèfle blanc
 +15/07/2002 - Le monde est petit
 +22/07/2002 - Calibres
 +29/07/2002 - Le goéland des Glénan
 +05/08/2002 - Les carpes et le bavard
 +12/08/2002 - Démangeaisons
 +19/08/2002 - La visite des cousins
 +26/08/2002 - Août au parkink
 +02/09/2002 - Rencontres insulaires
 +09/09/2002 - Les hortensias
 +16/09/2002 - Remorque-hôtel
 +23/09/2002 - Trois hommes sur un vélo
 +30/09/2002 - De la division du travail
 +07/10/2002 - Les jeux de la récré
 +14/10/2002 - L'école du renard
 +21/10/2002 - Les plaisanciers
 +28/10/2002 - Moyen séjour
 +04/11/2002 - L'herbe et les chrysanthèmes
 +11/11/2002 - Foire aux vins
 +18/11/2002 - Engins téléguidés
 +25/11/2002 - Ordures ménagères
 +02/12/2002 - Gwennaduig star du bocage
 +09/12/2002 - Stress capillaire
 +16/12/2002 - Petits poissons, gros poissons
 +23/12/2002 - Clônes de Noël
 +30/12/2002 - Conte du jour de l'An
 +06/01/2003 - De l'usage du calendrier
 +13/01/2003 - Cartes de vœux
 +20/01/2003 - Fichiers
 +27/01/2003 - Adieu, mixité ?
 +03/02/2003 - Jouer sur le velours
 +10/02/2003 - Des avantages d'être trilingue
 +17/02/2003 - Pèlerinage aux sources
 +24/02/2003 - Le goût du thé
 +03/03/2003 - La boîte à souvenirs
 +10/03/2003 - Bouts de choux
 +17/03/2003 - Un inconnu dans la maison
 +24/03/2003 - Impôt lacustre
 +31/03/2003 - Chiens courants
 +07/04/2003 - L'ange noir
 +14/04/2003 - Téléalarme (suite)
 +21/04/2003 - Les graines de l'océan
 +28/04/2003 - Hommage à Mary Quant
 +05/05/2003 - Sosie
 +12/05/2003 - SPAB (*)
 +19/05/2003 - Hirondelles
 +26/05/2003 - Le choix des mots
 +02/06/2003 - Une vieille fille sans avantages
 +09/06/2003 - Téléalarme (fin)
 +16/06/2003 - Le flacon et l'ivresse
 +23/06/2003 - Les chaussures d'Arnaud
 +30/06/2003 - La maison muette
 +07/07/2003 - L'héron (sic)
 +14/07/2003 - Alosa fallax
 +</spoiler>
 +Les 12 croquis marqués d'une (*) n'ont pas été inclus dans le livre : ils sont par contre dans l'article sur les billets du Télégramme sous forme de coupures de presse.
-Plus loin il décrit toute la poésie de la campagne gabéricoise qu'il connaît si bien. Une beauté ternie par une décision économique et politique locale :+La poésie n'est jamais absente des croquis ou chroniques : « <i> Au contraire du dormeur de Rimbaud, les habitants des coteaux ne dorment plus tranquilles. Les odeurs de trahison font frissonner leurs narines. Ils n'ont pas deux trous rouges au côté droit, mais une flèche plantée à gauche. En plein cœur. Ils ne comprennent pas pourquoi, ni au nom de quoi, on a décidé de salir leur vallée.</i> »
-<br>+
-{|width=870 style="background: white; border: 1px solid black; padding: 1em; border-style: dashed;"+
-|UNE VALLÉE JOLIE À CROQUER (page 289, 13.05.2002)+
-Le croquis pourrait commencer comme ce poème de Rimbaud que nous avons tous appris : « C'est un trou de verdure où chante une rivière / Accrochant follement aux herbes des haillons / D'argent ... ». Mais la vallée est plus qu'un trou de verdure : serpentant entre les collines, c'est une véritable cascade de vallons, un long escalier, un tapis vert déroulé pour le ruisseau qui, bien sûr, se gargarise dans le fond. Il prend sa source dans de hautes prairies incultes où pousse la ciguë, entre les racines de saules où naguère venaient véroter les bécassines quand partout ailleurs les pâtures étaient gelées. Le relief accidenté de la vallée l'a protégée des folies du remembrement. Le long du ruisseau on trouve des moulins dont la taille croît à mesure que le ruisseau s'élargit. En amont, ce sont de modestes moulins sans bief, qui ne pouvaient travailler que pendant les crues. Plus en aval, un canal miniature file tout droit le long d'une étroite prairie bordée de peupliers. Couleur or jaune il y a quelques jours, ils viennent de passer au vert. Là, comme s'il voulait se cacher avant de rejoindre la plaine, le ruisseau s'enfonce encore, la vallée se creuse. Elle est si belle que sur ses flancs des amoureux de la nature ont rênové des bâtisses, loué des champs en pente pour y élever des chevaux-dahuts, construit des maisons où chaque fenêtre encadre un Monet changeant.+Autres lectures : {{Tpg|JAOUEN Hervé - Les Filles de Roz-Kelenn}}{{Tpg|Les croquis du lundi d'Hervé Jaouen, Le Télégramme 1999-2003}}
- +
-Depuis quelques mois flotte sur la vallée un brouillard d'amertume. Ces gens croyaient avoir déniché leur Éden. La municipalité qui leur avait accordé le permis de construire - le droit d'asile - en paysage préservé a autorisé la construction d'un atelier de compost de déchets d'abattoir et leur épandage au sommet de la colline. Au contraire du dormeur de Rimbaud, les habitants des coteaux ne dorment plus tranquilles. Les odeurs de trahison font frissonner leurs narines. Ils n'ont pas deux trous rouges au côté droit, mais une flèche plantée à gauche. En plein coeur. Ils ne comprennent pas pourquoi, ni au nom de quoi, on a décidé de salir leur vallée.+
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 +==Extraits==
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 +L'auteur est certes pudique sur son environnement de vie, mais on peut citer quelques passages où il décrit son voisinage proche :
 +<br>
 +{{Citation}}
 +LE VOL SILENCIEUX DES CHAUVES-SOURIS (page 27, 05.07.1999)
