Empire, garde nationale et Commune de Paris en 1870-71 pour Jean-Marie Déguignet
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- | Enfin cette guerre ont tous les résultats que j'avais prédits au moment du plébiscite <ref name="Plébiscite">-</ref> : l'effondrement de l'Empire et la ruine de la France. Cependant les malheureux abrutis par dix-huit ans de despotisme césarien ne voulaient pas encore entendre parler de la République. Les vieux, les curés et les nobles leur en faisaient peur en leur parlant de la première République qui avait coupé les têtes des nobles et des curés. Aussi quand on alla voter pour former un gouvernement <ref>L'Empire ayant été abrogé, l'élection de l'Assemblée nationale eut lieu le 8 février 1871.</ref>, je me trouvais encore bien seul, tous les autres suivirent au scrutin les nobles et les curés et votèrent en masse pour les candidats monarchiques et cléricaux c'est-à-dire pour Henry V <ref name="HenriV">Henri d'Artois (1820-1883), petit-fils de France, duc de Bordeaux, est plus connu comme comte de Chambord, est prétendant à la Couronne de France de 1844 à sa mort sous le nom d'Henri V.</ref>; <spoiler id="993" text="il fallut voir alors comme ces coquins étaient contents ...">il fallut voir alors comme ces coquins étaient contents, Rome et la France étaient sauvés. Quand ils virent surtout ....</spoiler>Oh ! Ils pensaient bien en eux-mêmes que ce n'était que provisoire. Etant en grande majorité à la Chambre et n'ayant que l'embarras du chois, ils finiraient bien par s'entendre, surtout avec ce vieux malin Thiers qui avait déjà renversé et restauré deux rois. Aussi pour l'encourager, cette assemblée dite nationale lui vota un million soixante mille francs soi-disant pour réparer son hôtel brûlé par la Commune <ref>Le 12 mai 1871, l'hôtel particulier d'Auguste Thiers, place Saint Georges à Paris, a bien été démoli, et non incendié, sur ordre du comité de Salut Public de la Commune de Paris : « <i>Le premier acte du nouveau Comité fut d’ordonner la démolition de la maison de M. Thiers</i> », Prosper Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871. Par contre d'autres hôtels particuliers furent incendiés par la Commune, et également l'Hôtel de ville le 24 mai.</ref>. Et, lui, vingt fois millionnaire, septuagénaire et sans héritier accepta de bon cœur, et cela au moment où la France se saignait aux quatre veines pour payer les indemnité de guerre. | + | Enfin cette guerre ont tous les résultats que j'avais prédits au moment du plébiscite <ref name="Plébiscite">-</ref> : l'effondrement de l'Empire et la ruine de la France. Cependant les malheureux abrutis par dix-huit ans de despotisme césarien ne voulaient pas encore entendre parler de la République. Les vieux, les curés et les nobles leur en faisaient peur en leur parlant de la première République qui avait coupé les têtes des nobles et des curés. Aussi quand on alla voter pour former un gouvernement <ref>L'Empire ayant été abrogé, l'élection de l'Assemblée nationale eut lieu le 8 février 1871.</ref>, je me trouvais encore bien seul, tous les autres suivirent au scrutin les nobles et les curés et votèrent en masse pour les candidats monarchiques et cléricaux c'est-à-dire pour Henry V <ref name="HenriV">Henri d'Artois (1820-1883), petit-fils de France, duc de Bordeaux, est plus connu comme comte de Chambord, est prétendant à la Couronne de France de 1844 à sa mort sous le nom d'Henri V.</ref>; <spoiler id="993" text="il fallut voir alors comme ces coquins étaient contents ...">il fallut voir alors comme ces coquins étaient contents, Rome et la France étaient sauvés. Quand ils virent surtout que ces députés avaient nommé le vieux Thiers président, oh ! ils ne disaient pas président de la République, ce mot leur faisait trop d'horreur, mais président du gouvernement provisoire en attendant l'arrivée du roy Henry V <ref name="HenriV">-</ref>. Quoique cette première chambre n'avait été nommée que pour régler les comptes avec Bismarck et Guillaume, elle voulut aussi régler la forme du gouvernement. Mais ce n'était pas si facile qu'ils le croyaient. Ces monarchistes étaient en grande majorité mais divisés en deux parties, les vieux demandaient Henry V <ref name="HenriV">-</ref>, le dernier héritier des Bourbons Capet, les autres voulaient un des héritiers de Louis-Philippe, lesquels pullulent dans tous les pays d'Europe. Alors le vieux Thiers, le chef des d'Orléans, leur dit que le gouvernement qui divise le moins était encore la République.</spoiler>Oh ! Ils pensaient bien en eux-mêmes que ce n'était que provisoire. Etant en grande majorité à la Chambre et n'ayant que l'embarras du chois, ils finiraient bien par s'entendre, surtout avec ce vieux malin Thiers qui avait déjà renversé et restauré deux rois. Aussi pour l'encourager, cette assemblée dite nationale lui vota un million soixante mille francs soi-disant pour réparer son hôtel brûlé par la Commune <ref>Le 12 mai 1871, l'hôtel particulier d'Auguste Thiers, place Saint Georges à Paris, a bien été démoli, et non incendié, sur ordre du comité de Salut Public de la Commune de Paris : « <i>Le premier acte du nouveau Comité fut d’ordonner la démolition de la maison de M. Thiers</i> », Prosper Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871. Par contre d'autres hôtels particuliers furent incendiés par la Commune, et également l'Hôtel de ville le 24 mai.</ref>. Et, lui, vingt fois millionnaire, septuagénaire et sans héritier accepta de bon cœur, et cela au moment où la France se saignait aux quatre veines pour payer les indemnité de guerre. |
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Version du 29 septembre ~ gwengolo 2018 à 09:50
Dans les extraits ci-dessous, Jean-Marie Déguignet (1834-1905) aborde les sujets de la période après la chute de Napoléon III, le nouveau pouvoir de Thiers pas vraiment Républicain et sa guerre extérieure contre les Prussiens et intérieure contre la Commune de Paris.
