Citations de Jean-Marie Déguignet et du baron de Vastey sur l'esclavage au 19e siècle
Un article de GrandTerrier.
Version du 15 mai ~ mae 2014 à 20:46 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version du 15 mai ~ mae 2014 à 21:02 (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) Différence suivante → |
||
Ligne 22: | Ligne 22: | ||
{| width=870 | {| width=870 | ||
|width=48% valign=top align=justify| | |width=48% valign=top align=justify| | ||
- | Page 272 | + | Résumé de ma vie, page x |
+ | {{Citation}} | ||
+ | Je passais là près de deux | ||
+ | jours et une nuit à parcourir et à contempler ces sauvages merveilles de la | ||
+ | nature en me disant qu’il était impossible de trouver un lieu plus favorable | ||
+ | pour vivre libre de cette vraie liberté dont je jouissais en ce moment | ||
+ | pour la première fois de ma vie, liberté matérielle et intellectuelle. Il faut | ||
+ | avoir souffert de maladies pour connaître le prix de santé, et il faut avoir | ||
+ | été esclave pour connaître le prix de la liberté. Je sentais tellement ce prix | ||
+ | en ce moment-là. | ||
+ | {{FinCitation}} | ||
+ | |||
+ | Intégrale, page 272 | ||
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
Quand l'artiste disciplinaire se trouvait de travail avec moi, nous échangions là-bas des réflexions, en fouillant ces ruines. En artiste, mon ami pouvait admirer ces travaux des esclaves romains ; car, c'était là des œuvres des esclaves. Et maintenant, c'était encore en esclaves que nous travaillions pour découvrir à nos chefs ces belles œuvres exécutées par nos confrères romains, il y a deux mille ans. Ceux là, travaillaient sous le fouet et nous sous les cris, les injures, les insultes, et les menaces de salle de police, de prison et de bagne. Les coups de fouet guérissaient vite, les flétrissures de bagne, de compagnies de discipline, et autres tortures infligées aux esclaves modernes ne guérissent jamais. | Quand l'artiste disciplinaire se trouvait de travail avec moi, nous échangions là-bas des réflexions, en fouillant ces ruines. En artiste, mon ami pouvait admirer ces travaux des esclaves romains ; car, c'était là des œuvres des esclaves. Et maintenant, c'était encore en esclaves que nous travaillions pour découvrir à nos chefs ces belles œuvres exécutées par nos confrères romains, il y a deux mille ans. Ceux là, travaillaient sous le fouet et nous sous les cris, les injures, les insultes, et les menaces de salle de police, de prison et de bagne. Les coups de fouet guérissaient vite, les flétrissures de bagne, de compagnies de discipline, et autres tortures infligées aux esclaves modernes ne guérissent jamais. | ||
{{FinCitation}} | {{FinCitation}} | ||
- | Pages 286-287. | + | Intégrale, pages 286-287. |
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
C'était un professeur de langues <ref>Plus loin Déguignet cite le nom de son ami mexicain : « <i>Un jour, l'amigo Salvarez, tel était son nom, me donna une carte portant son nom avec celui du président de la république, Juarez ...</i> ». Ce professeur de langues, républicain libéral, n'a pas été identifié à ce jour, et ne peut être confondu avec le général Juan Alvarez.</ref>, mais comme il était du parti libéral, et même un ami intime de Juarez <ref>Benito Juares (1806-1872) : âme de la résistance mexicaine à l'empire de Maximilien. Président élu depuis juin 1861, il avait signé en la loi du 17 juillet 1861 qui suspendait le paiement de la datte extérieure du Mexique, ce qui déclencha l'intervention européenne.</ref>, il dut quitter Mexico avec l'armée mexicaine ... Il recevait des correspondances secrètes des Etats-Unis. Là-bas, la guerre venait de se terminer d'une façon très heureuse entre le Nord et le Sud, au profit des esclaves. L'union fait la force, là la force fit l'union <ref>Jeu de mot de l'auteur : lors de la guerre de Sécession (1860-65) la victoire fut emportée par les Etats du nord dits de l'Union, favorables à l'abolition de l'esclavage.