-Page 233, le 21.10.2001, il rend compte dans un billet CI-GÎT UN ÉCRIVAIN de son pèlerinage sur la tombe de Jean-Edern Hallier au bourg d'Edern : « la sépulture de Jean-Edern est seule au bout de sa travée et sa haute croix en pierre décalée, ultime mais bien modeste façon de se démarquer du commun ». Et il se remémore sa visite à cet "homme célèbre" quand lui, Hervé, n'avait que 20 ans.+L'ancienne mine, près de chez nous, abrite des chauves-souris. Les soirs d'été, quand nous dînons sur la terrasse, elles viennent froufrouter au-dessus de nos têtes et happer les moustiques attirés par la lumière. Nous les encourageons à bâfrer, nos chauves-souris insectivores et de ce fait <i>insecticides</i> - elles peuvent occire, lit-on dans les livres, jusqu'à trois cents grammes d'insectes par jour. Merveilleux DDT, que ces chiroptères. Ils sont protégés, nous l'ignorions.
 +{{FinCitation}}
-Page 423, dans un billet inédit écrit en 2001 et intitulé COCHON QUI S'EN DÉDIT, il décrit une scène de conseil municipal auquel il a certainement assisté en tant que conseiller, séance où les élus de gauche et écologistes doivent traiter un dossier d'extension d'un éleveur de porcs. Il ne mâche pas ses mots : « on ne peut s'empêcher de voir dans un tel renoncement une espèce de syndrome munichois ». 
 +Page 233, le 21.10.2001, il rend compte dans un billet CI-GÎT UN ÉCRIVAIN de son pèlerinage sur la tombe de Jean-Edern Hallier au bourg d'Edern : « <i>la sépulture de Jean-Edern est seule au bout de sa travée et sa haute croix en pierre décalée, ultime mais bien modeste façon de se démarquer du commun</i> ». Et il se remémore sa visite à cet "homme célèbre" quand lui, Hervé, n'avait que 20 ans.
-<hr> 
 +Page 423, dans un billet inédit écrit en 2001 et intitulé COCHON QUI S'EN DÉDIT, il décrit une scène de conseil municipal auquel il a certainement assisté en tant que conseiller, séance où les élus de gauche et écologistes doivent traiter un dossier d'extension d'un éleveur de porcs. Il ne mâche pas ses mots : « <i>on ne peut s'empêcher de voir dans un tel renoncement une espèce de syndrome munichois</i> ».
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 +|width=48% valign=top {{jtfy}}|
 +Page 289 il décrit toute la poésie de la campagne gabéricoise, une beauté ternie par une décision économique et politique locale :
 +{{Citation}}
 +|UNE VALLÉE JOLIE À CROQUER (page 289, 13.05.2002)
-Une chronique du lundi, publiée le 27 mars 2000, est absente de l'édition des chroniques d'hier et d'aujourd'hui :+Le croquis pourrait commencer comme ce poème de Rimbaud que nous avons tous appris : « C'est un trou de verdure où chante une rivière / Accrochant follement aux herbes des haillons / D'argent ... ». Mais la vallée est plus qu'un trou de verdure : serpentant entre les collines, c'est une véritable cascade de vallons, un long escalier, un tapis vert déroulé pour le ruisseau qui, bien sûr, se gargarise dans le fond. Il prend sa source dans de hautes prairies incultes où pousse la ciguë, entre les racines de saules où naguère venaient véroter les bécassines quand partout ailleurs les pâtures étaient gelées. Le relief accidenté de la vallée l'a protégée des folies du remembrement. Le long du ruisseau on trouve des moulins dont la taille croît à mesure que le ruisseau s'élargit. En amont, ce sont de modestes moulins sans bief, qui ne pouvaient travailler que pendant les crues. Plus en aval, un canal miniature file tout droit le long d'une étroite prairie bordée de peupliers. Couleur or jaune il y a quelques jours, ils viennent de passer au vert. Là, comme s'il voulait se cacher avant de rejoindre la plaine, le ruisseau s'enfonce encore, la vallée se creuse. Elle est si belle que sur ses flancs des amoureux de la nature ont rénové des bâtisses, loué des champs en pente pour y élever des chevaux-dahuts, construit des maisons où chaque fenêtre encadre un Monet changeant.
-{|width=870 style="background: white; border: 1px solid black; padding: 1em; border-style: dashed;"+Depuis quelques mois flotte sur la vallée un brouillard d'amertume. Ces gens croyaient avoir déniché leur Éden. La municipalité qui leur avait accordé le permis de construire - le droit d'asile - en paysage préservé a autorisé la construction d'un atelier de compost de déchets d'abattoir et leur épandage au sommet de la colline. Au contraire du dormeur de Rimbaud, les habitants des coteaux ne dorment plus tranquilles. Les odeurs de trahison font frissonner leurs narines. Ils n'ont pas deux trous rouges au côté droit, mais une flèche plantée à gauche. En plein cœur. Ils ne comprennent pas pourquoi, ni au nom de quoi, on a décidé de salir leur vallée.
-|{{JaouenDeguignet}}+{{FinCitation}}
|} |}
- +==Annotations==
-<hr>+<references/>
- +
- +
-L'actualité de la sortie des oeuvres d'Hervé Jaouen est en ligne sur le site Internet [http://www.hervejaouen.fr www.hervejaouen.fr]+
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JAOUEN (Hervé), Chroniques d'hier et de demain, Ouest-France, Mayenne, 2004, ISBN 2-7373-3454-3
Titre : Chroniques d'hier et de demain
Auteur : JAOUEN Hervé Type : Livre/Brochure
Edition : Ouest-France Note : -
Impression : Mayenne Année : 2004
Pages : 430 Référence : ISBN 2-7373-3454-3