Dans ces années 1870-71, on peut se demander pourquoi le paysan bas-breton a si peu parlé dans ses mémoires des insurgés parisiens de 1871 et développé le thème de la défection militaire d'une part et la laborieuse victoire attendue des Républicains d'autre part. Mais, ses critiques acerbes contre l'Empire de Napoléon III et la Gauche de Thiers, sa candidature rejetée de « républicain libre-penseur » au poste de capitaine des gardes nationaux de sa commune d'Ergué-Armel, et enfin son évocation de la grève générale des ouvriers montre ses convictions que n'auraient pas désapprouvé les communards de 1871. Autres lectures : « Espace Déguignet » ¤ « Jean-Marie Déguignet et sa campagne d'Algérie (1862-1865) » ¤ « La médaille de Crimée de Jean-Marie Déguignet » ¤ |
1 Présentation
Fin d'Empire : pas de guerre (plébiscite), une "gauche" mais pas républicaine .. Garde nationale en province ... Incendie de la maison de Thiers : non, démontage. « cette assemblée dite nationale lui vota un million soixante mille francs soi-disant pour réparer son hôtel brûlé par la Commune » Discours de la grève générale ... |
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2 Textes
Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher
Pages 376-377 de l'Intégrale des Mémoires : les Prussiens en France
Page 379 de l'Intégrale des Mémoires : la garde nationale
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Pages 380-381 de l'Intégrale des Mémoires : Adolphe Thiers
Pages 501 de l'Intégrale : armée contre le peuple
Pages 503 de l'Intégrale : grève générale
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3 Annotations
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- Le plébiscite du 8 mai 1870 est le dernier plébiscite organisé sous le Second Empire, deux mois avant la déclaration de guerre à la Prusse. Avec un « oui » avec une large majorité, il s'agit de faire approuver les réformes entamées par le gouvernement et donner une nouvelle constitution au régime impérial de Napoléon III. Il s’agit aussi pour l'empereur des Français de conforter sa dynastie, lequel doit déposer les armes le 2 septembre 1870 au terme de la bataille de Sedan. [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3]
- Badinguet est un surnom satirique donné à l'empereur Napoléon III (son épouse, l'impératrice Eugénie, était surnommée Badinguette). [Ref.↑]
- Prosper Mérimée n'est pas mort à Nice, mais à Cannes le 23 Septembre 1870. [Ref.↑]
- Marie-Yvonne est née le 31 juillet 1870 et décédée le 12 septembre 1870 à Toulven en Ergué-Armel. Le croup ou laryngo-trachéo-bronchite est une affection respiratoire habituellement déclenchée par une infection virale aiguë des voies aériennes supérieures. [Ref.↑]
- Après les défaites de Sedan et de Metz, les troupes françaises capturées furent envoyées en Prusse, et l'armée de l'est, désarmée à Héricout) se replia en Suisse. [Ref.↑]
- L'Empire ayant été abrogé, l'élection de l'Assemblée nationale eut lieu le 8 février 1871. [Ref.↑]
- Henri d'Artois (1820-1883), petit-fils de France, duc de Bordeaux, est plus connu comme comte de Chambord, est prétendant à la Couronne de France de 1844 à sa mort sous le nom d'Henri V. [Ref.↑ 7,0 7,1 7,2]
- Le 12 mai 1871, l'hôtel particulier d'Auguste Thiers, place Saint Georges à Paris, a bien été démoli, et non incendié, sur ordre du comité de Salut Public de la Commune de Paris : « Le premier acte du nouveau Comité fut d’ordonner la démolition de la maison de M. Thiers », Prosper Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871. Par contre d'autres hôtels particuliers furent incendiés par la Commune, et également l'Hôtel de ville le 24 mai. [Ref.↑]
- Le coup d'État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), organisé par Emmanuel-Joseph Sieyès et exécuté par Napoléon Bonaparte, marque la fin du Directoire et de la Révolution française, et le début du Consulat. La prise de pouvoir est saluée aussi comme la défense du peuple et de la République. [Ref.↑]
- Le coup d’État du 2 décembre 1851 est l’acte par lequel, en violation de la légitimité constitutionnelle, Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République française depuis trois ans, conserve le pouvoir à quelques mois de la fin de son mandat, alors que la Constitution de la Deuxième République lui interdisait de se représenter. La résistance menée à Paris ou en province par les républicains (Victor Schœlcher, Victor Hugo, Jean-Baptiste Baudin…), par des membres du parti de l’Ordre non ralliés (le père Lacordaire, le prince de Broglie) est écrasée par l’armée en quelques jours. [Ref.↑]
- Le soulèvement du 18 mars 1871 est la riposte des révolutionnaires parisiens à la décision du gouvernement d'Adolphe Thiers de leur retirer leurs armes et leurs canons. [Ref.↑]
Thème de l'article : Écrits de Jean-Marie Déguignet Date de création : Septembre 2018 Dernière modification : 29.09.2018 Avancement : [Développé] |