DU GUÉRAND France - Il fut un temps ... - GrandTerrier

DU GUÉRAND France - Il fut un temps ...

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-Souvenirs d'enfance au pays des Bolloré <ref>France du Guérand est nièce de [[René Bolloré (1885-1935), entrepreneur|René Bolloré]] et fille de Léonie Bolloré et d'Yves Charuel du Guérand.</ref>: « <i>On est de son enfance, la mienne a forme d'un triangle, les trois lieux où elle se passa : Paris, dans ce quartier de Passy encore tout villageois, la papeterie en pleine Bretagne intérieure, avec son mystère, Beg-Meil face à l'océan, à l'aventure et à toutes les promesses</i> ».+Souvenirs d'enfance de France du Guérand <ref>France du Guérand est nièce de [[René Bolloré (1885-1935), entrepreneur|René Bolloré]] et fille de Léonie Bolloré et d'Yves Charuel du Guérand. Elle publie des ouvrages de spiritualité : « <i>À l’écoute du silence, Maurice Zundel, textes choisis</i> », « <i>Claudel, Paul (1868-1955). ‎La porte ouverte, lettres inédites</i> ‎».</ref> au pays des Bolloré, sa famille maternelle : « <i>On est de son enfance, la mienne a forme d'un triangle, les trois lieux où elle se passa : Paris, dans ce quartier de Passy encore tout villageois, la papeterie en pleine Bretagne intérieure, avec son mystère, Beg-Meil face à l'océan, à l'aventure et à toutes les promesses</i> ».
-Une préface manuscrite d'Henri Quéffélec : +Une très belle préface manuscrite d'Henri Quéffélec :
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-Madame, ... Votre livre d'enfant de l'Odet m'a paru tout de suite le livre de la révélation d'un secret, d'un trésor. ... Il se trouve que dès le plus jeune âge vous avez été initiée aux liturgies de la naissance du papier d'imprimerie. Mais la fascination que provoquait chez vous le matériau des livres, produit avec lez concours de l'énergie d'une rivière, ne vous eût pas lancée dans « l'écriture » si, dans le même temps, vous n'aviez été scrupulement attentive aux enchantements et aux leçons des lieux et de ceux qui les habitent ou les traversent.+<i>Madame, ... Votre livre d'enfant de l'Odet m'a paru tout de suite le livre de la révélation d'un secret, d'un trésor. ... Il se trouve que dès le plus jeune âge vous avez été initiée aux liturgies de la naissance du papier d'imprimerie. Mais la fascination que provoquait chez vous le matériau des livres, produit avec lez concours de l'énergie d'une rivière, ne vous eût pas lancée dans « l'écriture » si, dans le même temps, vous n'aviez été scrupulement attentive aux enchantements et aux leçons des lieux et de ceux qui les habitent ou les traversent.</i>
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-Autres lectures : {{Tpg|BOLLORÉ Gwenn-Aël - Né gosse de riche}}{{Tpg|LA CHEVASNERIE René-Marie (de) - Et j'ai songé ...}}{{Tpg|1922 - Discours de René Bolloré au Centenaire d'Odet}}{{Tpg|Jean Pierre Rolland (1855-1914), papetier}}+Autres lectures : {{Tpg|BOLLORÉ Gwenn-Aël - Né gosse de riche}}{{Tpg|LA CHEVASNERIE René-Marie (de) - Souvenirs d'un Ami}}{{Tpg|1922 - Discours de René Bolloré au Centenaire d'Odet}}{{Tpg|Jean Pierre Rolland (1855-1914), papetier}}{{Tpg|Exploration et réhabilitation de la véritable grotte des nains d'Odet}}
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==Quelques extraits== ==Quelques extraits==
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BAPTÊME D'UNE MACHINE À PAPIER BAPTÊME D'UNE MACHINE À PAPIER
-L'usine d'Odet n'avait été, à l'origine, en 1822, qu'un modeste moulin à papier, fondé par un grand oncle sur la rivière, en aval <ref>En réalité la papeterie est en amont sur le cours de l'Odet par rapport à la ville de Quimper.</ref> de Quimper. Il avait utilisé la force motrice d'une chute d'eau, et cela grâce à un canal de 1 500 mètres creusé à mains d'homme par un prodigieux effort. Au commencement, aussi, le papier se faisait à la main, puis vinrent les machines, au temps de mon grand-père, puis de mon oncle René. Dans ma toute petite enfance, ce devait être avant 1914, je fus marraine de l'une d'entre elles, lors d'une fête rituelle, car on bénissait les machines comme on bénissait les barques des pêcheurs, dangereux instruments de travail pour lesquels on demandait la protection divine.+L'usine d'Odet n'avait été, à l'origine, en 1822, qu'un modeste moulin à papier, fondé par un grand oncle sur la rivière, en aval <ref>En réalité la papeterie est en amont sur le cours de l'Odet par rapport à la ville de Quimper.</ref> de Quimper. Il avait utilisé la force motrice d'une chute d'eau, et cela grâce à un canal de 1 500 mètres creusé à mains d'homme par un prodigieux effort. Au commencement, aussi, le papier se faisait à la main, puis vinrent les machines, au temps de mon grand-père, puis de mon oncle René. Dans ma toute petite enfance, ce devait être avant 1914, je fus marraine de l'une d'entre elles, lors d'une fête rituelle, car on bénissait les machines comme on bénissait les barques des pêcheurs, dangereux instruments de travail pour lesquels on demandait la protection divine. J'étais toute raide dans une robe empesée en broderie anglaise, donnant la main au contremaître d'alors, Rolland, un grand homme d'allure noble aux favoris et à la barbe blanche, dans un costume breton bleu de Roi, brodé du même ton que les genêts en fleurs.