[modifier] Notice bibliographique

Couverture

Dans ce livre publié en 2004, on retrouve avec délectation les « croquis du lundi » rédigés par l'auteur gabéricois Hervé Jaouen [1] avec une fréquence hebdomadaire dans les colonnes du Télégramme entre 1999 et 2003.

Pour former les chroniques, 195 croquis (sur un total de 207 dans le journal) ont été rassemblés, mais avec en prime 5 inédits (non publiés dans le Télégramme car considérés comme « sans doute un peu trop politiquement incorrects ») [2].

Ces "croquis" sont tous sans exception dotés de véritables titres de polar et décrivent des humeurs et des scènes quotidiennes où la Cornouaille cohabite avec l'île de Groix et l'Irlande.

Liste exhaustive des 207 billets parus dans le Télégramme :
§ 10/05/1999 - Ils la veulent toute nue ; 17/05/1999 - Le taxi de Londres ...

Les 12 croquis marqués d'une (*) n'ont pas été inclus dans le livre : ils sont par contre dans l'article sur les billets du Télégramme sous forme de coupures de presse.

La poésie n'est jamais absente des croquis ou chroniques : «  Au contraire du dormeur de Rimbaud, les habitants des coteaux ne dorment plus tranquilles. Les odeurs de trahison font frissonner leurs narines. Ils n'ont pas deux trous rouges au côté droit, mais une flèche plantée à gauche. En plein cœur. Ils ne comprennent pas pourquoi, ni au nom de quoi, on a décidé de salir leur vallée. »

Autres lectures : « JAOUEN Hervé - Les Filles de Roz-Kelenn » ¤ « Les croquis du lundi d'Hervé Jaouen, Le Télégramme 1999-2003 » ¤ 

[modifier] Extraits

L'auteur est certes pudique sur son environnement de vie, mais on peut citer quelques passages où il décrit son voisinage proche :

LE VOL SILENCIEUX DES CHAUVES-SOURIS (page 27, 05.07.1999)

L'ancienne mine, près de chez nous, abrite des chauves-souris. Les soirs d'été, quand nous dînons sur la terrasse, elles viennent froufrouter au-dessus de nos têtes et happer les moustiques attirés par la lumière. Nous les encourageons à bâfrer, nos chauves-souris insectivores et de ce fait insecticides - elles peuvent occire, lit-on dans les livres, jusqu'à trois cents grammes d'insectes par jour. Merveilleux DDT, que ces chiroptères. Ils sont protégés, nous l'ignorions.