</ref> ... | C'était un professeur de langues <ref>Plus loin Déguignet cite le nom de son ami mexicain : « <i>Un jour, l'amigo Salvarez, tel était son nom, me donna une carte portant son nom avec celui du président de la république, Juarez ...</i> ». Ce professeur de langues, républicain libéral, n'a pas été identifié à ce jour, et ne peut être confondu avec le général Juan Alvarez.</ref>, mais comme il était du parti libéral, et même un ami intime de Juarez <ref>Benito Juares (1806-1872) : âme de la résistance mexicaine à l'empire de Maximilien. Président élu depuis juin 1861, il avait signé en la loi du 17 juillet 1861 qui suspendait le paiement de la datte extérieure du Mexique, ce qui déclencha l'intervention européenne.</ref>, il dut quitter Mexico avec l'armée mexicaine ... Il recevait des correspondances secrètes des Etats-Unis. Là-bas, la guerre venait de se terminer d'une façon très heureuse entre le Nord et le Sud, au profit des esclaves. L'union fait la force, là la force fit l'union <ref>Jeu de mot de l'auteur : lors de la guerre de Sécession (1860-65) la victoire fut emportée par les Etats du nord dits de l'Union, favorables à l'abolition de l'esclavage.</ref> ... | ||
Ligne 35: | Ligne 47: | ||
|width=4% valign=top align=justify| | |width=4% valign=top align=justify| | ||
|width=48% valign=top align=justify| | |width=48% valign=top align=justify| | ||
- | Pages 669-670. | + | Intégrale, pages 669-670. |
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
Victor Hugo, un de ces grands romanciers, fabriqua, dit-on, un roman en huit jours, et cela parut un prodige alors. J'ai même lu ce fameux roman intitulé <i>Bugle Jargal</i> <ref><i>Bug-Jargal</i> : roman de Victor Hugo, publié en 1820, sur la révolte des esclaves à Saint-Domingue. L’histoire se passe dans la colonie française de Saint-Domingue où l’oncle du héros, Léopold, possède une plantation. Léopold est amoureux de la fille de son oncle, Marie, avec qui il doit se marier. Un jour Léopold se lie d’amitié avec l’un des esclaves et lui évite la mort à plusieurs reprises. Mais cet esclave, nommé Pierrot ou Bug Jargal, est aussi amoureux de Marie. Le soir de leur mariage, une révolte se déclenche parmi les esclaves et Marie est enlevée par Bug Jargal. Léopold est retenu prisonnier par un autre chef noir et doit mourir.</ref>, qui ressemble à tous les romans, comtes ou légendes. Moi, là-bas, à l'hôpital <ref>Hôpital d'Aix-en-Provence où, en 1868, Jean-Marie Déguignet séjourne à son retour de son expédition militaire au Mexique.</ref>, on ne me donnait que 24 heures pour en fabriquer un, conte ou roman, cela c'est la même chose. | Victor Hugo, un de ces grands romanciers, fabriqua, dit-on, un roman en huit jours, et cela parut un prodige alors. J'ai même lu ce fameux roman intitulé <i>Bugle Jargal</i> <ref><i>Bug-Jargal</i> : roman de Victor Hugo, publié en 1820, sur la révolte des esclaves à Saint-Domingue. L’histoire se passe dans la colonie française de Saint-Domingue où l’oncle du héros, Léopold, possède une plantation. Léopold est amoureux de la fille de son oncle, Marie, avec qui il doit se marier. Un jour Léopold se lie d’amitié avec l’un des esclaves et lui évite la mort à plusieurs reprises. Mais cet esclave, nommé Pierrot ou Bug Jargal, est aussi amoureux de Marie. Le soir de leur mariage, une révolte se déclenche parmi les esclaves et Marie est enlevée par Bug Jargal. Léopold est retenu prisonnier par un autre chef noir et doit mourir.</ref>, qui ressemble à tous les romans, comtes ou légendes. Moi, là-bas, à l'hôpital <ref>Hôpital d'Aix-en-Provence où, en 1868, Jean-Marie Déguignet séjourne à son retour de son expédition militaire au Mexique.</ref>, on ne me donnait que 24 heures pour en fabriquer un, conte ou roman, cela c'est la même chose. | ||