-* Suite dans l'article : « [[Jean Pierre Rolland (1855-1914), papetier]] »+Je me sentis très importante quand je coupai le fil symbolique et qu'on déclencha la machine, à grands bruit. Le Recteur était venu du bourg avec ses vicaires en grands surplis blancs sur leurs longues robes noires. Ils récitèrent des prières auxquelles répondaient toute l'assistance, les ouvriers et la famille au complet.
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 +<spoiler text="Il y eut des dragées ...">
 +Il y eut des dragées, une distribution de sous aux enfants et des boissons, mais là se borne l'image dans mon souvenir. Ce qui me fascinait, c'était de voir le liquide laiteux des grandes cuves se transformer sous mes yeux en passant sur des feutres tout fumants de vapeur pour devenir de longues feuilles de papier blanc neigeux qui s'enroulaient sur des bobines, comme par miracle. Le spectacle tenait de la magie et m'enchanta bien souvent. J'en retins que tout se transforme.
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 +À quelques jours de là, une nouvelle se répandit de bouche à oreille : le vieux contremaître, pris d'un malaise, s'était affaissé et était mort. Tout le monde semblait consterné et mes questions tombaient dans le vide. Comme j'insistais pour revoir mon grand ami, Maman décida de m'emmener chez le mort pour me familiariser avec la fin humaine. Nous voilà donc entrant dans sa maison où tout le monde parlait à voix basse. Les femmes avaient les yeux rougis d'avoir pleuré ; lui était calme sur son lit avec son beau costume et un chapelet dans ses mains livides croisées sur son cœur. Les volets de la chambre étaient clos et il y avait quatre grands cierges allumés près de sa couche. On me fit embrasser son front qui était froid comme une pierre mais il ne m'effraya pas, car il avait l'air de dormir en souriant. Après une courte prière, Maman me dit : « Prie le bon Dieu qu'il le reçoive en son Paradis et que nous l'y retrouvions » ; je pensais tout naturel le rendez-vous.
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 +Ce fut ma première rencontre avec la mort. Le grand homme aux mains chaudes qui me guidait si gentiment ne bougeait plus. Il était froid, mais nous allions le retrouver un peu plus tard au ciel ; il dormirait tout le temps jusque là, c'est tout.
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Il n'y avait pas que des drames. Mon frère inventait mille diableries. Le trou du nain lui donna l'occasion d'en improviser une. Il n'y avait pas que des drames. Mon frère inventait mille diableries. Le trou du nain lui donna l'occasion d'en improviser une.
-Tout proche de l'Odet ...+Tout proche de l'Odet, à flanc de colline, un amoncèlement de rochers. certains branlants et en promontoire, d'autres plus enfoncés dans la terre. Il y avait une sorte de souterrain fait de larges et sombres anfractuosités.
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 +On racontait que, pendant la Révolution, un seigneur très petit de taille, sorte de nain, s'était caché là et avait traversé la tourmente grâce aux paysans d'alentour qui lui apportaient sa subsistance.
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 +Nous étions un peu effrayés d'aller à la découverte dans le sombre domaine.
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 +Mon frère en tira un bien vilaine farce. Il persuada le jeune paysan naïf, Corentin, d'aller au trou de nain car, lui, avait entendu une voix, mais il fallait y aller seul et marquer ainsi son courage pour entendre la voix d'outre-tombe.
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 +Transi et apeuré, mais honneur oblige, notre Corentin s'en va faire ses preuves de garçon sans peur. Et mon frère, caché au plus creux du trou, une bougie faisant trembler sa flamme à la manière d"un revenant, pousse d'étranges hurlements qui font déguerpir notre Corentin, plus mort que vif.
 + 
 +Nous le laissâmes se remettre de son aventure sans le détromper, mais en secret, j'en voulus à mon frère d'avoir ainsi abusé de la crédulité du gars et l'histoire en perdit son charme.
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DU GUÉRAND (France), Il fut un temps ..., Pierre Gauthier. Photos Le Doaré., Treillières (44), 1980, ISBN -
Titre : Il fut un temps ...
Auteur : DU GUÉRAND France Type : Livre/Brochure
Edition : Pierre Gauthier. Photos Le Doaré. Note : -
Impression : Treillières (44) Année : 1980
Pages : 179 Référence : ISBN -

[modifier] Notice bibliographique

Couverture

Souvenirs d'enfance de France du Guérand [1] au pays des Bolloré, sa famille maternelle : « On est de son enfance, la mienne a forme d'un triangle, les trois lieux où elle se passa : Paris, dans ce quartier de Passy encore tout villageois, la papeterie en pleine Bretagne intérieure, avec son mystère, Beg-Meil face à l'océan, à l'aventure et à toutes les promesses ».