Page 233, le 21.10.2001, il rend compte dans un billet CI-GÎT UN ÉCRIVAIN de son pèlerinage sur la tombe de Jean-Edern Hallier au bourg d'Edern : « la sépulture de Jean-Edern est seule au bout de sa travée et sa haute croix en pierre décalée, ultime mais bien modeste façon de se démarquer du commun ». Et il se remémore sa visite à cet "homme célèbre" quand lui, Hervé, n'avait que 20 ans.


Page 423, dans un billet inédit écrit en 2001 et intitulé COCHON QUI S'EN DÉDIT, il décrit une scène de conseil municipal auquel il a certainement assisté en tant que conseiller, séance où les élus de gauche et écologistes doivent traiter un dossier d'extension d'un éleveur de porcs. Il ne mâche pas ses mots : « on ne peut s'empêcher de voir dans un tel renoncement une espèce de syndrome munichois ».

 

Page 289 il décrit toute la poésie de la campagne gabéricoise, une beauté ternie par une décision économique et politique locale  :

UNE VALLÉE JOLIE À CROQUER (page 289, 13.05.2002)

Le croquis pourrait commencer comme ce poème de Rimbaud que nous avons tous appris : « C'est un trou de verdure où chante une rivière / Accrochant follement aux herbes des haillons / D'argent ... ». Mais la vallée est plus qu'un trou de verdure : serpentant entre les collines, c'est une véritable cascade de vallons, un long escalier, un tapis vert déroulé pour le ruisseau qui, bien sûr, se gargarise dans le fond. Il prend sa source dans de hautes prairies incultes où pousse la ciguë, entre les racines de saules où naguère venaient véroter les bécassines quand partout ailleurs les pâtures étaient gelées. Le relief accidenté de la vallée l'a protégée des folies du remembrement. Le long du ruisseau on trouve des moulins dont la taille croît à mesure que le ruisseau s'élargit. En amont, ce sont de modestes moulins sans bief, qui ne pouvaient travailler que pendant les crues. Plus en aval, un canal miniature file tout droit le long d'une étroite prairie bordée de peupliers. Couleur or jaune il y a quelques jours, ils viennent de passer au vert. Là, comme s'il voulait se cacher avant de rejoindre la plaine, le ruisseau s'enfonce encore, la vallée se creuse. Elle est si belle que sur ses flancs des amoureux de la nature ont rénové des bâtisses, loué des champs en pente pour y élever des chevaux-dahuts, construit des maisons où chaque fenêtre encadre un Monet changeant.

Depuis quelques mois flotte sur la vallée un brouillard d'amertume. Ces gens croyaient avoir déniché leur Éden. La municipalité qui leur avait accordé le permis de construire - le droit d'asile - en paysage préservé a autorisé la construction d'un atelier de compost de déchets d'abattoir et leur épandage au sommet de la colline. Au contraire du dormeur de Rimbaud, les habitants des coteaux ne dorment plus tranquilles. Les odeurs de trahison font frissonner leurs narines. Ils n'ont pas deux trous rouges au côté droit, mais une flèche plantée à gauche. En plein cœur. Ils ne comprennent pas pourquoi, ni au nom de quoi, on a décidé de salir leur vallée.

[modifier] Annotations

  1. Hervé Jaouen, né en 1942, commence à écrire dès l'âge de seize ans et son premier manuscrit reçoit l'encouragement de Jean-Edern Hallier. Il se destinait à des études de lettres, et finalement commence une carrière dans la banque. En 1979, il inaugure une toute nouvelle collection de polars, Engrenage, par « La Mariée rouge », et devient un des maîtres du roman noir français avec entres autres « Le quai de la fosse ». Sous plusieurs pseudos il écrit aussi de très bons romans d'anticipation, notamment « Le celte noir », des notes de voyage, des livres pour la jeunesse, et de très belles sagas populaires emplies de bretonnismes. [Ref.↑]
  2. Les 5 billets inédits sont : Les voileux ; Des barbouzes au fest-noz ; La maison du Père Noël ; Mort d'un employé de banque ; Cochon qui s'en dédit. [Ref.↑]


Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric

Date de création : avril 2008    Dernière modification : 16.11.2018    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]