{{FinCitation}} | {{FinCitation}} | ||
- | Pages 669-670. | + | Intégrale, pages 669-670. |
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
Le peuple romain, le vrai peuple, les esclaves et prolétaires, étaient bien plus heureux que n'ont été chez nous, depuis quinze siècles, les esclaves, les serfs, les prolétaires ... | Le peuple romain, le vrai peuple, les esclaves et prolétaires, étaient bien plus heureux que n'ont été chez nous, depuis quinze siècles, les esclaves, les serfs, les prolétaires ... |
Version du 15 mai ~ mae 2014 à 21:02
Le journaliste découvreur des seconds cahiers Déguignet publiant un livre sur le baron normand de Vastey ami de Toussaint Louverture d'une part, et une loi française récente venant de déclarer l'esclavage crime d'état et prévoyant le 10 mai comme date de commémoration de son abolition d'autre part, nous avons recherché les passages où le paysan bas-breton donne sa position sur la fin de l'esclavage au 19e siècle. Autres lectures : « Espace Déguignet » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ |
Présentation
Les définitions et visions de l'esclavage sous plusieurs formes ne manquent pas dans les Mémoires de Jean-Marie Déguignet :
|
Sélection de textes
Résumé de ma vie, page x
Intégrale, page 272
Intégrale, pages 286-287.
|
Intégrale, pages 669-670.
Intégrale, pages 669-670.
|
Annotations
- Plus loin Déguignet cite le nom de son ami mexicain : « Un jour, l'amigo Salvarez, tel était son nom, me donna une carte portant son nom avec celui du président de la république, Juarez ... ». Ce professeur de langues, républicain libéral, n'a pas été identifié à ce jour, et ne peut être confondu avec le général Juan Alvarez. [Ref.↑]
- Benito Juares (1806-1872) : âme de la résistance mexicaine à l'empire de Maximilien. Président élu depuis juin 1861, il avait signé en la loi du 17 juillet 1861 qui suspendait le paiement de la datte extérieure du Mexique, ce qui déclencha l'intervention européenne. [Ref.↑]
- Jeu de mot de l'auteur : lors de la guerre de Sécession (1860-65) la victoire fut emportée par les Etats du nord dits de l'Union, favorables à l'abolition de l'esclavage. [Ref.↑]
- La Case de l'Oncle Tom : roman anti-esclavagiste de Harriet Beecher-Stowe publié en 1851. Le livre est centré sur le personnage de l'oncle Tom, un esclave noir patient et tolérant autour duquel se déroulent les histoires d'autres personnages, aussi bien esclaves que blancs. Ce roman sentimental dépeint la réalité de l'esclavage tout en affirmant que l'amour chrétien peut surmonter une épreuve aussi destructrice que l'esclavage d'êtres humains. [Ref.↑]
- Bug-Jargal : roman de Victor Hugo, publié en 1820, sur la révolte des esclaves à Saint-Domingue. L’histoire se passe dans la colonie française de Saint-Domingue où l’oncle du héros, Léopold, possède une plantation. Léopold est amoureux de la fille de son oncle, Marie, avec qui il doit se marier. Un jour Léopold se lie d’amitié avec l’un des esclaves et lui évite la mort à plusieurs reprises. Mais cet esclave, nommé Pierrot ou Bug Jargal, est aussi amoureux de Marie. Le soir de leur mariage, une révolte se déclenche parmi les esclaves et Marie est enlevée par Bug Jargal. Léopold est retenu prisonnier par un autre chef noir et doit mourir. [Ref.↑]
- Hôpital d'Aix-en-Provence où, en 1868, Jean-Marie Déguignet séjourne à son retour de son expédition militaire au Mexique. [Ref.↑]
Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet Date de création : Mai 2014 Dernière modification : 15.05.2014 Avancement : [Développé] |