Une très belle préface manuscrite d'Henri Quéffélec :

Madame, ... Votre livre d'enfant de l'Odet m'a paru tout de suite le livre de la révélation d'un secret, d'un trésor. ... Il se trouve que dès le plus jeune âge vous avez été initiée aux liturgies de la naissance du papier d'imprimerie. Mais la fascination que provoquait chez vous le matériau des livres, produit avec lez concours de l'énergie d'une rivière, ne vous eût pas lancée dans « l'écriture » si, dans le même temps, vous n'aviez été scrupulement attentive aux enchantements et aux leçons des lieux et de ceux qui les habitent ou les traversent.

Autres lectures : « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Né gosse de riche » ¤ « LA CHEVASNERIE René-Marie (de) - Souvenirs d'un Ami » ¤ « 1922 - Discours de René Bolloré au Centenaire d'Odet » ¤ « Jean Pierre Rolland (1855-1914), papetier » ¤ « Exploration et réhabilitation de la véritable grotte des nains d'Odet » ¤ 

[modifier] Quelques extraits

Extrait n° 1 (page 45) :

BAPTÊME D'UNE MACHINE À PAPIER

L'usine d'Odet n'avait été, à l'origine, en 1822, qu'un modeste moulin à papier, fondé par un grand oncle sur la rivière, en aval [2] de Quimper. Il avait utilisé la force motrice d'une chute d'eau, et cela grâce à un canal de 1 500 mètres creusé à mains d'homme par un prodigieux effort. Au commencement, aussi, le papier se faisait à la main, puis vinrent les machines, au temps de mon grand-père, puis de mon oncle René. Dans ma toute petite enfance, ce devait être avant 1914, je fus marraine de l'une d'entre elles, lors d'une fête rituelle, car on bénissait les machines comme on bénissait les barques des pêcheurs, dangereux instruments de travail pour lesquels on demandait la protection divine. J'étais toute raide dans une robe empesée en broderie anglaise, donnant la main au contremaître d'alors, Rolland, un grand homme d'allure noble aux favoris et à la barbe blanche, dans un costume breton bleu de Roi, brodé du même ton que les genêts en fleurs.

Je me sentis très importante quand je coupai le fil symbolique et qu'on déclencha la machine, à grands bruit. Le Recteur était venu du bourg avec ses vicaires en grands surplis blancs sur leurs longues robes noires. Ils récitèrent des prières auxquelles répondaient toute l'assistance, les ouvriers et la famille au complet.

§ Il y eut des dragées ...

 

Extrait n° 2 (page 103) :

LE TROU DU NAIN

Il n'y avait pas que des drames. Mon frère inventait mille diableries. Le trou du nain lui donna l'occasion d'en improviser une.

Tout proche de l'Odet, à flanc de colline, un amoncèlement de rochers. certains branlants et en promontoire, d'autres plus enfoncés dans la terre. Il y avait une sorte de souterrain fait de larges et sombres anfractuosités.

On racontait que, pendant la Révolution, un seigneur très petit de taille, sorte de nain, s'était caché là et avait traversé la tourmente grâce aux paysans d'alentour qui lui apportaient sa subsistance.

Nous étions un peu effrayés d'aller à la découverte dans le sombre domaine.

Mon frère en tira un bien vilaine farce. Il persuada le jeune paysan naïf, Corentin, d'aller au trou de nain car, lui, avait entendu une voix, mais il fallait y aller seul et marquer ainsi son courage pour entendre la voix d'outre-tombe.

Transi et apeuré, mais honneur oblige, notre Corentin s'en va faire ses preuves de garçon sans peur. Et mon frère, caché au plus creux du trou, une bougie faisant trembler sa flamme à la manière d"un revenant, pousse d'étranges hurlements qui font déguerpir notre Corentin, plus mort que vif.

Nous le laissâmes se remettre de son aventure sans le détromper, mais en secret, j'en voulus à mon frère d'avoir ainsi abusé de la crédulité du gars et l'histoire en perdit son charme.

[modifier] Annotations

  1. France du Guérand est nièce de René Bolloré et fille de Léonie Bolloré et d'Yves Charuel du Guérand. Elle publie des ouvrages de spiritualité : « À l’écoute du silence, Maurice Zundel, textes choisis », « Claudel, Paul (1868-1955). ‎La porte ouverte, lettres inédites ‎». [Ref.↑]
  2. En réalité la papeterie est en amont sur le cours de l'Odet par rapport à la ville de Quimper. [Ref.↑]


Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric

Date de création : octobre 2006    Dernière modification : 7.04.2016    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]